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Les évêques appellent la communauté internationale à ne pas punir la RCA pour ses liens avec la Russie

Un groupe d'Évêques catholiques de la République centrafricaine (RCA), qui a visité le siège de la fondation pontificale Aide à l'Église en Détresse (AED) Internationale en Allemagne, a lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle continue de soutenir la RCA dans sa lutte contre l'insécurité, soulignant que le pays est marginalisé à l’échelle continentale.

Dans un rapport publié par l'AED le mardi 18 février, Mgr Nestor-Désiré Nongo-Aziagbia, Évêque du diocèse catholique de Bossangoa en RCA, est cité affirmant que les populations vulnérables du pays souffrent en raison des relations entre le gouvernement du président Faustin-Archange Touadéra et la Russie, une nation impopulaire en raison de son invasion de l'Ukraine.

Mgr Nongo-Aziagbia souligne que l'insécurité a toujours été élevée en RCA, un pays sujet aux coups d'État, aux rébellions et aux conflits communautaires.

Il ajoute que le pays a encore besoin d'une aide importante, mais que des enjeux géopolitiques plus larges constituent un obstacle.

« L'ouverture de notre gouvernement au gouvernement russe a marginalisé la RCA sur la scène internationale », déclare l'Évêque catholique dans le rapport de l'AED.

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Il poursuit : « L'aide ne vient plus librement aujourd'hui. Mais la population ne devrait pas être punie à cause des décisions prises par le gouvernement. »

« Mon appel à la communauté internationale est de continuer à soutenir la population centrafricaine dans ses efforts pour la paix et le développement », plaide le membre de la Société des Missions Africaines (SMA).

Les relations entre la Russie et la RCA auraient connu « des progrès remarquables ces dernières années », avec un accent mis sur l’accélération de la coopération en matière de sécurité entre les deux pays.

Toutefois, d'autres rapports indiquent que malgré l'influence croissante de la Russie en RCA, le gouvernement n'exerce réellement son autorité qu'à Bangui, la capitale, et est « largement absent des provinces, où divers groupes rebelles et armés imposent leur propre régime prédateur ».

Lors de leur visite au siège de l'AED, Mgr Nongo-Aziagbia, accompagné du Cardinal Dieudonné Nzapalainga, Archevêque de Bangui, et de Mgr Bertrand Guy Richard Appora-Ngalanibé, Évêque du diocèse catholique de Bambari, a souligné le rôle « prophétique » joué par les chefs religieux dans la promotion de la paix et de l’harmonie dans le pays.

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Les Évêques catholiques ont confié à l'AED que l'Église en RCA, en particulier, a été à l'avant-garde des efforts visant à favoriser le dialogue, en collaboration avec les dirigeants des autres confessions religieuses.

Les dirigeants de l'Église catholique ont rappelé qu’un esprit unique de dialogue et de coopération entre les leaders chrétiens et musulmans avait jeté les bases de la paix en RCA après une guerre civile brutale.

La guerre civile en RCA, qui a opposé la milice Séléka au mouvement Anti-Balaka, aurait pu dégénérer en un conflit généralisé entre musulmans et chrétiens, ont fait remarquer les Évêques.

Dans le rapport de l'AED du 18 février, Mgr Nongo-Aziagbia affirme que ce conflit à dimension religieuse a été évité grâce à l’engagement des leaders religieux eux-mêmes.

« Les responsables de toutes les confessions se sont unis pour œuvrer en faveur de la paix en République centrafricaine. Les leaders catholiques, protestants et musulmans ont parcouru le monde pour faire entendre leur voix. Malheureusement, leurs voix n’ont pas été réellement comprises ni respectées en raison de la situation géopolitique, car ce qui se jouait en coulisses dépassait la religion », explique-t-il.

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Le Cardinal Nzapalainga abonde dans le même sens et précise : « La religion ne nous divise pas ; elle nous relie les uns aux autres. Musulmans, protestants, catholiques, nous devons nous aimer, car nous sommes frères. C'est le diable qui nous a poussés à nous séparer, mais nous croyons qu'en assumant ce leadership, nous accomplissons notre rôle prophétique, en disant non à la violence, oui à l'amour, oui à la paix, oui à la réconciliation. »

Le membre de la Congrégation du Saint-Esprit (Spiritains/CSSp.) a insisté sur le fait que la paix est « le fondement du développement, afin que les gens puissent envisager un avenir différent de la guerre. C'est pourquoi notre rôle est d’être des artisans de paix, de parler aux cœurs, de permettre aux gens de se regarder dans les yeux, de discuter et de trouver ensemble des solutions. La solution est dans le dialogue. »

« Aujourd’hui, peu à peu, l’espoir renaît. Et cet espoir permet aux enfants d’aller à l’école, aux parents de cultiver leurs champs, aux commerçants de poursuivre leur travail, et aux malades de recevoir des soins », a déclaré le Cardinal Nzapalainga.

Saluant le soutien que la fondation pontificale apporte à l'Église en RCA dans la lutte pour la paix, Mgr Guy Richard est cité affirmant : « Ceux qui nous aident, comme l'AED, permettent aux prêtres, aux évêques, aux religieux et religieuses à travers tout le pays de poursuivre leur mission. »

« Le soutien de nos bienfaiteurs va au-delà des aides financières, il se concentre sur le travail pastoral sur le terrain, et nous souhaitons, au nom du peuple de Dieu en RCA, exprimer notre gratitude à l'AED pour son attention et son appui », ajoute le dirigeant de l'Église catholique dans le rapport publié par l'AED le 18 février.

Agnes Aineah