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Un Institut catholique sud-africain appelle à un cessez-le-feu dans les régions anglophones du Cameroun

Mgr Stephen Brislin, évêque de liaison de l'Institut du Denis Hurley Institute for Peace (DPHI) basé en Afrique du Sud. Domaine public Mgr Stephen Brislin, évêque de liaison de l'Institut du Denis Hurley Institute for Peace (DPHI) basé en Afrique du Sud.
Domaine public

La direction du Denis Hurley Peace Institute (DPHI), basé en Afrique du Sud, s'est jointe aux dirigeants mondiaux, dont le Pape Francis, le chef des Nations unies et les membres de la Campagne mondiale pour la paix et la justice au Cameroun (GCPJC), pour appeler à un cessez-le-feu dans les régions anglophones du Cameroun.

Les responsables du DPHI exhortent les parties en conflit à adhérer à la résolution 2532 (2020) du Conseil de sécurité des Nations unies.

"En tant qu'organisation catholique romaine qui promeut la paix, la justice et le développement durable en Afrique, l'Institut Denis Hurley pour la paix appelle le gouvernement camerounais et les dirigeants anglophones du Cameroun à respecter l'appel du Conseil de sécurité des Nations unies, à adhérer à la résolution 2532", déclare l'évêque de liaison du DPHI, Mgr Stephen Brislin.

Lors de la réunion virtuelle du 1er juillet, les membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont annoncé leur décision d'adopter la résolution qui soutient l'appel lancé en mars par le Secrétaire général en faveur d'un cessez-le-feu mondial afin de faciliter les efforts concertés dans la lutte contre la COVID-19 dans les pays connaissant des conflits violents.

Les membres du Conseil ont adopté à l'unanimité la résolution 2532 (2020) dans laquelle ils demandent "une cessation générale et immédiate des hostilités dans toutes les situations inscrites à son ordre du jour" et appellent "toutes les parties aux conflits armés à s'engager immédiatement dans une pause humanitaire durable d'au moins 90 jours consécutifs, afin de permettre l'acheminement sûr, sans entrave et durable de l'aide humanitaire ... et des évacuations médicales".

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Dans le rapport du lundi 20 juillet publié par la Rencontre interrégionale des évêques d'Afrique australe (IMBISA), Mgr Brislin invite les parties belligérantes au Cameroun à "élaborer un accord de cessez-le-feu qui puisse conduire à de véritables négociations". 

Deux régions anglophones du Cameroun, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, ont plongé dans un conflit en 2016 après qu'une manifestation d'avocats et d'enseignants ait tourné à la violence. Un mouvement séparatiste armé revendiquant l'indépendance de la république dite d'Ambazonie a vu le jour suite à la répression du gouvernement contre les manifestants.

Depuis lors, le violent conflit a entraîné le déplacement d'au moins 679 000 personnes. Plus de 600 000 enfants n'ont pas pu aller à l'école dans les deux régions et plus de 3 000 personnes ont perdu la vie au cours des quatre années de conflit.

Dans le rapport du 20 juillet, l'archevêque de l'archidiocèse du Cap, en Afrique du Sud, note que depuis l'adoption de la résolution 2532 (2020), le Cameroun est toujours témoin d'un certain nombre d'attaques. 

Il mentionne les incendies criminels du 1er juillet par les militaires à Banbaki-Tungo, dans la division de Mezam, où certaines maisons ont été brûlées ; les incendies criminels du 4 juillet à Ngusi, dans la division de K. Muan ; l'invasion militaire du 7 juillet à Bakut, à Eyumojck, qui a entraîné la mort de deux personnes et l'arrestation de plusieurs jeunes ; et les affrontements du 8 juillet à Kikaikelaki, et l'invasion de Kikoo, entre autres attaques.

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Il reconnaît les efforts du gouvernement et des séparatistes en déclarant : "Nous sommes heureux de constater que le 2 juillet 2020, les représentants du gouvernement camerounais ont commencé les préludes avec les représentants du Cameroun anglophone, dirigés par Sisiku Ayuk Tabe Julius. Nous espérons que cela créera un environnement propice à l'instauration d'un climat de confiance et à un accord de cessez-le-feu entre les deux parties". 

"Nous appelons le gouvernement camerounais et les dirigeants anglophones du Cameroun à ne pas perdre cet élan, mais à adhérer à la résolution 2532 (2020), et à utiliser le cessez-le-feu en premier lieu pour renforcer la capacité à protéger la santé de tous les citoyens du Cameroun au lendemain de la pandémie du COVID-19", déclare l'archevêque de 56 ans.

Dans son message, l'archevêque sud-africain invite également les parties belligérantes à "utiliser l'élan pour s'engager dans des négociations de paix qui aboutiraient à un accord de paix durable exprimant la volonté du peuple du Cameroun anglophone".

Le Cameroun a enregistré 16 156 cas dont 13 728 récupérations et 373 décès

En avril, deux évêques, en pleine crise anglophone prolongée dans ce pays d'Afrique centrale, ont réfléchi aux défis que la pandémie du COVID-19 pose à leur ministère pastoral, l'un d'eux décrivant l'expérience comme "pas facile".

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"Il n'est pas facile de passer d'une crise à l'autre. Donc, face à la pandémie du COVID-19, la situation s'aggrave", a déclaré le 27 avril à l'ACI Africa l'évêque George Nkuo de Kumbo, un diocèse situé dans la région nord-ouest du Cameroun, en référence à la crise anglophone prolongée dans le cadre des restrictions dû au COVID-19.

"Cette pandémie de coronavirus nous a complètement pris par surprise et il est difficile pour les gens de la gérer, étant donné nos autres problèmes qui sévissaient déjà dans la société avant elle", a déclaré l'archevêque de Bamenda, Andrew Nkea Fuanya, à l'ACI Afrique le 27 avril.

Magdalene Kahiu