Par ailleurs, Mme Tloubatla a exprimé la crainte que le conflit en RDC ne se transforme en une « guerre des Grands Lacs » si rien n’est fait pour l’arrêter.
« Nous craignons que la situation actuelle ne débouche sur une guerre régionale dans les Grands Lacs », a-t-elle affirmé, rejoignant les inquiétudes de Caritas Internationalis (CI), qui alertait début mars sur le risque d’un conflit s’étendant à toute la nation et même à la région en l’absence d’une intervention immédiate.
« Si la RDC ne trouve pas de stabilité durable, nous pourrions nous retrouver face à une guerre des Grands Lacs, car nous avons une RDC instable, un Rwanda qui alimente en permanence le chaos en RDC, et un Ouganda qui, de manière plus discrète, soutient le Rwanda », a-t-elle expliqué, évoquant les inquiétudes croissantes concernant l’influence ougandaise en RDC.
Elle a ajouté : « Le seul qui a ouvertement affiché son soutien à l’invasion de la RDC par le Rwanda est le fils du président Yoweri Museveni. »
Mme Tloubatla entrevoit une situation où « deux forces extérieures (l’Ouganda et le Rwanda) s’uniraient dans une guerre civile ».
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Si rien n’est fait, elle craint que le conflit en RDC ne dégénère en « groupes armés sporadiques » et que la nation soit « déchirée par une guerre civile ».
Le DHPI entretient depuis plusieurs années un partenariat avec Caritas Goma en RDC.
L’entité catholique pour la paix de la SACBC suit de près le conflit en RDC depuis des années, a indiqué Mme Tloubatla, précisant : « Lorsque les combats ont repris en janvier, nous avons réagi, car c’est un domaine qui nous concerne. »
« Nous suivons de près l’évolution de la situation dans la région, les éventuels enjeux liés aux minerais en RDC, ainsi que les intérêts en jeu dans cette guerre, qu’ils soient purement politiques ou qu’un autre facteur soit dissimulé derrière ce conflit », a-t-elle confié à ACI Afrique.
Elle a également déclaré que le DHPI tente de comprendre si les causes de l’instabilité en RDC sont rationnelles. « Nous nous demandons si certains n’utilisent pas la politique, la religion ou d’autres prétextes pour dissimuler des enjeux plus profonds. »
Mme Tloubatla s’est dite perplexe face au rôle du Rwanda dans la crise :
« D’un côté, le Rwanda fait partie des efforts de maintien de la paix en RDC, peut-être pour que ses soldats soient rémunérés, et de l’autre, il arme les rebelles », a-t-elle affirmé.
Elle estime que le Rwanda cherche à jouer sur les deux tableaux dans le conflit congolais, notamment parce qu’il considère qu’une partie de sa population vit dans l’est de la RDC.
De plus, l’est de la RDC possède l’un des plus grands gisements de coltan au monde, un minerai essentiel à l’industrie technologique. « Il serait avantageux pour le Rwanda de continuer à armer le M23 afin de maintenir une instabilité qui lui permet d’accéder à ces ressources à moindre coût », a-t-elle expliqué.
Elle a lancé un appel aux parties impliquées dans le conflit congolais pour qu’elles déposent les armes :
« Au DHPI, nous appelons à une réflexion rationnelle. Nous exhortons les dirigeants à prendre des décisions dans l’intérêt des populations qu’ils servent, et non en fonction de leurs intérêts étroits. »
« Que ceux qui se battent fassent l’expérience d’une conversion et placent Dieu au centre de leurs actions », a plaidé la responsable de la SACBC.
Elle a conclu en rappelant la prière de saint Patrick, dont la fête était célébrée le 17 mars : « Christ devant moi, Christ derrière moi. »
« En voyant le Christ dans l’autre, que ceux qui combattent abandonnent leur colère et leur agressivité afin que tous puissent vivre en paix », a-t-elle imploré.