Advertisement

Les chefs religieux prêts à faciliter le dialogue pour résoudre la crise anglophone au Cameroun, selon un archevêque

Les leaders religieux des régions anglophones du Cameroun ont exprimé leur volonté de faciliter le dialogue entre le gouvernement et les séparatistes afin de résoudre la crise anglophone prolongée.

Les régions anglophones du Cameroun ont plongé dans le conflit en 2016 après une manifestation de avocats et enseignants qui a tourné à la violence. Un mouvement armé de séparatistes cherchant l’indépendance de la soi-disant république d’Ambazonie a émergé suite à la répression du gouvernement contre les manifestants.

Dans son discours lors de la sixième session de la réunion du Comité de suivi du Grand Dialogue National à Yaoundé, le président de la Conférence Episcopale Nationale du Cameroun (CENC), qui a dirigé la délégation des leaders religieux des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, a souligné que seul un « dialogue véritable – et non la force – peut apporter une paix durable » dans la région en guerre.

« Toutes les guerres, y compris les Première et Seconde Guerres mondiales, se sont terminées autour de la table de négociation. Les Ambazoniens sont prêts pour un dialogue constructif, et nous, en tant que leaders religieux, pouvons le faciliter », a déclaré Mgr Andrew Fuanya Nkea lors de la session du mardi 18 mars.

Reconnaissant des progrès modestes dans la gestion du conflit, Mgr Nkea a toutefois noté que plusieurs zones « restent sous le contrôle des combattants ambazoniens, avec des enlèvements et des meurtres en cours qui alimentent la méfiance entre le gouvernement et les groupes séparatistes. »

Advertisement

L’ordinaire local de l’archidiocèse de Bamenda a exhorté les autorités à dialoguer directement avec ceux qui sont à l’origine du conflit, au lieu de limiter les discussions aux alliés du gouvernement.

« Nos garçons croient que le gouvernement n’est pas véritablement engagé à résoudre ce problème. Certains pensent que bien que de nombreuses déclarations soient faites à la radio, à la télévision et dans les journaux, peu de choses sont réellement mises en œuvre », a déclaré l’archevêque catholique du Cameroun.

Il a précisé que les leaders religieux ne servent « que de facilitateurs et ne peuvent faire aucune promesse au nom de l’État. »

« Nous pouvons seulement sortir avec du camwood, laver et frotter leurs pieds, prier avec eux et les exhorter à arrêter de tuer les leurs », a ajouté Mgr Nkea.

Le leader de l’Église catholique a appelé les membres du Comité de suivi à reconnaître que le dialogue doit avoir lieu avec les adversaires, et non seulement avec les alliés.

Plus en Afrique

« Les garçons ont l’impression que vous ne parlez qu’entre vous ou à vos amis », a-t-il déclaré.

L’ordinaire local de Bamenda a exhorté le gouvernement à « aller au-delà de ces réunions et à dialoguer directement avec les combattants. »

Le président de la CENC a ajouté que les combattants ambazoniens et les dirigeants qu’ils ont rencontrés estiment que certains membres du gouvernement veulent que la crise continue et entravent activement un dialogue véritable.

Cette perception, a averti Mgr Nkea, alimente la méfiance et complique les efforts en vue d’une résolution pacifique.

Cependant, Mgr Nkea a salué les progrès réalisés par le gouvernement dans les deux régions, soulignant que « l’une des indications de progrès est que certains des compagnons des garçons ont exprimé leur intérêt à assister à cette réunion du Comité de suivi. »

Advertisement

Cela, a expliqué l’archevêque de Bamenda, « démontre une volonté, bien que prudente, de certains acteurs de participer au processus de dialogue. »

En ce qui concerne la décentralisation dans ces régions, Mgr Nkea a précisé : « Elle doit être rendue visible. Bien que de nombreux discours aient été prononcés, les résultats concrets restent limités. »

Il a apprécié les programmes de reconstruction en cours, mais a appelé à « davantage d’efforts, car cela aiderait à reconstruire la confiance perdue entre le gouvernement et les populations concernées. »

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.