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Les chefs religieux de Zambie dénoncent les « remarques déplaisantes » à l'encontre des personnalités religieuses

Les responsables ecclésiastiques de Zambie ont dénoncé ce qu'ils ont qualifié de « remarques désagréables » à l'encontre des responsables religieux qui, selon eux, tentent d'interpeller le gouvernement de ce pays d'Afrique australe sur divers méfaits, notamment la distribution inéquitable des ressources et la médiocrité des infrastructures.

Dans une déclaration du 19 mars, les responsables ecclésiastiques, dont des représentants de la Conférence des évêques catholiques de Zambie (ZCCB), du Conseil des Églises de Zambie (CCZ) et de l'Alliance évangélique de Zambie (EFZ), soulignent le rôle de l'Église en tant que voix de ceux qui n'en ont pas.

« Nous observons que les dirigeants de l'Église, dans l'exercice de leur rôle de contrôle et d'équilibre, ont fait l'objet de remarques désagréables sans conséquences », déplorent-ils.

Les dirigeants de l'Église ajoutent : « Nous nous opposons fermement au langage dégradant utilisé à l'encontre des dirigeants de l'Église. Nous pensons qu'il est essentiel de respecter la dignité de tous les individus, quel que soit leur rôle dans la société ».

« Cet incident illustre les tensions actuelles entre les personnalités politiques et les chefs religieux, en particulier lorsque l'Église remplit sa mission de contrôle et d'équilibre », affirment les responsables du CCZ, de l'EFZ et du ZCCB.

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Mgr Gabriel Msipu Phiri, évêque auxiliaire du diocèse catholique de Chipata en Zambie, aurait été au centre de tensions avec le gouvernement du Parti uni pour le développement national (UPND) pour avoir dénoncé les lacunes en matière de gouvernance.

Mgr Phiri a critiqué le gouvernement dirigé par le président Hakainde Hichilema pour n'avoir pas tenu ses promesses, notamment en ce qui concerne la remise en état des routes dans la province de l'Est.

L'évêque catholique zambien a ainsi souligné l'état désastreux des routes menant à des régions telles que Vubwi, Chadiza et Lundazi, ajoutant que les habitants étaient contraints d'emprunter des itinéraires passant par le Malawi, ce qui entraînait des frais de douane supplémentaires.

Dans ses critiques, Mgr Phiri aurait exprimé son inquiétude quant aux retards dans la distribution d'engrais, notant que l'agriculture est le principal moyen de subsistance dans la région et qu'un tel revers affecte négativement le bien-être des agriculteurs.

En réaction à ces critiques, le porte-parole du gouvernement, Cornelius Mweetwa, a menacé Mgr Phiri.

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Dans son communiqué de presse du 4 mars, M. Mweetwa a déclaré que le gouvernement zambien allait l'isoler et le traiter en personne pour avoir défié le gouvernement.

Le président de l'Association du clergé catholique diocésain zambien (AZADCC), le père Augustine Mwewa, aurait défendu Mgr Phiri, affirmant que les homélies de Mgr Phiri représentent l'Église catholique dans son ensemble et le Saint-Père, et pas seulement des opinions personnelles.

Le père Mwewa a mis en garde le gouvernement zambien contre l'isolement et le ciblage de l'évêque catholique pour avoir dit la vérité au pouvoir.

Dans leur déclaration du 19 mars, les responsables de l'Église de Zambie affirment : « Nous avons le devoir de nous adresser à la conscience morale de la nation, une tâche que nous nous engageons à accomplir en nous appuyant sur nos Écritures et non sur la coercition d'autres forces ».

Ils expliquent : « Les trois organes de l'Église mère se sont constamment et activement exprimés sur des questions d'intérêt public et national. Nous ne nous précipitons pas pour commenter les questions, car nous nous efforçons de veiller à ce que nos messages soient informés, réfléchis et équilibrés ».

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Dans leur déclaration, les responsables des églises de Zambie réaffirment leur responsabilité devant leurs fidèles respectifs.

« Les différentes Églises et paroisses continuent à fournir activement des soins pastoraux, des conseils et des sermons qui traitent directement ou indirectement des questions relatives à la promotion des valeurs et des principes chrétiens dans notre société », affirment-ils.

Les dirigeants de la ZCCB, de la CCZ et de l'EFZ se sont également exprimés sur d'autres questions, notamment sur ce qu'ils décrivent comme « le processus d'amendement constitutionnel précipité et hâtif » et « l'augmentation constante du coût de la vie pour les Zambiens ».

« Nos demandes répétées d'amendements constitutionnels sont restées largement sans réponse. Pourquoi le gouvernement rédige-t-il des documents de manière isolée, sans consultation publique ?

Les responsables ecclésiastiques dénoncent la « culture croissante de la mauvaise communication » dans le pays.

Ils décrient également « l'émergence d'un militantisme des cadres, avec le port de tenues militaires et le mépris flagrant du code de la route » et « le manque d'urgence et d'attention accordé aux appels au dialogue national, à la réconciliation et à l'unité nationale ».

Dans la déclaration signée par le révérend Emmanuel Chikoya, secrétaire général du CCZ, l'évêque Andrew Mwenda, secrétaire exécutif de l'EFZ, et le père Francis Mukosa, secrétaire général du ZCCB, les responsables d'église réaffirment leur position d'autonomie et résistent à toute forme de coercition.

« Nous nous réservons le droit de parler ou de rester silencieux comme bon nous semble, et nous ne nous laisserons dicter notre conduite par aucun parti politique ou individu. Nous ne serons pas contraints de parler à votre rythme ou selon votre calendrier », ont-ils déclaré.

Les responsables ecclésiastiques de Zambie exhortent le gouvernement à « s'attaquer aux causes sous-jacentes de la pauvreté, telles que la nécessité d'une énergie durable, fiable et rentable, ainsi qu'à des stratégies globales de lutte contre la pauvreté ».

Silas Isenjia