Advertisement

Un évêque catholique en Angola préoccupé par les conséquences du conflit dans l'est de la RDC

Mgr Vicente Carlos Kiaziku, évêque du diocèse catholique de Mbanza Congo en Angola, a exprimé son inquiétude face au conflit armé en cours dans l'Est de la République Démocratique du Congo (RDC), avertissant qu'il pourrait avoir des conséquences directes ou indirectes pour l'Angola.

Dans une interview accordée à ACI Afrique, Mgr Kiaziku a évoqué l'impact de cette crise sur la paix et la stabilité en Angola.

« Je regarde avec une grande préoccupation le conflit armé en RDC, bien qu'il faille aussi dire que nous sommes assez éloignés des zones de conflit », a déclaré l’évêque angolais à ACI Afrique le mercredi 26 mars.

Il a ajouté : « Ce qui se passe à l'Est n'a pas d'impact direct ici. Cependant, cela reste une préoccupation, car à tout moment, nous pourrions faire face à un afflux de réfugiés. Pour l’instant, il n’y a pas ce danger, car nous sommes loin du conflit. »

Mgr Kiaziku a rappelé que, malgré la distance géographique, l'Angola a toujours été une terre d'opportunité pour de nombreux Congolais.

Advertisement

Il a souligné qu’il y a toujours eu des Congolais cherchant à traverser la frontière en quête de meilleures conditions de vie en Angola.

D'autres, surtout par le passé, utilisaient l'Angola comme tremplin vers l'Europe, obtenant la nationalité et le passeport angolais avant de poursuivre leur voyage, a-t-il expliqué, avant d'ajouter : « Aujourd’hui encore, beaucoup voient l’Angola comme un ‘Eldorado’ pour une vie meilleure. »

L’Ordinaire du lieu de Mbanza Congo a précisé que les conséquences du conflit « pourraient ne pas être immédiates » dans son diocèse, mais il a rapidement noté que « toute souffrance dans notre pays voisin nous affecte ».

« Le tissu social est étroitement lié, et nous ne sommes pas indifférents à leurs souffrances. Nous craignons que cette situation n’entraîne soudainement de graves conséquences pour nous aussi », a-t-il ajouté.

Mgr Kiaziku a insisté sur le fait que la paix en RDC est dans l'intérêt de l'Angola. « Nous, en tant qu’Angola, ne serons jamais complètement en paix tant que notre voisin sera en guerre », a-t-il affirmé.

Plus en Afrique

« Avec une frontière de plus de 2 000 kilomètres, nous ne serons jamais pleinement en paix si notre voisin ne l’est pas. Le principe universel est l’humanisme. Avant même de parler en tant que chrétien, d’un point de vue purement humain, tout conflit armé doit être évité et combattu. De plus, nous ne sommes pas seulement voisins, mais aussi frères du peuple de la RDC », a-t-il déclaré.

L’évêque catholique a expliqué que des groupes ethniques vivant le long de la frontière sont divisés entre les deux pays. « Certains sont en RDC, d'autres en Angola. »

« Il y a des endroits où les autorités traditionnelles résident en RDC tandis que le reste de leur population est en Angola. Malgré les divisions imposées par la colonisation, les gens traversent librement la frontière pour régler des différends et d'autres affaires importantes. Nous sommes une seule famille, et quand une partie souffre, l'autre en ressent l'impact », a-t-il expliqué.

Depuis la prise de contrôle de Goma, capitale de la province orientale de la RDC, par les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) le 27 janvier, des milliers de personnes fuient les combats armés.

La ville congolaise de Goma est devenue un point de tension majeur, alors que les groupes armés continuent de s’affronter, provoquant des déplacements massifs et une crise humanitaire grave.

Advertisement

Cette ville, qui abrite près de deux millions d’habitants, est désormais confrontée à de nombreux défis, notamment des pénuries de ressources et des infrastructures endommagées, selon Reuters.

Le président angolais João Lourenço a tenté de jouer un rôle de médiateur dans ce conflit. Cependant, une réunion organisée à Luanda le 18 mars entre les représentants du M23, le président congolais Félix Tshisekedi et le président rwandais Paul Kagame n’a pas abouti.

Le groupe rebelle aurait quitté les négociations, accusant des institutions internationales de sabotage après les sanctions de l’Union européenne contre des dirigeants du M23 et une raffinerie basée à Kigali.

Le lundi 24 mars, Reuters a rapporté que le président angolais João Manuel Gonçalves Lourenço s'était retiré de son rôle de médiateur dans ce conflit.

Dans son entretien avec ACI Afrique le 26 mars, Mgr Kiaziku a salué cette décision de l'Angola, affirmant : « Les négociations ne donnent des résultats que lorsque toutes les parties font confiance au médiateur. Si un camp ne fait pas confiance à l’Angola, la meilleure solution est de se retirer. »

« À mon avis, la décision de la présidence de se retirer était la bonne, car, au final, il n’y a aucun intérêt à poursuivre des discussions si l’Angola n’est pas perçu comme un médiateur neutre », a-t-il ajouté.

Mgr Kiaziku a conclu en affirmant : « Maintenant, il faut trouver de nouveaux médiateurs qui soient acceptés par toutes les parties impliquées, afin que des progrès réels puissent être réalisés. Sinon, nous risquons de perdre encore plus de temps. »

João Vissesse