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Cameroun: Les évêques catholiques exhortent les autorités à assurer la «sécurité électorale» pour les scrutins d'octobre

Les évêques catholiques du Cameroun ont appelé les « autorités compétentes » de ce pays d'Afrique centrale à remédier à l'insécurité électorale qui pourrait entacher les élections présidentielles prévues pour le mois d'octobre.

Dans une lettre pastorale détaillée, les membres de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun ( CENC) expriment leur crainte que les nombreuses poches de résistance des milices armées dans les régions de l'Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays ne mettent en péril le climat de paix qui, selon eux, est essentiel pour le bon déroulement des élections.

Dans la lettre publiée le 28 mars, les membres du CENC avertissent que sans sécurité, les Camerounais ne risqueront pas leur vie en allant voter.

« Chaque vie humaine est sacrée et doit être protégée. Il est du devoir de chacun de veiller à ce que le caractère sacré de la vie humaine soit préservé avant, pendant et après les prochaines élections », affirment-ils, avant d'ajouter : “Nous demandons aux autorités compétentes de la République d'user de leurs pouvoirs pour prévenir l'insécurité électorale et assurer un environnement favorable, exempt de peur et d'intimidation”.

Les membres du CENC précisent cependant qu'il est de la responsabilité de tous les Camerounais d'œuvrer pour des élections pacifiques.

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Ils appellent le peuple de Dieu dans le pays à mettre de côté toutes les « épées de la haine » alors qu'ils se préparent à voter plus tard cette année.

Nous appelons nos compatriotes, en cette année où nous nous rendons aux urnes pour accomplir notre devoir civique, à travailler plus que jamais pour mettre de côté « nos épées de haine, de colère, d'amertume, de querelles et de meurtres, et à se tendre la main dans la paix », disent-ils.

Selon les membres du CENC, « l'épée de la haine » au Cameroun aujourd'hui pourrait également prendre la forme d'inscriptions multiples, de votes multiples, ainsi que la présence de « voyous » qui intimident et volent les urnes.

D'autres glaives de la haine à surveiller, selon les évêques catholiques du Cameroun, sont les personnes qui utilisent les médias numériques pour écrire et diffuser des informations susceptibles de nuire à la cohésion sociale et à la paix au Cameroun.

Dans leur message pastoral, les chefs de l'Église catholique ont souligné les rôles que les différents groupes de personnes au Cameroun doivent jouer pendant la période électorale.

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Les membres de la CENC ont particulièrement souligné la mission de leur Commission Justice et Paix, qui, selon eux, est d'accompagner le processus électoral.

« Comme par le passé, l'Église catholique accompagnera le processus électoral à travers l'une de ses institutions, la Commission épiscopale Justice et Paix. Elle assumera son rôle de surveillance du processus électoral par l'éducation, l'observation chrétienne des élections et la prévention pacifique de la violence liée aux élections », précisent-ils.

Ils invitent tous les catholiques, par l'intermédiaire du Service national pour la justice et la paix et des différentes commissions diocésaines pour la justice et la paix, à mener des activités ou des ateliers politiques civiques pour promouvoir la participation civique, la sensibilisation et l'élection de candidats compétents, honnêtes et responsables.

Les catholiques du Cameroun sont également invités à travailler avec les jeunes des paroisses qui, selon les membres de la CENC, « sont le présent et l'avenir de la société et de l'Église, et qui ont donc besoin d'une attention pastorale ».

Ils invitent également les chrétiens du pays à mener des activités diocésaines et paroissiales de sensibilisation, d'éducation et de prière.

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Les évêques catholiques expliquent d'autres thèmes, notamment l'implication de l'Église dans la politique.

Selon les évêques, les élections représentent des moments importants qui retiennent l'attention de tous les citoyens, tout en étant une occasion pour le peuple d'affirmer sa souveraineté à travers le choix libre et délibéré de ses dirigeants.

Ils affirment que l'élection présidentielle, en particulier, revêt un enjeu important qui mérite d'être abordé de manière informée et consciencieuse au moment du vote.

Ils notent que dans de telles circonstances, que les évêques disent « extrêmement importantes » et décisives, « nous, évêques du Cameroun, forts de notre foi en Jésus-Christ et fidèles à notre devoir de pasteurs, et surtout fidèles à notre mission d'enseignement, avons toujours fait entendre nos voix pour accompagner le Peuple dans le processus électoral ».

« Il est en effet du devoir de l'Église catholique de s'engager dans ce processus pour garantir une élection transparente, libre, juste et impartiale. Il s'agit d'instaurer la confiance et d'encourager les électeurs à se rendre aux urnes en grand nombre », affirment-ils.

Les membres du CENC appellent également les fidèles laïcs du Cameroun à s'acquitter de leurs devoirs civiques normaux, notant qu'il n'y a aucune raison pour que les chrétiens ne s'intéressent pas à la politique.

Les élections, disent-ils, sont un appel au réveil pour les chrétiens et les autres croyants afin qu'ils ne se contentent pas de dénoncer les problèmes auxquels les Camerounais sont confrontés, mais qu'ils s'engagent avec d'autres à analyser les situations, à discerner les enjeux et à proposer des moyens d'action concrets.

Dans la lettre pastorale, les évêques catholiques soulignent d'autres sujets pour éduquer l'électorat, y compris qui est tenu de voter, ainsi que comment et pour qui voter.

Les membres du CENC invitent les Camerounais à voter pour des dirigeants honnêtes et responsables, en déclarant : « Le choix d'un candidat, ses qualités morales, intellectuelles, humaines, spirituelles et managériales, doit donc se faire après un discernement minutieux, en toute conscience ».

Lors des élections d'octobre au Cameroun, Paul Biya, président depuis 1982, devrait se présenter pour un huitième mandat présidentiel dans ce pays d'Afrique centrale où les présidents ont un mandat de sept ans.

Les amendements constitutionnels que le parti du président Biya, le Mouvement démocratique du peuple camerounais (RDPC), a menés en 2008, abolissant la limite de deux mandats présidentiels, sont à l'origine de son « mandat extraordinairement long ».

Le président Biya est le deuxième chef d'État le plus ancien d'Afrique après le président Teodoro Obiang de Guinée équatoriale.

Agnes Aineah