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Des étudiants en droit de l'université catholique du Malawi invités à fournir une aide juridique aux prisonniers

Le Directeur des affaires académiques et de l’assurance qualité de l’Université Catholique du Malawi (CUNIMA) a exhorté les étudiants de la faculté de droit de l’institution à offrir une assistance juridique aux prisonniers sans représentation légale, dans le cadre de l’Année jubilaire 2025 de l’Église catholique.

S’exprimant lors d’une formation en préparation à une compétition de plaidoirie simulée organisée le mercredi 2 avril à l’université, le P. Wilfred Sumani a encouragé les étudiants à soutenir juridiquement les personnes incarcérées qui n’ont pas les moyens de se défendre.

« L’an dernier, j’étais à Balaka avec notre feu recteur, la Professeure associée Ngeyi Ruth Kanyongolo. Elle a raconté comment elle et ses étudiants ont contribué à la libération de prisonniers », a confié le P. Sumani dans un rapport publié jeudi 3 avril, au lendemain de la formation.

Il a poursuivi : « Cette année, l’Église célèbre une Année jubilaire sur le thème : Pèlerins de l’Espérance. En tant que faculté, ne pourrions-nous pas aller dans nos prisons pour aider à libérer ceux qui n’y ont pas leur place ? »

Ce membre de la Compagnie de Jésus (SJ/Jésuites) a rassuré les étudiants que l’université mettrait à disposition les ressources nécessaires pour soutenir leur initiative d’assistance juridique.

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De son côté, l’avocat Noel Chalamanda, qui animait la formation, a promis de s’engager personnellement dans cette initiative pro bono : « Je prendrai en charge dix dossiers dans ce cadre et je demanderai seulement aux étudiants de m’assister pour les formalités administratives. »

Le rapport du 3 avril souligne que le Malawi est confronté à des défis liés aux arrestations pour des délits mineurs et à des enquêtes insuffisantes, touchant souvent les personnes en situation de précarité. Ces failles contribuent à la surpopulation des cellules de police et des établissements pénitentiaires.

Le document indique également que le système judiciaire pénal du pays est critiqué pour ses lenteurs et la mauvaise gestion de nombreux dossiers, reflétant des défaillances systémiques plus larges.

Selon un rapport du Centre for Human Rights Education Advice and Assistance (CHREAA), les personnes issues de milieux modestes rencontrent fréquemment des obstacles importants dans le système judiciaire, en raison notamment d’arrestations résultant d’enquêtes bâclées. Ces difficultés participent à l’engorgement des lieux de détention.

Malgré les dispositions constitutionnelles et les réformes juridiques visant à garantir le droit à une défense pour tous, la mise en œuvre concrète de ces garanties demeure insuffisante, selon le rapport.

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Une grande partie de la population du Malawi vit en milieu rural, où l’accès aux institutions judiciaires est très limité. Pour beaucoup, le tribunal de district le plus proche se trouve à 25 ou 40 kilomètres.

Par ailleurs, les financements publics dédiés à l’aide juridique sont jugés insuffisants pour répondre aux besoins des citoyens indigents, rendant impossible une défense adéquate pour la majorité des justiciables.

En octobre 2023, la Société du Barreau du Malawi (Malawi Law Society, MLS) et le Bureau de l’Aide Juridique (Legal Aid Bureau, LAB) ont lancé une initiative nationale de services juridiques pro bono sous le thème : « Renforcer l’accès à la justice grâce à une offre accrue de services juridiques gratuits au Malawi ».

Cette initiative impose à chaque avocat inscrit d’effectuer au moins 24 heures de travail pro bono par an, afin de réduire les inégalités en matière de représentation légale pour les populations les plus défavorisées.

Silas Isenjia