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Un évêque catholique exprime l'engagement des chrétiens et des musulmans en faveur de la paix en RCA

Les efforts pour mettre fin aux nombreuses années de conflit entre chrétiens et musulmans en République centrafricaine (RCA) commencent à porter leurs fruits, a déclaré l’Évêque coadjuteur du diocèse catholique de Bangassou, soulignant que chacun de ces groupes veille à ne pas être à l’origine de nouveaux affrontements.

S’adressant à la fondation pontificale catholique Aide à l’Église en Détresse (AED), Mgr Aurélio Gazzera a évoqué les progrès significatifs réalisés dans les relations entre chrétiens et musulmans dans le pays.

« Aujourd’hui, les relations entre chrétiens et musulmans sont plutôt bonnes. Chacun fait très attention à ne pas allumer de feu. Nous avons tiré les leçons de l’histoire », déclare Mgr Gazzera dans un rapport de l’AED publié le 11 avril.

Le membre italien de l’Ordre des Carmes Déchaux (OCD) ajoute : « J’ai été profondément touché lorsque l’imam local a participé à la messe de Noël dans la paroisse où je célébrais. »

Pendant longtemps, la RCA a été déchirée par des conflits entre deux grandes milices : la Séléka, une alliance de plusieurs groupes rebelles majoritairement musulmans, et les Anti-Balaka, initialement formés comme milice d’autodéfense contre la Séléka et composés de combattants chrétiens et animistes.

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L’AED rapporte qu’aujourd’hui, il existe de nombreux groupes armés en RCA, dont certains sont issus de ces deux milices.

Dans l’entretien, Mgr Gazzera affirme que, bien que la situation du pays reste instable, les relations actuelles entre membres des deux religions montrent que les efforts de tous ceux qui ont œuvré pour la paix ont porté des fruits durables.

L’évêque catholique, fort de plus de 30 ans d’expérience missionnaire en RCA et évêque coadjuteur de Bangassou depuis sa consécration épiscopale en juin 2024, se souvient du passé tumultueux du pays.

« En 2013, la guerre a été présentée comme un conflit religieux entre musulmans et chrétiens », dit-il, et poursuit : « mais cela ne correspondait pas à la vérité. C’était avant tout un conflit ethnique et politique, même si les personnes impliquées appartenaient à des religions différentes. »

L’évêque catholique se souvient du courage de nombreux membres du clergé, religieux et religieuses, qui ont protégé leurs frères musulmans durant la guerre, et raconte l’histoire de réfugiés musulmans accueillis par une congrégation religieuse.

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« Les Anti-Balaka ont escaladé le portail de l’école des sœurs et ont saisi les réfugiés qui y étaient hébergés », relate-t-il, avant de poursuivre : « L’une des sœurs, au péril de sa vie, s’est alors rendue auprès du chef de la milice et lui a dit : “Tu es un criminel ! Tu n’as pas le droit d’entrer dans un lieu où se trouvent des réfugiés. Tu dois les laisser partir.” Et il l’a fait. »

L’évêque met également en lumière l’impact de la visite du pape François à Bangui, il y a dix ans, notant qu’à l’époque, la situation était extrêmement tendue, marquée par la haine et l’esprit de vengeance.

Mgr Gazzera déclare que le 30 novembre 2015, jour de la messe au stade, l’entrée de l’Imam Omar Kobine Layama, président du Haut Conseil islamique de la République centrafricaine, « a été célébrée avec enthousiasme par les fidèles et fut un moment inoubliable de fraternité. »

Ce geste, combiné à la visite du Pape, « a favorisé le dialogue interreligieux à un moment de tensions extrêmes », a conclu Mgr Gazzera.

ACI Afrique