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L'Episcopat d’Afrique australe envisagent d’adopter le « Sangoma » face à l’essor des guérisseurs traditionnels

Alors que de plus en plus de jeunes deviennent guérisseurs spirituels en Afrique australe, où ils sont également appelés « Sangoma », les évêques catholiques de la région, regroupés au sein de la Conférence des évêques catholiques d’Afrique australe (SACBC), envisagent de les intégrer pleinement dans l’Église, y compris la possibilité de leur permettre de recevoir la Sainte Communion.

Un Comité consultatif théologique de la SACBC, chargé d’étudier l’Ubungoma (guérison traditionnelle) au Botswana, en Eswatini et en Afrique du Sud, a déjà présenté ses conclusions aux évêques, ouvrant la voie à une décision officielle sur la place des Sangomas dans l’Église.

Dans une interview publiée le 12 avril, le Père Thulani Joel Skhosana, membre du comité, a déclaré que l’Église explorait des réponses pastorales, théologiques et culturelles adaptées à cette pratique.

Le P. Thulani a indiqué que le nombre de Sangomas en Afrique du Sud a considérablement augmenté, notant que la pratique ne concerne plus uniquement les Noirs : « Beaucoup de gens deviennent Sangoma, pas seulement les personnes âgées mais aussi des jeunes. Et cela dépasse les clivages raciaux, car on voit aussi des Blancs devenir Sangomas. »

À propos de la motivation de la recherche, il a expliqué : « Les évêques voulaient trouver une réponse à la montée de l’Ubungoma. »

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On estime que l’Afrique du Sud compte environ 69 000 Sangomas enregistrés, qui occupent une place respectée dans la société. Le P. Thulani a décrit l’Ubungoma comme un système ancestral qui existait bien avant l’arrivée des Occidentaux, servant à guérir les gens et à résoudre divers problèmes sociaux. Le Sangoma agit comme un intermédiaire entre le monde visible et invisible, offrant des conseils, résolvant les conflits familiaux, ou intervenant dans des besoins collectifs comme la pluie.

L’Église n’a jamais donné de directive précise sur les laïcs qui pratiquent en tant que Sangomas, a-t-il reconnu. La seule position claire est que les prêtres et les religieux ne peuvent pas exercer cette fonction.

Depuis le lancement de la recherche en 2019, l’équipe a réalisé une première phase de collecte de données, avec des entretiens et des observations de rituels. Le rapport a été soumis aux évêques, qui doivent à présent en débattre pour définir une position officielle de l’Église sur l’Ubungoma.

Concernant la pratique sacramentelle, le P. Thulani a déclaré : « Tant que l’Église n’a pas pris de décision, je ne pense pas qu’il soit sage d’exclure qui que ce soit, y compris de la Sainte Communion. » Il a toutefois reconnu que certains fidèles sont troublés par la participation des Sangomas à l’Eucharistie, et que certains prêtres agissent en conséquence, selon leur propre discernement.

Dans certaines paroisses, les prêtres accueillent les Sangomas, leur permettent de participer à la messe et bénissent même leurs outils de travail. Dans d’autres, ils sont rejetés. « On ne peut pas blâmer les uns ou les autres car l’Église n’a pas encore tranché », a-t-il précisé.

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Il a conclu : « Mon conseil serait de maintenir la situation telle qu’elle est jusqu’à ce que les évêques prennent une décision. N’excluons personne de l’Église sauf en cas de faute grave. »

Agnes Aineah