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Un élu américain choqué par les menaces contre Mgr Anagbe au Nigeria

Les « actes d’intimidation » signalés contre Mgr Wilfred Chikpa Anagbe, évêque du diocèse catholique de Makurdi au Nigeria, sous forme de menaces d’arrestation ou de violence à son encontre, sont « révoltants », a déclaré Christopher Henry Smith (Rep. Chris Smith), membre du Congrès américain représentant le 4ᵉ district du New Jersey.

Dans un communiqué de presse du 10 avril, le représentant Chris Smith réagit à des rapports de « sources crédibles » faisant état de projets du gouvernement nigérian et d'organisations affiliées visant à arrêter Mgr Anagbe à son retour de voyage à l’étranger, en raison de ses témoignages sur les violences contre les chrétiens dans son diocèse.

Le député mentionne également des actes d’intimidation similaires contre le Père Remigius Ihyula, prêtre du diocèse de Makurdi, connu pour son travail humanitaire auprès des personnes déplacées.

« Je suis consterné par les informations selon lesquelles Mgr Wilfred Chikpa Anagbe et le Père Remigius Ihyula font l’objet de menaces – prétendument émanant du gouvernement nigérian et d’organisations affiliées – à cause du témoignage de l’évêque devant le Congrès américain au sujet des violences dans l’État de Benue », déclare le parlementaire.

Il ajoute : « Des sources crédibles indiquent désormais que Mgr Anagbe pourrait être arrêté à son retour au Nigeria. Je crains aussi que certains cherchent à lui faire du mal physiquement. »

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« Ces actes alarmants d’intimidation – avant et après mon audition au Congrès – ne sont pas isolés », poursuit-il.

Selon lui, ces actes contre Mgr Anagbe et le Père Remigius s’inscrivent dans un schéma inquiétant de représailles liées aux témoignages sur les violations de la liberté religieuse au Nigeria.

Le 12 mars, Mgr Anagbe avait lancé un appel passionné aux États-Unis pour que le Nigeria soit à nouveau désigné comme “pays particulièrement préoccupant” (CPC), en raison des attaques islamistes croissantes contre les chrétiens.

S’adressant à la sous-commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants sur l’Afrique, que préside Chris Smith, l’évêque nigérian avait dénoncé les atrocités commises contre les chrétiens dans le pays, en particulier dans la région du Middle Belt et dans l’État de Benue. Il avait aussi détaillé la persécution croissante des chrétiens dans le Nord et le Centre du Nigeria, où il affirme qu’il existe un projet visant à « réduire puis éliminer l’identité chrétienne » du pays.

Dans son communiqué du 10 avril, Chris Smith – également président de la sous-commission – rappelle un précédent incident impliquant l’avocat nigérian des droits humains Emmanuel Ogebe, qui avait été victime d’intimidation, notamment de tentatives d’annulation de son passeport et de campagnes de dénigrement, après avoir témoigné devant le Congrès américain en 2015.

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« M. Ogebe a dû porter plainte pour faire respecter ses droits constitutionnels. D’autres sont toujours cachés. Dans les pires cas, ils deviennent des martyrs », déclare le député.

« Cela doit cesser », insiste-t-il, en faisant référence aux actes récents de répression transnationale visant des Nigérians et Nigériano-Américains aux États-Unis, après l’audience du 12 mars 2025 sur la persécution religieuse au Nigeria.

« Ces méthodes de voyous menacent non seulement les droits fondamentaux, mais violent aussi le droit pénal américain et sapent une fonction essentielle du Congrès », ajoute-t-il.

Il compare ensuite ces méthodes à celles du Parti communiste chinois (PCC), connu pour ses tactiques de répression transnationale, en piétinant les libertés civiles et en tentant de faire taire les dissidents au-delà de ses frontières.

Le député américain, qui avait déjà soutenu une résolution pour renforcer les sanctions contre le gouvernement de Bola Ahmed Tinubu en raison des persécutions religieuses, affirme que le gouvernement américain « ne peut tolérer » de telles intimidations sur son sol.

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« Les États-Unis ne peuvent pas permettre à des acteurs étrangers d’intimider ou de harceler des personnes sur leur territoire pour avoir exercé leurs droits fondamentaux – en particulier ceux qui aident le Congrès par leurs témoignages », insiste-t-il.

Des membres de l’Association des prêtres diocésains catholiques du Nigeria (NCDPA) ont également réagi aux « rumeurs croissantes » selon lesquelles le gouvernement nigérian envisagerait « d’arrêter ou d’intimider Mgr Anagbe » à son retour au pays.

Dans une déclaration du 10 avril, les membres de la NCDPA expriment leur « vive inquiétude » quant à la sécurité de l’évêque après ses discours à l’étranger sur la persécution des chrétiens au Nigeria.

Le 12 mars, l’évêque avait supplié les États-Unis de reclasser le Nigeria comme pays préoccupant (CPC), en raison des attaques islamistes contre les chrétiens. Il avait présenté son témoignage devant la sous-commission présidée par Chris Smith.

Mgr Anagbe a décrit la persécution des chrétiens dans le Nord et le Centre du Nigeria, affirmant qu’il existe un plan visant à « effacer l’identité chrétienne » du pays.

Il a également évoqué un génocide en cours contre les chrétiens, les fermetures de paroisses catholiques dans son diocèse, et les déplacements massifs causés par les éleveurs peuls islamistes. Il a indiqué que le reclassement du Nigeria comme CPC inciterait le gouvernement à rendre des comptes.

Il a aussi parlé de l’augmentation des enlèvements de prêtres catholiques dans le nord du Nigeria, souvent sans demande de rançon, ainsi que de la fermeture forcée de toutes les écoles – y compris catholiques – dans certaines régions pendant tout le Ramadan.

Son témoignage a provoqué des réactions de leaders musulmans qui l’ont qualifié « d’infondé ». Le 14 mars, le ministère nigérian des Affaires étrangères a décrit le pays comme « un modèle de tolérance religieuse et de coexistence en Afrique », rejetant toute tentative de le désigner injustement.

Le 28 mars, le Père Remigius Ihyula aurait reçu un message d’une ambassade à Abuja signalant qu’un mandat d’arrêt pourrait viser Mgr Anagbe à son retour au Nigeria.

Un rapport du 9 avril indique que l’évêque était en Écosse, où il a prononcé un discours lors d’une conférence organisée par l’œuvre caritative catholique Aide à l'Église en détresse (AED).

La conférence portait sur la situation dramatique des chrétiens en Afrique, notamment dans le nord du Nigeria, où violences et persécutions religieuses continuent de faire des victimes innocentes.

Nicholas Waigwa