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Un jésuite sud-africain met en garde contre le fait de négliger les pauvres, marginalisés dans le cadre de la crise du COVID-19

Un prêtre de la Compagnie de Jésus (Jésuites) servant dans son pays natal, l'Afrique du Sud, a, dans une réflexion sur les effets de la pandémie du COVID-19, mis en garde contre le fait de négliger les pauvres et les marginalisés.

Dans la réflexion du mardi 25 août obtenue par ACI Afrique, le père Rampe Hlobo dit  que: "La COVID19 comme beaucoup d'autres virus, y compris le VIH, qui a ravagé de nombreuses communautés pauvres - ne l'oublions pas - nous rappelle constamment qu'en tant que société et communauté, nous continuons à ignorer le fléau de la pauvreté et des pauvres à nos propres risques et périls".

"Au milieu de la lutte contre la pandémie de COVID-19, nous sommes tous confrontés à la même tempête, comme l'a dit un sage, mais dans des bateaux différents", réfléchit le clerc jésuite qui ajoute que, "La pauvreté au milieu de cette tempête, nous rappelle qu'une société qui néglige le bienêtre et le bien commun, le fait à ses propres risques et périls". 

La crise du coronavirus "a mis en lumière le fait que l'humanité en général a fermé les yeux sur les souffrances des pauvres et des marginalisés qui, au cours de cette pandémie de COVID-19, se sont avérés être le maillon le plus faible de la ligne de défense contre ce virus impitoyable", explique le natif du township de Soweto, en Afrique du Sud.

"La guerre contre le nombre croissant d'infections ne pourra jamais être gagnée si nous n'adhérons pas aux recommandations de l'OMS et des autorités sanitaires. Rester à la maison, s'éloigner de la société, se laver régulièrement les mains avec du savon, se désinfecter régulièrement les mains, avoir une alimentation saine, etc. Tous ces éléments sont hors de portée des pauvres, surtout des plus pauvres d'entre les pauvres, et pourtant on nous dit que ce sont les mécanismes de défense de base pour éviter d'être infecté", déclare le père Hlobo dans sa réflexion du 25 août.

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Faisant référence à l'Afrique du Sud où le gouvernement a imposé un confinement en mars afin de minimiser le risque de contagion, le jésuite de 48 ans déclare : "Les conséquences des injustices économiques qui ont conduit de nombreuses personnes pauvres à une vie de misère ont été mises à nu".

"De nombreuses personnes vivant dans des établissements humains informels malsains ne pouvaient pas adhérer aux recommandations de sécurité pour éviter l'infection par COVID-19 car elles vivaient dans une pauvreté abjecte qui les privait de la possibilité de pratiquer ce qui était recommandé pour leur propre bien-être et celui des autres", ajoute-t-il en référence au confinement de son pays. 

Il poursuit : "Beaucoup de ceux qui ont les moyens de rester chez eux et de pratiquer la distanciation sociale, etc. se sont empressés de critiquer les marginalisés de notre société qui ne pouvaient pas respecter les recommandations. Mais une fois de plus, la pauvreté nous montre qu'une répartition injuste des ressources peut être, et est préjudiciable à l'ensemble de la société".

"Les défis de cette situation, en particulier la pauvreté, sont aussi un rappel à tous que nous ne pouvons pas laisser les pauvres, surtout les plus pauvres d'entre les pauvres, et leur situation critique, tomber dans l'oubli et dans le silence de la justice sociale", réfléchit le père Hlobo.

Pour aller de l'avant, le prêtre déclare que "les structures socio-économiques injustes qui creusent le fossé entre les pauvres et les riches devraient être éliminées et remplacées par des initiatives qui soutiennent des objectifs tels que les objectifs de développement durable (SDG #1) qui cherchent à éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes partout". 

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Se référant à l'exhortation apostolique du Pape François, Evangeili Gaudium, le jésuite sud-africain déclare que "la croissance de la justice ne devrait pas être uniquement une croissance économique mais, plus important encore, devrait être associée à des décisions, des programmes, des mécanismes et des processus spécifiquement axés sur une meilleure répartition des revenus, la création de sources d'emploi et une promotion intégrale des pauvres qui va au-delà d'une simple mentalité de bien-être".

Magdalene Kahiu