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Une étude démontre la situation critique des enfants chefs de famille dans l'archidiocèse de Durban en Afrique du Sud

La direction de la Commission Justice et Paix (CJP) de l'archidiocèse de Durban en Afrique du Sud a, dans un rapport de recherche, mis en évidence la situation critique des foyers dirigés par des enfants (CHH) dans la juridiction de l'Eglise.

Dans le rapport, les responsables de la CJP notent, en référence aux CHH, que "leur composition et leur structure les rendent clairement vulnérables".

"Les principaux aspects qui ressortent fortement sont les défis des familles dirigées par des enfants, tels que le deuil perpétuel, les luttes des mères célibataires pour faire face à la situation actuelle, la négligence, la discrimination et l'isolement des familles, entre autres", indiquent les responsables de la JPC de Durban dans le rapport publié vendredi 4 septembre.

Dans le reportage du 28 août, une des familles présentées est celle de Nosipho (nom fictif) et de ses deux frères et sœurs, orphelins depuis plus de trois ans, ce qui les place "dans une situation difficile".

"Notre père avait l'habitude de rentrer à la maison une fois pendant les vacances de Noël. Il nous achetait de la nourriture, qui dure environ deux semaines, le temps qu'il passe avec nous. Puis il nous quitte à nouveau", dit Nosipho dans le rapport et ajoute, en référence à leur père, "Nous finissons les dernières bouchées de la nourriture qu'il a achetée au moment où il s'en va et nous mourons à nouveau de faim pendant toute l'année".

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En tant que chef de famille, Nosipho doit se battre pour subvenir aux besoins de ses frères et soeurs, au milieu d'une lutte personnelle pour terminer son diplôme d'ingénieur en mécanique, qu'elle n'est plus en mesure de payer, dit-elle.

Le rapport de recherche de 18 pages du CJP Durban a également établi que les enfants des familles dirigées par des enfants "étaient apparemment dans un état de chagrin continu de leur soutien de famille adulte décédé". 

"Ce qui est particulièrement inquiétant, c'est que ce deuil perpétuel était surtout élaboré chez les enfants qui étaient chefs de famille", notent les responsables de l'archidiocèse de Durban dans le rapport du 4 septembre obtenu par ACI Afrique.

"Parfois, je pleure quand ma mère va me manquer... Je ne veux pas que mes jeunes frères et sœurs le voient. Je ne sais pas quoi faire sans notre mère ; je leur fais juste voir que je fais face", dit Mbali (nom fictif) dans le rapport.

Pour Misheck (nom fictif), lorsque leurs parents étaient en vie, ils leur ont appris à prier tous les soirs avant d'aller se coucher, ce qu'ils ne font plus car "chaque fois que nous commençons à chanter et à prier, tous mes jeunes frères et sœurs commencent à se souvenir de nos parents et à s'ennuyer d'eux, et ils se mettent à pleurer".

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D'après les interactions avec les enfants dans ces foyers, les responsables du CJP de Durban affirment que "l'une des principales lacunes de grandir dans un foyer dirigé par un enfant est que les enfants sont victimes de négligence et de découragement émotionnel qui va de pair".

Les enfants ont témoigné qu'ils étaient toujours évités et stigmatisés par certains membres de la communauté, selon les responsables du CJP.

"Smangele (nom fictif) a affirmé qu'il y a une croyance selon laquelle nous ne sommes pas au même niveau social et économique que les membres de notre communauté", dit Smangele dans le rapport de la CJP de Durban et ajoute, "certains ont mentionné qu'ils détestaient certains de leurs parents qui leur ont arraché leur héritage après la mort de leurs parents".

L'implication des déclarations ci-dessus, selon les chercheurs du CJP, "est que les enfants vivant dans des familles dirigées par des enfants sont confrontés à la stigmatisation, à la discrimination et à l'isolement".

"De plus, il est évident que les enfants issus de familles dirigées par des enfants présentent généralement des symptômes d'apitoiement et de faible estime de soi ou du moins qu'ils gardent l'impression qu'en raison de leurs conditions de vie, ils sont ignorés par la société", ajoutent les chercheurs dans le rapport du JPC.

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Pour aller de l'avant, les responsables de l'archidiocèse de Durban proposent le lancement de programmes de régénération morale (MRP) parrainés par le gouvernement et mis en œuvre par les organisations de la société civile en partenariat avec le ministère compétent.

Parmi les principaux points à l'ordre du jour des MRP, les responsables de la CJP affirment que "la nécessité de restimuler le sens de la responsabilité sociale et la volonté des familles élargies et de la société en général d'honorer leur responsabilité socioculturelle de prendre soin et de protéger les enfants de leurs parents décédés devrait figurer au premier plan".

"La position générale de lobbying devrait être axée sur le maintien des enfants dans des foyers normaux et éviter les foyers dirigés par des enfants", ajoutent-ils dans leur rapport de recherche.

Ils proposent également le développement de l'autodéfense et le renforcement des systèmes de protection de l'enfance pour protéger les enfants des CHH contre l'exploitation sexuelle. 

Les systèmes d'autodéfense, disent-ils, "devraient également être associés à une bonne santé génésique et à une éducation sexuelle dans les familles, la communauté et les écoles", car certaines jeunes filles sont sexuellement actives, ce qui entraîne des grossesses d'adolescentes et des maladies sexuellement transmissibles.

Informés par leurs conclusions sur l'impact du deuil sur les membres des CHH, les responsables de la CJP proposent un accès accru à des services de qualité en matière de deuil et de rétablissement des traumatismes parmi les orphelins et les enfants vulnérables (OEV).

Le responsable qui a soutenu les membres des CHH et d'autres familles vulnérables dans le cadre des restrictions de COVID-19 recommande qu'avec le soutien de leurs deux bergers, le cardinal Wilfred Napier et l'archevêque auxiliaire Mgr Abel Gabuza, ils "visitent les paroisses riches et leur demandent de les soutenir pour aider les pauvres".

Mercy Maina