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Selon un prélat sud-africain, la corruption est une grande menace pour notre patrimoine du pays

La Journée du patrimoine, célébrée chaque 24 septembre en Afrique du Sud. Domaine public. La Journée du patrimoine, célébrée chaque 24 septembre en Afrique du Sud.
Domaine public.

Avant la célébration annuelle de la Journée du patrimoine en Afrique du Sud, un prélat catholique du pays a réfléchi au niveau de la corruption dans le pays et a exprimé la crainte que celle-ci ne devienne la première menace pour le patrimoine de la nation. 

Dans une déclaration partagée avec ACI Afrique avant l'événement du jeudi 24 septembre, Mgr Victor Phalana du diocèse de Klerksdorp en Afrique du Sud déclare que la corruption est "la menace numéro un pour notre patrimoine" et assimile cette pratique à "la trahison et au terrorisme socio-économique".

Mgr Phalana reconnaît que le pays a fait beaucoup de chemin dans la reconnaissance du riche héritage des diverses communautés et, dans la déclaration du mercredi 23 septembre, il déplore que le gouvernement ne fasse pas grand-chose pour le patrimoine du pays.

"L'excuse de notre gouvernement, pour ne pas en faire assez pour notre patrimoine, est qu'il n'a pas assez d'argent pour le "projet du patrimoine", dit l'évêque sud-africain avant de s’interrogé "Où est passé l'argent ? »

"L'argent a été avalé par un dragon appelé la corruption !" indique le prélat.

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Mgr Phalana poursuit en partageant sa réflexion sur  un article de Steven Friedman sur la corruption datant de l'époque coloniale en disant : "La corruption était une constante de la période de l'apartheid. Les Noirs en étaient les principales victimes, puisqu'ils n'avaient aucun droit et donc aucun moyen de se protéger contre les abus. Mais ils n'étaient pas les seuls, car les politiciens et les fonctionnaires utilisaient le pouvoir du gouvernement à des fins personnelles".

"La période la plus corrompue de l'histoire du pays a été les dernières années de l'apartheid, lorsque la tentative de combattre la campagne de sanctions internationales réussie a fait de la corruption, protégée par le secret d'État, la stratégie centrale du gouvernement", déclare l'évêque.

Il ajoute, en référence à la corruption pendant l'ère coloniale, "C'est la période où nous avons été témoins de la corruption dans les régions également, où l'argent destiné à la prestation de services et au développement était utilisé par les dirigeants pour s'enrichir eux-mêmes et leurs familles".

Selon l'évêque sud-africain, il y avait un espoir de mettre fin à la corruption lorsque l'ancien président Jacob Zuma a démissionné en 2018 car "tout semblait aller bien, et notre nation faisait des progrès réguliers". 

"A notre grande surprise, le parti au pouvoir a commencé à annoncer le redéploiement de fonctionnaires corrompus à divers postes stratégiques, y compris au Parlement", déclare Mgr Phalana.

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Faisant référence au récent scandale de corruption lié au COVID-19 dans le pays, le prélat sud-africain de 59 ans déclare que le coronavirus "semble avoir ravivé les sentiments d'avidité qui ont balayé notre pays depuis une dizaine d'années".

"Alors que des millions de personnes s'étaient confinés chez eux, sachant qu'elles risquaient de perdre leur emploi et leurs revenus, des politiciens corrompus, comme des hyènes tournant autour d'un springbok immobilisé, ont fait un zoom sur le plan de relance de 500 milliards de rands pour aider les entreprises à faire face aux implications économiques de COVID-19", déplore l'évêque qui dirige la Commission Justice et Paix de la Conférence des évêques catholiques d'Afrique australe (SACBC). 

Il poursuit en faisant référence à des politiciens caractérisés par la corruption : "Puis leur cible s'est déplacée vers la Caisse d'assurance chômage (UIF), ce qui fait que les travailleurs à court d'argent n'ont toujours pas vu un centime de ce qui leur est dû".

"La corruption a également vu d'autres entreprises privées s'engager dans des transactions illégales d'une valeur de 2,2 milliards de rands qui ont vu les entreprises produire des masques, des désinfectants pour les mains et des masques faciaux", dit l'évêque avant de poursuivre, "Pour ajouter l'insulte à la blessure, beaucoup de ces produits se sont avérés être de qualité inférieure et peuvent, par conséquent, avoir mis en danger la vie des patients, des travailleurs de première ligne et de toute la population". 

Dans sa déclaration du 23 septembre, l'évêque déclare que "l'ancien protecteur public, le professeur Thuli Madonsela, avait raison lorsqu'elle a récemment décrit la corruption liée à la couronne comme une menace pour notre démocratie, notre système judiciaire, l'État de droit et la paix - avec pour conséquences la mort, la faim, la colère et la fragilité démocratique".

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"J'irais plus loin que le professeur Madonsela en disant que la corruption est synonyme de trahison et de terrorisme socio-économique et qu'elle doit être traitée comme telle", dit-il et ajoute, "j'ai honte de reconnaître que la corruption est notre héritage".

Pour aller de l'avant, Mgr Phalana appelle au repentir avant l'événement du 24 septembre en disant : "Notre nation doit se repentir à l'occasion de la Journée du patrimoine".

"La loi de 1999 sur les ressources du patrimoine national stipule que notre patrimoine est unique et précieux et ne peut être renouvelé", déclare l'Ordinaire du diocèse de Klerksdorp, ajoutant

: "Il nous aide à définir notre identité culturelle et se trouve donc au cœur de notre bien-être spirituel et a le pouvoir de construire notre nation".

C'est pourquoi l'évêque déclare qu'il "agitera fièrement le drapeau sud-africain lors de la Journée du patrimoine et dira en même temps à la jeune génération que la corruption ne doit pas être notre héritage". 

Instituée en 1995, la Journée du patrimoine est un jour férié réservé aux Sud-Africains pour reconnaître et célébrer la diversité culturelle du pays.

Magdalene Kahiu