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Cameroun : Les évêques expriment leur solidarité avec leur "frère évêque" au milieu des controverses

Les évêques de la province ecclésiastique de Bamenda. Diocèse de Buea/Page Facebook Les évêques de la province ecclésiastique de Bamenda.
Diocèse de Buea/Page Facebook

Les évêques catholiques de la province ecclésiastique de Bamenda au Cameroun ont, dans un message collectif, exprimé leur "complète solidarité" avec l'administrateur apostolique du diocèse de Buea qui a été assiégé par des controverses administratives, la principale étant les changements qu'il a décrétés pour la direction de l'Institut universitaire catholique de Buea (CUIB).

En juin, Mgr Bibi Michael a apporté des changements au CUIB, en nommant le professeur Victor Julius Ngoh au poste de vice-chancelier, un poste précédemment occupé par le père George Nkeze Jingwa, à qui l'évêque a demandé de prendre un congé sabbatique. 

Les membres du Conseil universitaire ont désapprouvé ce changement et ont traîné Mgr Michael Bibi, administrateur apostolique du diocèse de Buea, devant les tribunaux.

"Nous, les évêques du BAPEC (Conférence épiscopale provinciale de Bamenda), non seulement condamnons cette désobéissance et les dommages causés à l'Église locale, mais exprimons aussi notre entière solidarité avec notre frère évêque, l'administrateur apostolique du diocèse de Buea", déclarent les membres du BAPEC dans leur déclaration collective envoyée à ACI Afrique mardi 29 septembre.

Les évêques qui ont publié leur déclaration à l'issue de la 69ème réunion du BAPEC le 26 septembre dernier notent "avec regret les tristes événements qui ont caractérisé les deux derniers mois dans le diocèse de Buea, concernant certains actes administratifs posés par l'administrateur apostolique légitime du diocèse, Son Excellence Mgr Michael Miabesue Bibi".

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En juin, le Pape François, par l'intermédiaire de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples (Propaganda Fide), basée au Vatican, a clarifié le mandat de Mgr Michael Miabesue Bibi en tant qu'administrateur apostolique du diocèse de Buea.

"L'administrateur apostolique est l'autorité légitime sur tous les prêtres, religieux et autres personnels de mission du diocèse de Buea et se réserve le droit de nommer, transférer, révoquer ou licencier des personnes conformément aux prescriptions du Code de droit canonique et aux instructions spécifiques qui lui sont données par le Saint-Siège", a précisé le représentant du Saint-Père au Cameroun, Mgr Julio Murat, dans une déclaration publiée le 15 juin.

Dans leur message collectif, les évêques du BAPEC appellent les laïcs, les prêtres, les religieux et les religieuses du plus ancien diocèse du Cameroun à "s'engager et à exprimer leur soutien indéfectible à leur "protem" légitime Chef Pasteur, dont la gouvernance de l'Eglise de Buea est grandement estimée sur le plan ecclésiastique".

"Nous appelons ceux qui tentent de déstabiliser l'Eglise catholique qui est à Buea et calomnier les évêques de notre province à renoncer à de tels actes démoniaques, à se repentir de leurs péchés et à demander à Dieu sa miséricorde sans limite", ajoutent-ils.

Les évêques des 6 diocèses situés dans les régions anglophones du Cameroun, paralysées par de violents conflits, appellent également à la paix.

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"En tant que témoins directs des souffrances de notre peuple, joignons nos voix à celle de notre Saint-Père le Pape François et de nombreux autres dirigeants mondiaux, pour demander un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun", disent-ils. 

Les deux régions anglophones du pays sont plongées dans un conflit depuis 2016, après une grève des avocats et des enseignants qui a tourné à la violence.

Le violent conflit a entraîné le déplacement de plus de 679 000 personnes. Plus de 600 000 enfants n'ont pas pu aller à l'école dans les deux régions, et plus de 3 000 personnes ont perdu la vie au cours des quatre années de conflit.

Dans leur déclaration du 26 septembre, les membres du BAPEC expriment leur gratitude au gouvernement pour la libération de 333 prisonniers politiques en octobre 2019 et demandent aux dirigeants du pays de libérer tous ceux qui sont liés à la crise

"Afin que le cessez-le-feu soit effectif, nous appelons à la libération de tous les prisonniers liés à la crise anglophone comme un pas vers une résolution de la crise", disent-ils avant de poursuivre, "Cela contribuera grandement à pacifier les combattants sur le terrain et à faire en sorte que les prisonniers libérés agissent comme des agents de la justice et de la paix dans nos communautés". 

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Les prélats réitèrent leur message d'août 2019 appelant à la reprise des écoles dans les régions anglophones en disant : "Une fois de plus, nous appelons tous les parents à envoyer leurs enfants à l'école pour l'année scolaire 2020/2021, afin que leur avenir puisse être garanti dans un monde compétitif de réalisations académiques et technologiques".

Ils demandent instamment à "ceux qui ont agi comme une menace pour l'éducation de nos enfants et/ou l'ont bloquée et qui utilisent nos enfants comme bouclier pour des gains politiques, de donner aux enfants une chance de construire leur propre avenir".

"Que le Christ, Prince de la Paix, accorde à nouveau la justice et la paix dans les régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest. Que la Bienheureuse Vierge Marie, Reine des Apôtres et Reine de la Paix, intercède pour nous", implorent les membres du BAPEC.

Magdalene Kahiu