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Nigeria : Un prélat qualifie les manifestations contre les brutalités policières comme "pas dans la bonne direction".

Les jeunes à travers le Nigéria protestent contre la brutalité et les exécutions extrajudiciaires présumées des agents de l'Escouade spéciale de lutte contre le vol. Domaine public Les jeunes à travers le Nigéria protestent contre la brutalité et les exécutions extrajudiciaires présumées des agents de l'Escouade spéciale de lutte contre le vol.
Domaine public

Les manifestations en cours contre les brutalités policières au Nigeria ont attiré le soutien d'individus et organisations dans le pays le plus peuplé d'Afrique, l'un des derniers soutiens venant d'un prélat catholique qui qualifie les manifestations nationales d’un "pas dans la bonne direction". 

"La protestation est un pas dans la bonne direction, ce qui signifie que les Nigérians peuvent défendre ce qu'ils veulent et l'exprimer", a déclaré Mgr Francis Obafemi Adesina, évêque du diocèse d'Ijebu-Ode au Nigeria, dans un rapport partagé avec ACI Afrique mercredi 14 octobre.

Depuis plus d'une semaine, les citoyens de ce pays d'Afrique de l'Ouest sont descendus dans la rue et ont mené des campagnes en ligne contre la controversée Escouade spéciale de lutte contre le vol (SARS) sous le nom de #EndSARSprotest, se plaignant des enlèvements, du harcèlement, des extorsions et des exécutions extrajudiciaires commis par les agents de sécurité dans le cadre du SARS. 

L'inspecteur de police du pays a annoncé le démantèlement du SARS le 11 octobre "avec effet immédiat", ses membres devant être redéployés dans d'autres formations, commandements et unités de police. La force avait existé en tant que branche de la police nigériane.

Alors que les manifestants ont reconnu avec satisfaction la décision du gouvernement de dissoudre les forces de police, ils ont déploré, par le biais de manifestations de rue, le redéploiement des agents sans enquête.

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Dans le rapport partagé avec ACI Afrique, le secrétaire de Mgr Adesina, le père Augustine Adetola, cite l'évêque qui dit que les protestations vont au-delà de la demande de mettre fin à la cruauté des agents de sécurité pour rendre le Nigeria sûr pour tous ses citoyens. 

"Le cri va au-delà de la fin de la brutalité policière dans le pays ; le cri vise à faire du Nigeria un endroit meilleur et sûr pour les citoyens, où ils peuvent se promener sans craindre d'être intimidés par ceux qui sont censés protéger leur vie", déclare Mgr Adesina dans le rapport. 

Il ajoute : "Le cri des jeunes et de tous les Nigérians à EndSARS est un cri pour mettre fin à toutes les formes de brutalité et d'oppression auxquelles les Nigérians sont confrontés quotidiennement de la part de ceux qui sont censés protéger leur vie". 

Mgr AlfredAdewale Martins, de l'archidiocèse de Lagos au Nigeria, fait partie des dirigeants de l'Église du pays qui ont également exprimé leur soutien aux protestations.

Dans son message du 10 octobre, un jour avant la dissolution du SARS, Mgr Adewale avait demandé "un examen approfondi et réaliste de toute la structure de la police afin de restaurer son intégrité".

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Entre-temps, dans leur déclaration collective du 13 octobre, les membres de l'Association chrétienne du Nigeria (CAN) ont salué la décision du gouvernement du pays de dissoudre la controversée Escouade spéciale de lutte contre le vol (SARS), dont les membres ont été accusés d'avoir commis diverses atrocités.

Les membres du CAN ont toutefois protesté contre la décision de redéployer les agents de SARS dans d'autres organes de sécurité de la nation ouest-africaine.

Dans le rapport du 14 octobre publié à l'occasion du 31e anniversaire sacerdotal de Mgr Adesina, le prélat nigérian est cité comme déplorant également les meurtres et les arrestations de manifestants dont il a été témoin lors des manifestations nationales en cours. 

"Arrêter et tuer des citoyens innocents pour avoir protesté fait partie des nombreux maux de notre pays auxquels le gouvernement doit remédier", déclare Mgr Adesina, qui se lamente : "Il est tout à fait injuste de perdre tant de citoyens du pays à cause de policiers à la gâchette facile qui sont censés protéger la vie des citoyens". 

Il ajoute, en référence au meurtre et à l'arrestation des manifestants, "C'est pourquoi la police doit être réformée et toutes les parties prenantes du pays doivent se joindre à cette agitation et à ce mouvement pour la réforme de la police au Nigeria. Les meurtres sont trop nombreux et nous devons tous nous exprimer".  

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Le prélat, âgé de 56 ans, aurait également condamné l'incident du 9 octobre où des jeunes d'Ijebu Ode ont vandalisé un poste de police alors qu'ils manifestaient. 

"La protestation pacifique est un droit civil pour tout citoyen", déclare le prélat nigérian, qui encourage les manifestants à protester sans interférer avec les activités quotidiennes des autres citoyens. 

Mgr Adesina appelle les dirigeants du pays à écouter "la voix du peuple comme elle est la voix de Dieu". 

Aux dirigeants de cette nation d'Afrique de l'Ouest, le prélat nigérian déclare : "Il est temps que le gouvernement montre et prouve qu'il est réellement au service du peuple qui l'a élu". 

Dans le rapport du 14 octobre, le secrétaire de Mgr Adesina, le père Augustine, déclare également que l'évêque a chargé le gouvernement du Nigeria "d'agir et d'agir en faveur du cri des nombreux jeunes Nigérians qui ont subi des intimidations de la part de ceux qui sont censés les protéger". 

Outre la brutalité policière, qui doit cesser selon Mgr Adesina, l'Ordinaire du diocèse d'Ijebu-Ode appelle également le gouvernement à tenir ses promesses de campagne et à "améliorer la vie de chaque Nigérian". 

Magdalene Kahiu