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Nigeria : Selon un évêque, les manifestations contre la brutalité policière offrent une opportunité pour l'église de guider les jeunes

Les jeunes lors des manifestations à Lagos, au Nigeria, le 17 octobre 2020, contre de prétendues brutalités policières. Domaine public Les jeunes lors des manifestations à Lagos, au Nigeria, le 17 octobre 2020, contre de prétendues brutalités policières.
Domaine public

Les manifestations pacifiques contre la brutalité policière au Nigeria ont donné l'occasion à l'Église catholique de ce pays d'Afrique de l'Ouest de guider les jeunes dans leur quête d'une société meilleure, a déclaré un évêque catholique dans un communiqué.

Dans la déclaration du 10 novembre, Mgr Matthew Hassan Kukah, du diocèse de Sokoto au Nigéria, se penche sur les mnifestations des jeunes nigérians qui réclamaient la fin, en octobre, de la défunte Escouade spéciale de lutte contre le vol (SARS). Après le démantèlement du SARS, les manifestants ont exigé des réformes dans la structure de gouvernance du pays.

"Les jeunes ont obtenu quelques victoires rapides en forçant les mains du gouvernement à répondre à leurs demandes", dit Mgr Kukah, qui ajoute : "À long terme, cependant, l'avenir dépend de la capacité des jeunes à maintenir leur ligne de recherche d'une société meilleure ou de leur volonté de se laisser séduire et coopter par la classe politique". 

Pour cette raison, dit le prélat, les manifestations ont été "une grande opportunité pour l'Eglise de guider sa jeunesse afin de garantir une base morale solide pour la politique dans notre pays".

En regardant les protestations, poursuit Mgr Kukah, il est possible "d'avoir un mouvement de jeunesse qui est guidé par l'éthique de l'Église catholique".

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"Nous pourrions ainsi éviter le nihilisme des mouvements de jeunesse des années 1960 en Europe, qui ont jeté les bases de la décadence morale et du profond laïcisme d'aujourd'hui", poursuit l'évêque nigérian.

Dans sa réflexion, Mgr Kukah s'inspire de la nouvelle encyclique du pape François, Fratelli Tutti, qui, selon lui, pourrait être utilisée pour "offrir un flambeau à nos jeunes catholiques afin de contribuer à éclairer une société criblée de divisions et d'injustices".

"Fratelli Tutti souligne l'impératif moral du dialogue", dit-il et explique qu'en référence à l'intolérance religieuse dans la nation la plus peuplée d'Afrique, "la religion a été invoquée comme un facteur de faute majeur dans la violence de notre société (comme les actions de Boko Haram)".

Il ajoute : "Le Saint-Père aborde les questions de la circulation mondiale des personnes, et les jeunes constituent un nombre énorme à cet égard".

L'évêque poursuit en faisant référence à Fratelli Tutti : "L'appel de l'encyclique à la responsabilité politique, en utilisant l'histoire du bon Samaritain pour aborder les questions d'obligations morales dans une société diversifiée comme la nôtre, devrait avoir un grand attrait pour la jeunesse".

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"Lorsque le pape François parle de la politique comme d'une noble vocation, d'une noble forme de charité et d'une plate-forme pour la poursuite du bien commun, ces thèmes devraient trouver un écho auprès des jeunes qui ont besoin de comprendre ces valeurs alors qu'ils entrent dans la vie publique", déclare l'Ordinaire local de Sokoto. 

Dans la réflexion du 10 novembre, Mgr Kukah poursuit en soulignant certaines des leçons que les jeunes du Nigeria peuvent tirer de leurs protestations contre le SRAS #END.

"Leur démonstration de discipline et de solidarité les uns envers les autres étaient tout à fait louable", déclare l'évêque de 68 ans, ajoutant : "La vue de chrétiens protégeant des musulmans dans la prière et vice versa dans un environnement hautement polarisé comme le Nigeria, était significative".

Il note en outre que "les jeunes ont montré qu'ils ne craignent plus leurs dirigeants" et que "ce sont les dirigeants qui apprendront à craindre le peuple".

"Rien de tel ne s'était jamais produit au Nigeria et personne ne s'attendait à ce que cela se produise à l'époque", déclare Mgr Kukah.

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Il note cependant qu'"à moyen et long terme, nous avons conclu qu'en tant que communauté de foi, nous devons nous inspirer moralement des enseignements sociaux de l'Église".

"Avec cela, nous pouvons fournir les ingrédients pour la poursuite du bien commun", dit Mgr Kukah dans sa réflexion du 10 novembre obtenue par ACI Afrique.

Magdalene Kahiu