Cet investissement de ressources "est le meilleur moyen d'aider et d'accueillir les réfugiés". Sinon, l'exode vers l'Europe va s'accentuer avec le triste nombre de morts dans le désert et en Méditerranée", ajoute-t-il.
De plus, le prêtre érythréen qui a été nommé pour le prix Nobel de la paix 2015 "souhaite que des efforts diplomatiques soient faits pour inciter le gouvernement éthiopien à protéger les droits de ces migrants afin d'accorder des permis de séjour à ceux qui vivent en dehors des camps de réfugiés".
Les civils n'étant plus hébergés dans les camps de réfugiés, "de nombreuses femmes et enfants sans protection et sans logement sont particulièrement exposés aux dangers de l'urgence coronavirus", observe le père Mussie dans le rapport du 14 novembre de l'Agenzia Fides, le service d'information de la Propaganda Fide du Vatican.
Pays enclavé, l'Éthiopie abrite environ 769 000 réfugiés érythréens fuyant la persécution du régime autoritaire du président Isaias Afewerki. Ce régime se caractérise par un service national forcé d'une durée indéterminée, le travail forcé et la détention illégale, entre autres pratiques qui constituent des violations des droits de l'homme.
Au-delà de l'enregistrement et de la reconnaissance du statut des réfugiés, qui assurerait leur protection, le Père Mussie dit en référence aux réfugiés : "Il faut leur garantir des matériaux (nourriture, abri, etc.) pour leur protection ainsi qu'une aide médicale et psychologique".
Exprimant sa reconnaissance au gouvernement local et aux paroisses pour avoir été "très accueillantes, d'un grand soutien et pour avoir collaboré dans un esprit fraternel avec les réfugiés", le clerc érythréen qui a été ordonné prêtre en 2010 déplore : "La situation sur le site est cependant dramatique".
Parmi la myriade de défis auxquels sont confrontés les réfugiés érythréens au Tigré, le prêtre dit : "La situation la plus critique est celle des mineurs. Beaucoup d'entre eux sont livrés à eux-mêmes. Ils n'ont personne pour les aider. Ils ne vont pas à l'école, ils boivent de l'alcool, fument, et beaucoup de filles tombent enceintes".
"Les mineurs doivent être aidés à grandir avec des principes solides. J'appelle toutes les institutions du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et le gouvernement éthiopien à activer tous les outils utiles pour alléger les souffrances de ces réfugiés très vulnérables", déclare le père Mussie dans le rapport du 14 novembre.
En septembre, le père Mussie a souligné la situation critique des réfugiés érythréens en Éthiopie, affirmant qu'ils ont été rejetés et sont devenus "victimes d'exploitation, de prostitution et de privations". Il a appelé l'UE à s'efforcer de traiter les réfugiés avec dignité.