Advertisement

Un prêtre plaide pour la protection des réfugiés érythréens dans la région du Tigré en Ethiopie

Le père Mussie Zerai. Domaine public Le père Mussie Zerai.
Domaine public

Un prêtre érythréen basé à Rome, connu pour son ministère auprès des réfugiés et des migrants qui traversent l'Afrique du Nord pour se rendre en Europe, demande la protection des réfugiés érythréens dans la région du Tigré en Ethiopie.

"Les réfugiés érythréens au Tigré, dans la région nord de l'Ethiopie, doivent se voir accorder un statut juridique qui les protège", a déclaré le père Mussie Zerai dans un rapport publié le 14 novembre.

En présentant ses arguments, le père Mussie explique qu'au Tigré, "il y a des milliers d'Érythréens qui ont souvent faim et qui sont exposés à toutes les formes d'exploitation et d'abus", une situation qui, selon lui, accroît leur désespoir et les conduit aux mains de trafiquants d'êtres humains.

"L'exode vers le Soudan et la Libye s'accroît en raison des mauvaises conditions qu'ils rencontrent aujourd'hui en Éthiopie", observe-t-il.

Originaire d'Asmara, la capitale de l'Érythrée, le père Mussie appelle l'Union européenne (UE) à "investir des ressources afin d'assurer que ces réfugiés érythréens soient accueillis en Éthiopie dans la dignité et de garantir l'accès au droit d'asile, à l'éducation, aux soins médicaux et au travail. " 

Advertisement

Cet investissement de ressources "est le meilleur moyen d'aider et d'accueillir les réfugiés". Sinon, l'exode vers l'Europe va s'accentuer avec le triste nombre de morts dans le désert et en Méditerranée", ajoute-t-il.

De plus, le prêtre érythréen qui a été nommé pour le prix Nobel de la paix 2015 "souhaite que des efforts diplomatiques soient faits pour inciter le gouvernement éthiopien à protéger les droits de ces migrants afin d'accorder des permis de séjour à ceux qui vivent en dehors des camps de réfugiés".

Les civils n'étant plus hébergés dans les camps de réfugiés, "de nombreuses femmes et enfants sans protection et sans logement sont particulièrement exposés aux dangers de l'urgence coronavirus", observe le père Mussie dans le rapport du 14 novembre de l'Agenzia Fides, le service d'information de la Propaganda Fide du Vatican.

Pays enclavé, l'Éthiopie abrite environ 769 000 réfugiés érythréens fuyant la persécution du régime autoritaire du président Isaias Afewerki. Ce régime se caractérise par un service national forcé d'une durée indéterminée, le travail forcé et la détention illégale, entre autres pratiques qui constituent des violations des droits de l'homme.

Au-delà de l'enregistrement et de la reconnaissance du statut des réfugiés, qui assurerait leur protection, le Père Mussie dit en référence aux réfugiés : "Il faut leur garantir des matériaux (nourriture, abri, etc.) pour leur protection ainsi qu'une aide médicale et psychologique".

Plus en Afrique

Exprimant sa reconnaissance au gouvernement local et aux paroisses pour avoir été "très accueillantes, d'un grand soutien et pour avoir collaboré dans un esprit fraternel avec les réfugiés", le clerc érythréen qui a été ordonné prêtre en 2010 déplore : "La situation sur le site est cependant dramatique".

Parmi la myriade de défis auxquels sont confrontés les réfugiés érythréens au Tigré, le prêtre dit : "La situation la plus critique est celle des mineurs. Beaucoup d'entre eux sont livrés à eux-mêmes. Ils n'ont personne pour les aider. Ils ne vont pas à l'école, ils boivent de l'alcool, fument, et beaucoup de filles tombent enceintes".

"Les mineurs doivent être aidés à grandir avec des principes solides. J'appelle toutes les institutions du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et le gouvernement éthiopien à activer tous les outils utiles pour alléger les souffrances de ces réfugiés très vulnérables", déclare le père Mussie dans le rapport du 14 novembre.

En septembre, le père Mussie a souligné la situation critique des réfugiés érythréens en Éthiopie, affirmant qu'ils ont été rejetés et sont devenus "victimes d'exploitation, de prostitution et de privations". Il a appelé l'UE à s'efforcer de traiter les réfugiés avec dignité.

Mercy Maina