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Les dirigeants chrétiens du Nigeria demandent au président de la république de protéger l'évêque catholique de Sokoto

Mgr Hassan Kukah Mgr Hassan Kukah

Les dirigeants chrétiens du Nigeria demandent au président de protéger Mgr Matthew Hassan Kukah dont le message de Noël a suscité des controverses dans ce pays d'Afrique occidentale, certains milieux l'accusant de "crimes très graves".

"Nous demandons au président Muhammadu Buhari et à toutes les agences de sécurité de veiller à ce qu'aucun mal ne soit fait à l'évêque catholique du diocèse de Sokoto, Mgr Hassan Kukah", déclare la direction de l'Association chrétienne du Nigeria (CAN) dans un message du jeudi 14 janvier vu par ACI Afrique.

Les responsables de la CAN ajoutent : "Nous en avons assez des effusions de sang dans le pays et nous appelons les agences de sécurité à assumer leurs responsabilités constitutionnelles. Rien ne doit arriver à Mgr Matthew Hassan Kukah !"

Dans son message de Noël de cinq pages publié le 25 décembre, l'évêque Kukah critique le gouvernement dirigé par Muhammadu Buhari dans un contexte de multiples cas d'insécurité dans certaines parties de la nation la plus peuplée d'Afrique, caractérisé par des enlèvements et des meurtres.

Distribué sous le titre "Une nation en quête de justification", Mgr Kukah, dans le message en neuf points, a déclaré : "Le président Buhari a délibérément sacrifié les rêves de ceux qui ont voté pour lui à ce qui semblait être un programme visant à stratifier et à institutionnaliser l'hégémonie du Nord en réduisant les autres dans la vie publique à un statut de seconde classe".

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Suite à ce message, Mgr Kukah a essuyé des tirs de différents milieux, avec le groupe islamique Jama'atu Nasril Islam (JNI), qui a prétendu que le message de Noël était une attaque contre l'Islam.

Le mardi 12 janvier, le Forum de solidarité musulmane (MSF) a demandé à Mgr Kukah de présenter des "excuses sans réserve" à l'ensemble de la Oummah musulmane pour ses récents "commentaires malveillants" contre l'Islam.

"Nous demandons à Kukah de cesser immédiatement ses vitupérations malveillantes contre l'Islam et les musulmans et de présenter des excuses sans réserve à la Oummah musulmane ou bien de quitter rapidement et discrètement le siège du Califat", a déclaré le président en exercice du Forum, le professeur Isa Muhammad Maishanu, lors d'une conférence de presse le 12 janvier.

En réponse, l'évêque de Sokoto a demandé des éclaircissements sur ses fautes spécifiques en disant : "Je suis prêt à m'excuser si on me montre où j'ai insulté l'Islam."

"Dans tous mes écrits de ces quarante dernières années ou plus, je n'ai jamais écrit un seul article ou document sur l'Islam en tant que religion. S'il y a un érudit quelque part qui le sait, qu'il le dise", a déclaré l'évêque Kukah lors d'une interview le mercredi 13 janvier.

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Dans leur déclaration du 14 janvier signée par le secrétaire général de la CAN, Joseph Daramola, les dirigeants chrétiens notent que ce que Mgr Kukah a dit dans son homélie de Noël "était encore dans l'ambiance de la loi".

"Nous avons étudié l'ensemble du message de Noël de Mgr Kukah et nous n'avons encore vu aucune incitation contre l'Islam ou les non-chrétiens", disent les responsables du CAN et ajoutent : "Nous ne voyons rien de mal dans son message à la nation qui a été assiégée par des terroristes, des tueurs de bergers, des bandits et des kidnappeurs comme s'il n'y avait pas de gouvernement en place".

De plus, les responsables du forum interconfessionnel dont les membres incluent le Secrétariat catholique du Nigeria (CSN) disent qu'ils ne voient "rien de mal à dire toute la vérité à un gouvernement dont les nominations déséquilibrées sont contre les chrétiens".

"Quand est-ce devenu un délit de dire la vérité au pouvoir ? Quand est-ce devenu un crime de critiquer un gouvernement dans le pays ? Quand les droits fondamentaux légaux de l'homme ontils été suspendus dans le pays ? Quand certains articles de la Constitution ont-ils été suspendus à l'insu du public ? "Les dirigeants chrétiens enquêtent dans leur déclaration.

Ils poursuivent : "Si la critique d'un président musulman aujourd'hui est une incitation à la violence contre l'Islam, cela signifie alors que ceux qui critiquaient le duo des anciens présidents Olusegun Obasanjo et Goodluck Jonathan quand ils étaient au pouvoir attaquaient en fait le christianisme".

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Dans leur déclaration, les chefs religieux se demandent : "Si les groupes musulmans qui menacent de traiter avec Mgr Kukah obtiennent une réponse égale de leurs homologues chrétiens, n'allons-nous pas mettre le pays sur fire ?"

Les dirigeants chrétiens dénoncent ce qu'ils disent être des groupes qui menacent Mgr Kukah "avec fire et du soufre alors que toutes les agences de sécurité concernées font comme si rien d'inhabituel ne se passait" et se demandent si ces individus "sont au-dessus de la loi ou s'ils sont des vaches sacrées dans le pays".

Ils s'interrogent : "Depuis quand la police et la direction des services de sécurité de l'État ont-elles perdu leur pouvoir face aux mécréants et aux anarchistes qui se vantent de leur anarchie sans contestation ? 

"Mgr Kukah a été affecté à Sokoto par la papauté et le menacer de partir est une menace globale pour le christianisme", déclarent les dirigeants chrétiens et ajoutent : "Il est grand temps que ceux qui se cachent sous des sentiments religieux pour promouvoir la violence et les crises cessent de le faire si nous voulons que ce pays progresse".

Mercy Maina