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Les évêques du Congo Brazzaville expriment de "sérieuses réserves" sur l’élection présidentielle

Les membres de la Conférence épiscopale du Congo Brazzaville Photo de courtoisie Les membres de la Conférence épiscopale du Congo Brazzaville
Photo de courtoisie

Les évêques catholiques de la République du Congo (Congo Brazzaville) ont, dans une déclaration collective, exprimé de "sérieuses réserves" sur l'élection présidentielle prévue pour le 21 mars.

Dans leur déclaration du mardi 2 février, les membres de la Conférence épiscopale du Congo Brazzaville (CEC) affirment que les restrictions de COVID-19 et un système électoral médiocre sont susceptibles de miner la crédibilité du scrutin.

"Nous avons de sérieuses réserves quant à la possibilité d'organiser une élection présidentielle pacifique, participative, transparente, libre et crédible dans les conditions actuelles, conscients du rôle clé que des élections crédibles peuvent jouer dans la construction d'une nation", déclarent les membres de la CEC dans leur déclaration obtenue par ACI Afrique.

Le 14 janvier, les responsables de la commission électorale du Congo Brazzaville ont annoncé que l'élection présidentielle aurait lieu le 21 mars. Le président sortant, Denis Sassou Nguesso, devrait se présenter pour un quatrième mandat en vue de prolonger son règne de 36 ans sur la nation centrafricaine.

Parmi ses principaux rivaux, on trouve Mathias Dzon, qui a été ministre des finances de 1997 à 2002, et Guy-Brice Parfait Kolélas, qui a terminé deuxième de l'élection présidentielle très disputée de 2016 remportée par Sassou Nguesso, selon Africanews.

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Dans leur déclaration collective du 2 février, publiée après leur assemblée extraordinaire du 26 au 28 janvier, les évêques catholiques affirment qu'il sera difficile d'organiser des élections crédibles avec les mesures préventives COVID-19 encore en vigueur.

"La loi électorale exige que le dépouillement des bulletins de vote soit public. Comment cette exigence de transparence peut-elle être satisfaite avec un couvre-feu à 20 heures ?" posent les membres de la CEC. 

Ils posent en outre la question suivante : "Comment pouvons-nous maintenir toutes les mesures de lutte contre l'infection et organiser les rassemblements de masse nécessaires à une campagne électorale libre? 

"La population congolaise a de moins en moins confiance dans le système électoral existant", affirment les membres de la CEC, ajoutant que "certaines personnes décédées ont été inscrites sur la liste électorale et les organes de contrôle des élections n'ont pas encore fait la preuve de leur indépendance".

Ils continuent d'exprimer leurs réserves à propos du scrutin en disant : "Nous craignons que les résultats de ces élections ne soient à nouveau contestés et que ces contestations ne servent de prétexte à des fauteurs de troubles. ”

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En raison de l'échec de l'établissement d'un cadre consensuel pour l'organisation des dernières élections, les évêques déclarent : "Les zones plus peuplées sont maintenant sous-représentées à l'Assemblée nationale, tandis que les zones moins peuplées sont surreprésentées. Et beaucoup des problèmes découlant de ces élections n'ont pas été résolus à ce jour, et cela va se reproduire".

"Notre peuple est fatigué de ces élections, qui affaiblissent la cohésion sociale et ternissent l'image de notre pays à l'étranger", ajoutent les membres de la CEC.

Ils ajoutent : "Si nous ne prenons pas conscience des maux qui minent la gouvernance électorale dans notre pays depuis quelques décennies, nous risquons que les mêmes causes produisent les mêmes effets".

Dans la déclaration de onze pages signée par les dix évêques représentant neuf diocèses de la nation centrafricaine, les évêques catholiques expriment leurs regrets concernant les changements apportés au Conseil national pour le dialogue et rappellent leurs précédentes déclarations collectives. 

"La Concertation Madingou a remplacé le Conseil national du dialogue, mais nous continuons à croire que le dialogue politique le plus large possible est le moyen le plus approprié pour reconstruire notre Nation sur des bases institutionnelles et morales consensuelles, comme nous l'avons déjà exprimé dans nos messages de 2016 et 2018", disent-ils.

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Ils ordonnent que "les conclusions résultant de ce dialogue ... garantissent que le pouvoir judiciaire soit enfin indépendant du pouvoir exécutif, comme l'a décidé la Conférence nationale souveraine.”

Pour eux, "seul un pouvoir judiciaire indépendant est en effet capable de défendre les droits de chacun et de lutter efficacement contre la corruption".

Pour aller de l'avant, les membres de la CEC appellent le peuple de Dieu du pays à "former une chaîne de prière pour la paix, le bien-être social, l'ouverture d'un véritable dialogue, la libération de tous les prisonniers politiques de notre pays". 

Ils invitent le peuple de Dieu à ne pas avoir peur mais au contraire "à ouvrir grand ses portes au Christ Rédempteur, à entrer dans une grande espérance, comme nous y a invités le Pape Jean-Paul II au début de son pontificat". 

Les évêques exhortent en outre le citoyen du Congo Brazzaville à s'engager "à construire une nation démocratique libre et prospère". 

Les dirigeants des Eglises poursuivent en appelant la communauté internationale et les partenaires au développement à "conditionner toute forme de coopération à l'exigence de démocratie, au respect des droits de l'homme et à l'existence d'un espace civique favorable garantissant la participation des citoyens".

"Que le Seigneur préserve notre pays de tout mal, qu'il inonde de sa paix le cœur du peuple congolais et que la Vierge Marie, Notre-Dame de la Paix et Saint Joseph, Père protecteur du Seigneur, intercède pour notre pays auprès de Jésus-Christ, le Sauveur de l'humanité", implorent les évêques dans leur message collectif du 2 février.

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.