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Au Soudan du Sud, un évêque demande au gouvernement de réorganiser l’armée et d'éliminer les militants

Mgr Eduardo Hiiboro Kussala, évêque du diocèse de Tombura-Yambio au Soudan du Sud Ruru Gene : Diocèse de Tombura-Yambio. Mgr Eduardo Hiiboro Kussala, évêque du diocèse de Tombura-Yambio au Soudan du Sud
Ruru Gene : Diocèse de Tombura-Yambio.

L'évêque catholique de Tombura-Yambio, au Soudan du Sud, a appelé le gouvernement d'unité nationale de transition revitalisé (R-TGoNU) à réorganiser les forces armées sous un commandement et un contrôle uniques afin de parvenir à une paix durable dans ce pays d'Afrique centrale et orientale.

Dans une déclaration obtenue par ACI Afrique jeudi 11 février, Mgr Edward Hiiboro Kussala déclare qu'il y a un danger dans le pays à opérer sous différents commandants, certains groupes armés travaillant toujours en dehors de l'armée.

"Je veux appeler le gouvernement du Soudan du Sud à donner la priorité aux soins, à l'entretien, à l'organisation et au développement des hommes et des femmes en uniforme", déclare Mgr Hiiboro dans sa déclaration du 10 février.

Il ajoute : "Nous n'avons pas un seul commandant en chef dans ce pays et c'est non seulement très dangereux mais aussi très effrayant".

"Je supplie les personnes concernées de bien vouloir se dépêcher de réorganiser l'armée ; de se dépêcher et de réorganiser les différentes forces armées afin que nous ayons confiance que notre pays est protégé et que nos vies et celles des femmes et des enfants sont protégées", déclare l'évêque sud-soudanais.

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Expliquant son appel aux autorités du pays, Mgr Hiiboro souligne que la stabilité politique de la nation de neuf ans, la coexistence pacifique des peuples et la mise en œuvre de la justice sont les résultats clés de "la réorganisation, du maintien et des soins des hommes et des femmes en uniforme".     

"S'ils (les soldats) sont organisés, ils rempliront efficacement leur rôle de protection des personnes, d'application de la justice et de l'ordre dans notre pays", dit-il, et explique : "Les laisser (les soldats) dans un état chaotique comme c'est le cas actuellement, c'est en fait laisser le pays à la merci de la désorganisation, de la confusion, de la violence et de l'anarchie".

Mgr Hiiboro révèle : "Je suis toujours conscient que tant de groupes qui avaient pris les armes n'ont pas encore rendu les armes ; ils tiennent encore leurs armes".

L'Ordinaire de Tombura-Yambio poursuit en disant que les différentes catégories de personnes qui ont pris les armes contre le gouvernement, apportant beaucoup de souffrances à des innocents "tiennent encore des armes aujourd'hui".

"Ils sont toujours dans leurs groupes ; ils ont toujours leurs commandants, ils ont toujours leurs leaders", dit-il en référence aux militants du pays.

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"Pourquoi avons-nous besoin de militaires, de policiers, de gardiens de prison, de rangers, de personnel de sécurité, de ces gens ? l'évêque qui aura 57 ans le mois prochain sonde.

Il propose : "Nous en avons besoin (des forces) parce que les gens qui vivent dans ce pays ont besoin d'être protégés, guidés, soutenus ; les gens de ce pays ont besoin que leur vie soit mise en ordre".

En outre, le berger du diocèse catholique de Tombura-Yambio lance un appel pour que les forces armées reçoivent les ressources nécessaires pour mener une vie décente "afin qu'elles ne soient pas tentées d'aller au-delà de leurs propres devoirs".

"Je suis tellement conscient que la plupart de nos soldats souffrent de la faim ; la plupart d'entre eux n'ont pas de maison décente pour vivre ; ils n'ont pas de soutien médical approprié ; ils n'ont pas d'assurance pour leur famille et ils manquent de tant d'autres produits de première nécessité," dit Mgr Hiiboro.

Aux dirigeants politiques du Soudan du Sud, il dit : "Je demande donc à notre gouvernement et à tous ceux qui sont concernés, surtout en ce moment où nous avons un gouvernement d'unité nationale, que si nous pouvons donner la priorité à la réorganisation de notre armée, alors nous rendrons justice à cette nation".

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Une partie essentielle de l'Accord revitalisé sur la résolution du conflit au Sud Soudan (R-ARCSS) qui n'a pas été mise en œuvre est la consolidation de l'armée et des forces d'opposition en une seule armée. 

Une armée unifiée qui respecte les normes internationales en matière de droits de l'homme est nécessaire pour une paix durable et viable.

Le manque de moyens financiers a empêché les cadets d'obtenir leur diplôme et les soldats d'être déployés. Il y a même eu de multiples rapports de troupes abandonnant leurs postes dans les garnisons et les centres d'entraînement en raison d'un manque de nourriture et de fournitures de base, ce qui confirme que le gouvernement pourrait avoir besoin d'un soutien extérieur.

Le désarmement, la démobilisation et la réintégration ont également été entravés par des tensions liées à la crainte que ce processus ne soit sélectif ou autrement biaisé. 

L'échec du lancement de ces processus constitue une menace sérieuse pour la mise en œuvre du R-ARCSS et une transition réussie vers l'ordre et la paix au Sud Soudan, déclare Mgr Hiiboro.

"Le danger dont je vous mets en garde et qui m'inquiète est que si l'armée et les forces organisées ne sont pas en ordre ou si elles utilisent les armes qu'elles ont contre les civils, punissant et humiliant les civils, alors la tentation est grande que les civils ne continuent pas à persévérer et donc qu'ils prennent eux aussi les armes," dit-il.

Remerciant les soldats, il dit : "Je vous supplie de continuer à être loyal envers votre pays en protégeant la vie des gens que nous avons... Je vous supplie aussi de ne pas retourner les armes que vous tenez contre vos frères et sœurs".

S'adressant aux militaires du Soudan du Sud, Mgr Hiiboro ajoute : "Retenez-vous et continuez à vous battre pour que les bonnes choses soient faites pour vous au sein de ces institutions".

Peter Mapuor Makur