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Au Nigeria, l’épiscopat lance un appel à la prudence et demande une action urgente contre l’insécurité

Le président de la Conférence des évêques catholiques du Nigeria (CBCN), Mgr Augustine Akubueze Obiora Photo de courtoisie Le président de la Conférence des évêques catholiques du Nigeria (CBCN), Mgr Augustine Akubueze Obiora
Photo de courtoisie

Les évêques catholiques du Nigeria ont, dans une déclaration collective en début de semaine, mis en évidence les multiples crises qui secouent la nation ouest-africaine et ont appelé à une action urgente de peur que le pays ne s'effondre.

Dans leur déclaration du mardi 23 février envoyée à l'ACI Afrique le 25 février, les membres de la Conférence des évêques catholiques du Nigeria (CBCN) soulignent que les assassinats, le banditisme, les vols à main armée, les enlèvements et les meurtres font partie des "crises persistantes" dans le pays parallèlement à la pandémie de COVID-19.

"Nous sommes vraiment au bord d'un effondrement imminent. La nation est en train de s'effondrer", déclare le CBCN.

"La clameur de la légitime défense gagne rapidement du terrain", expliquent-ils, ajoutant : "De nombreux champions ethniques battent bruyamment les tambours de la guerre, appelant non seulement à une plus grande autonomie, mais même à se retirer carrément d'une nation dans laquelle ils ont perdu toute confiance et tout sentiment d'appartenance".

Les évêques poursuivent en faisant référence aux Nigérians : "Beaucoup ont renoncé à la viabilité et même à l'opportunité du projet du Nigéria en tant que pays uni". 

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L'insécurité, qui se manifeste clairement par des pertes humaines et matérielles considérables, a donné l'impression que les dirigeants du pays sont "soit incapables - ou pire encore, peu désireux - d'assumer les responsabilités de leur fonction", affirment les évêques dans leur déclaration collective signée par le président et le secrétaire du CBCN, respectivement l'archevêque Augustine Akubueze et l'évêque Camillus Raymond.

Ils notent "avec une profonde tristesse" l'insécurité dans l'État du Niger, en disant que les développements dans la région "exposent notre vulnérabilité collective".

Le 14 février, une bande de bandits armés a enlevé 53 passagers dans le village de Kundiu, dans l'État du Niger. Les passagers, dont 20 femmes et 9 enfants, auraientétélibérés le 22 février.   

Lors d'un autre incident, des bandits ont pris d'assaut l'école secondaire scientifique publique du district de Kagara, dans l'État, et auraient enlevé 47 étudiants, trois membres du personnel et 12 membres de leur famille. Les personnes enlevées n'ont toujours pas été secourues.

Faisant référence à l'insécurité dans divers États nigérians, dont l'État du Niger, les membres du CBCN affirment qu'il y a "un besoin urgent d'une stratégie claire entre les agences de sécurité fédérales et les gouvernements des États pour mettre fin à la tragédie à laquelle nous sommes confrontés".

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Pour aller de l'avant, les évêques catholiques du Nigeria recommandent "une réunion formelle d'hommes et de femmes d'État de tous bords pour que nous réfléchissions aux défis qui semblent prêts à nous pousser dans l'abîme".

Ils appellent le gouvernement dirigé par le président Muhammadu Buhari à "se montrer à la hauteur de son obligation de gouverner la nation ; nit selon les préjugés ethniques et religieux mais selon les principes objectifs et positifs de la justice, de l'équité et, surtout, de l'impartialité".

Selon les dirigeants de l'Église catholique, ce n'est pas trop demander au peuple de Dieu de la nation ouest-africaine d'exiger du président "la sincérité tant dans le domaine public que privé".

Ils demandent aux dirigeants politiques du pays de créer un espace de dialogue avec les individus et les groupes et d'être ouverts à la critique. 

Les membres du CBCN affirment en outre que les Nigérians doivent aussi dialoguer entre eux à travers les diversités et identités qui les caractérisent. 

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"Les groupes ethniques et religieux doivent trouver un moyen de se rassembler pour faire face à nos défis communs", disent-ils.  

Reconnaissant que la construction d'une nation unie et prospère sous l'égide d'un Dieu unique a un coût, les membres du CBCN exhortent tous les Nigérians à "chercher un but commun avec la sincérité de l'esprit".

"En tant qu'individus et groupes, nous devrions être prêts à faire les sacrifices nécessaires qui nous permettraient de mieux gérer nos différences et de les transformer en une force positive plutôt que négative", affirment les évêques. 

Ils appellent le peuple de Dieu de la nation d'Afrique de l'Ouest à prier et à travailler pour la réalisation d'un "Nigeria unique sous Dieu où le principe du bien commun sera pensé et consacré". 

"Nous nous soumettons aux directives de Dieu le Père tout-puissant pour nous remplir de la sagesse et du courage nécessaires pour nous retirer de ce bord de l'effondrement", déclarent les membres du CBCN dans leur déclaration collective partagée avec l'ACI Afrique le 25 février.