Le pape François aux prêtres lors de la messe chrismale : "La croix n'est pas négociable"

Lors de la messe offerte à l'autel de la Chaire de la basilique, le pape a souligné que la croix était présente dans la vie du Seigneur "depuis le tout début".

"Elle est là dans la persécution d'Hérode et dans les épreuves endurées par la Sainte Famille, comme celles de tant d'autres familles obligées de vivre en exil de leur patrie", a-t-il dit.

Le pape a également expliqué comment "à maintes reprises dans les Évangiles" la prédication de Jésus est accueillie par l'envie, le rejet et le mépris.

"La proximité de Jésus, qui dîne avec les pécheurs, gagne des cœurs comme ceux de Zachée, de Matthieu et de la Samaritaine, mais elle éveille aussi le mépris chez les bien-pensants", a déclaré François.

La présence de la croix tout au long de la vie et de la prédication du Seigneur "nous fait comprendre que la croix n'est pas une réflexion après coup, quelque chose qui est arrivé par hasard dans la vie du Seigneur", a déclaré le pape. 

"Il est vrai que tous ceux qui crucifient les autres au cours de l'histoire feraient apparaître la croix comme un dommage collatéral, mais ce n'est pas le cas : la croix n'apparaît pas par hasard."

Le pape François a affirmé que les simples circonstances ne conditionnaient pas le pouvoir salvateur de la croix.

" Pourquoi le Seigneur a-t-il embrassé la croix pleinement et jusqu'au bout ? Pourquoi Jésus a-t-il embrassé toute sa Passion : sa trahison et son abandon par ses amis après la Cène, son arrestation illégale, son procès sommaire et sa condamnation disproportionnée, la violence gratuite et injustifiable avec laquelle il a été battu et craché ? Si les circonstances avaient conditionné la puissance salvatrice de la croix, le Seigneur n'aurait pas tout embrassé. Mais quand son heure est venue, il a embrassé la croix pleinement. Car sur la croix, il ne peut y avoir aucune ambiguïté ! La croix n'est pas négociable", a-t-il déclaré.

Le pape a partagé une histoire avec les prêtres, un souvenir de sa propre expérience dans le ministère sacerdotal en Argentine.

"Une fois, dans un moment très sombre de ma vie, j'ai demandé au Seigneur la grâce de me libérer d'une situation difficile et complexe. Un moment sombre", a-t-il déclaré.

"Je devais prêcher les Exercices spirituels à des religieuses, et le dernier jour, comme c'était la coutume à l'époque, elles sont toutes allées se confesser. Une sœur âgée est venue ; elle avait un regard clair, des yeux pleins de lumière - une femme de Dieu. "

"A la fin de la confession, j'ai ressenti l'envie de lui demander une faveur, alors je lui ai dit : 'Sœur, comme pénitence, priez pour moi car j'ai besoin d'une grâce particulière'.... Si tu la demandes au Seigneur, sûrement il me la donnera'".

"Elle s'est arrêtée un instant et semblait prier, puis m'a regardé et m'a dit : 'Le Seigneur vous donnera certainement cette grâce, mais ne vous y trompez pas : il vous la donnera à sa manière divine'".

Le pape François a conclu : " Cela m'a fait beaucoup de bien, d'entendre que le Seigneur nous donne toujours ce que nous demandons, mais qu'il le fait à sa manière divine. Cette voie implique la croix, non pas pour le masochisme, mais pour l'amour, l'amour jusqu'au bout. "