Advertisement

L'épiscopats zambien refuse le fonds gouvernemental d'autonomisation des églises et en donnent les raisons.

Le président de la Conférence des évêques catholiques de Zambie (ZCCB), Mgr George Cosmas Zumaire Lungu. Le président de la Conférence des évêques catholiques de Zambie (ZCCB), Mgr George Cosmas Zumaire Lungu.

Les évêques catholiques de Zambie ont refusé de bénéficier du "Church Empowerment Fund" (CEF) mis en place par les dirigeants du pays pour aider les églises à faire face aux difficultés financières liées aux restrictions du COVID-19.

Dans une déclaration diffusée dimanche 4 avril, le président de la Conférence des évêques catholiques de Zambie (ZCCB), Mgr George Cosmas Zumaire Lungu, explique les "principales raisons" pour lesquelles les membres de la ZCCB ont décliné l'offre du gouvernement.

"La pandémie de COVID-19 s'est accompagnée de ses propres défis. En tant qu'église, nous n'avons pas été épargnés... Avec la réduction des activités spirituelles et des rassemblements, les revenus pour gérer les affaires de l'église ont été affectés de manière négative", déclare l'évêque Lungu dans la déclaration du 4 avril obtenue par ACI Afrique.

Les évêques catholiques de Zambie, dit Mgr Lungu, "ont pris la décision de refuser de recevoir ou d'accéder à ces fonds", qui s'élèvent à 50 millions de Kwacha zambiens (K) (2,26 millions de dollars US).

L'une des raisons de ce refus est le moment de l'offre, qui, selon l'évêque Lungu, suscite des inquiétudes car elle intervient pendant la période électorale.

Advertisement

"Le timing de toutes ces initiatives laisse place à la spéculation. Il se peut que ce soit une pure coïncidence que tout cela se produise pendant la [période] électorale. Cependant, il y a certainement un soupçon de stratégie politique au service des donateurs", déclare l'Ordinaire local du diocèse de Chipata en Zambie.

Il ajoute, en se référant au CEF : "Nous pouvons lui accorder le bénéfice du doute, mais la vérité finira par nous libérer. En tant que tel et en vue de maintenir la position non partisane et prophétique de l'Eglise, nous avons jugé juste et approprié de décliner l'offre à l'approche des élections générales du 12 août".

Une autre raison pour laquelle nous avons décliné l'offre est que la source des fonds "n'est pas très claire (et) n'est pas très bien connue", déclare l'évêque zambien dans la déclaration intitulée "Maître, vous ne vous souciez pas ? Nous descendons", une inspiration de l'Évangile selon saint Marc.

"Les gens doivent savoir d'où vient cet argent et comment il va être comptabilisé", déclare le président de la ZCCB et pose la question suivante : "Nous avons eu tant de fonds d'autonomisation donnés à divers individus et groupes, qui suit l'utilisation de ces fonds et est-ce la meilleure façon d'autonomiser notre peuple, y compris l'Église ?"

Dans la déclaration de trois pages datée du 2 avril, l'évêque zambien souligne la nécessité d'"une manière explicite et transparente d'utiliser les fonds publics".

Plus en Afrique

"Compte tenu des principes de justice sociale et de l'option préférentielle pour les pauvres, l'Église préfère voir le même argent être canalisé vers d'autres domaines de besoins", indique Mgr Lungu, donnant une autre raison à la décision des membres de la ZCCB de refuser le CEF.

Il poursuit en soulignant certains domaines dans lesquels les dirigeants du pays pourraient canaliser les fonds, notamment le service de la "dette énorme" du pays, le règlement des cotisations des retraités "qui attendent désespérément depuis ... de nombreuses années" et le paiement des neuf mois d'arriérés de salaire des employés du conseil municipal de Chipata.

Les évêques catholiques de Zambie souhaiteraient également que les fonds soient canalisés vers le secteur de la santé afin de faciliter la fourniture de "médicaments essentiels et d'autres produits en quantité suffisante" et d'employer des professionnels de la santé sans emploi "afin de leur donner les moyens d'agir, de sorte qu'ils puissent à leur tour soutenir l'Église".

Dans la déclaration adressée à ses "prêtres, religieux et religieuses bien-aimés, ainsi qu'aux fidèles laïcs", l'évêque Lungu déplore le mauvais état de diverses routes et infrastructures connexes dans la province orientale du pays et déclare : "Si les fonds peuvent être canalisés vers de tels projets, cela permettra à notre peuple de bénéficier de meilleures routes et de meilleurs services pendant longtemps".

L'évêque de 61 ans a également déclaré que les membres de la ZCCB souhaitent que le gouvernement zambien tienne sa promesse de réduire les frais facturés aux organisations qui bénéficient au public, comme l'Église, ce qui entraînera une réduction des frais d'immigration pour les missionnaires et les bénévoles laïcs.

Advertisement

"En tant qu'Eglise, nous avons négocié avec le gouvernement depuis l'augmentation des frais d'immigration, où un permis temporaire pour les prêtres missionnaires, les sœurs et les bénévoles laïcs coûtera 21 210 kwacha (961 dollars US), contre 3 230 kwacha (146 dollars US) auparavant, et le permis de renouvellement coûtera désormais 18 550 kwacha zambiens (840 dollars US), contre 2 200 kwacha (100 dollars US) auparavant", dit-il.

L'évêque poursuit en soulignant le travail des missionnaires qui "endurent des difficultés pour fournir des soins pastoraux à de nombreux Zambiens dans le besoin" dans les zones rurales du pays et note qu'"une meilleure et durable autonomisation de l'Église serait de l'exempter du paiement de frais élevés sur les questions d'immigration ainsi que d'autres formes de taxes".

"Dans la mesure où nous avons besoin de ces fonds pour gérer les affaires de l'Église, nous demandons humblement au gouvernement de considérer ce qui précède comme une forme d'autonomisation qui allégera le fardeau de nos concitoyens", déclare l'évêque Lungu dans la déclaration en six points.

Acheminer les fonds vers les causes suggérées "sera une autre forme d'autonomisation de l'Église, en gardant à l'esprit que ces mêmes citoyens, nos membres, sont directement responsables du soutien de l'Église et de son clergé", réitère-t-il.

"Compte tenu de ce qui précède et à la lumière de la décision de la ZCCB, je souhaite demander aux institutions ou organisations catholiques, aux paroisses ou aux mouvements laïcs du diocèse de Chipata de ne pas accéder à ces fonds par l'intermédiaire du ministère de l'Orientation nationale et des Affaires religieuses ou par d'autres moyens", a déclaré Mgr Lungu.

Il exprime sa reconnaissance pour la générosité de "tous les amis du temps qui ont été si généreux tout le temps pour soutenir notre église locale, que ce soit pendant ou en dehors de la période électorale" et les encourage à continuer.

Il poursuit en mettant en garde le peuple de Dieu sous sa responsabilité pastorale contre "ces dons, qui sont suivis par des caméras et des discours et qui apparaissent soit sur le diffuseur national, soit sur des médias privés, souvent avec des connotations politiques."

"Il convient également de noter que nous devons éviter de solliciter certains financements tout en capitalisant sur la campagne de générosité des visiteurs, en particulier lors des rassemblements liturgiques", ajoute-t-il.

Il ajoute, en faisant référence à l'Évangile selon Saint Marc, "Bien que nous ayons besoin de fonds pour gérer les affaires de l'église, notre Seigneur ne nous permettra pas de nous noyer dans les mers des défis du COVID-19 mais avec Lui à bord, le temps du calme arrivera sûrement comme l'aube d'un nouveau jour."

"Laissez votre conscience bien informée et formée, qui est la voix de Dieu, être votre dernier consultant sur ce qu'il faut faire en ce qui concerne le bien-être de notre peuple, indépendamment de l'affiliation politique et religieuse", dit Mgr Lungu.

Mercy Maina