Advertisement

En RD Congo, un évêque met en garde les politiciens régionaux contre les "querelles et débats stériles".

Mgr Donatien Bafuidinsoni, évêque du diocèse d'Inongo, en RD Congo. Mgr Donatien Bafuidinsoni, évêque du diocèse d'Inongo, en RD Congo.

L'évêque du diocèse d'Inongo, en République démocratique du Congo (RDC), a mis en garde les politiciens de la province de Mai-Ndombe, qui relève de son siège épiscopal, contre la tendance à s'engager dans des "querelles et débats stériles".

Dans sa déclaration du 1er mai obtenue par ACI Afrique, Mgr Donatien Bafuidinsoni se dit préoccupé par la concentration des politiciens sur leurs gains égoïstes au lieu de défendre des initiatives de développement qui peuvent bénéficier aux habitants de la province créée en 2015. "Nous sommes étonnés que, face aux grands enjeux et défis actuels du développement, la classe politique provinciale choisisse de se livrer à des querelles et des débats stériles, alors même que la situation socio-économique de la population ne fait que se dégrader de jour en jour", déclare Mgr Bafuidinsoni. 

Il ajoute : "En effet, sans vision commune, nos politiciens passent la plupart de leur temps à défendre leurs propres intérêts et ceux de leur parti et de leurs sponsors ; à se battre pour un poste ; à être corrompus par des tireurs de ficelles et des pêcheurs en eaux troubles qui prennent toute la province en otage. On peut donc se demander s'ils ont vraiment été élus pour représenter le peuple."

Le laxisme des politiciens dans le pilotage du développement "est attesté par l'absence de structures de base, de routes, de commerces, d'accès à l'eau potable, d'électricité, d'une université ou d'instituts supérieurs dignes de ce nom", affirme l'évêque congolais.

"Pas même un seul petit centre de santé n'a été construit par le gouvernement provincial depuis que le Maï-Ndombe est devenu une province ! Dans une province riche en bois, il est scandaleux de voir des élèves assis à même le sol dans des salles de classe en paille", déplore l'Ordinaire d'Inongo. 

Advertisement

Il poursuit en affirmant que "ces derniers temps, il règne un climat de tension et de division à tous les niveaux et au sein de la population de la capitale provinciale, alimenté par certains acteurs politiques à la recherche d'un poste, d'une popularité ou d'une ambition démesurée qui se transforme en obsession de l'exercice du pouvoir."

"Cette situation peut exploser à tout moment et devenir incontrôlable ; il suffit d'une petite étincelle !", affirme le membre de la Compagnie de Jésus (Jésuites), ajoutant que les violences de décembre 2018 àYumbi, dans le Maï-Ndombe, "doivent servir de leçon".

Il exhorte la "population de Maï-Ndombe à rester unie et vigilante afin de faire face à la volonté de diviser et d'enflammer la Province."

Faisant référence à la lettreencycliqueFratelliTutti du pape François, Mgr Bafuidinsoni appelle les habitants de Maï-Ndombe à embrasser la fraternité entre eux et les met en garde contre les politiciens qui cherchent à obtenir un soutien en faisant appel aux désirs et aux préjugés des gens ordinaires plutôt qu'à un discours "sur les véritables problèmes de notre province."

Il appelle également tous les "fils et filles de Maï-Ndombe, chacun à son niveau de responsabilité, à changer profondément la manière dont ils veulent servir ou gérer cette province si telle est la prétendue motivation du discours des uns et des autres."

Plus en Afrique

L'évêque congolais de 58 ans demande aux hommes politiques de la région de "considérer les jeunes à leur juste valeur et de les aider à contribuer efficacement à la construction de la province, car ils valent plus que de nombreux moineaux, donc, ils ne peuvent pas être achetés au bas prix d'une petite frite ou d'une bouteille de bière."

Les politiciens ne devraient pas exciter les jeunes "avec de fausses promesses pour des actions infructueuses ou destructives", souligne-t-il.

"Sans manipuler et instrumentaliser la population, recherchez la paix et utilisez la voix de la sagesse pour résoudre les dissensions éventuelles", dit l'évêque, ajoutant que les dirigeants politiques doivent "se rappeler qu'ils seront jugés sur la base de la réalisation d'un programme global, et non sur la base de leur obéissance aux dictats des mentors."

Dans sa déclaration du 1er mai, l'évêque qui est à la tête du diocèse d'Inongo depuis mars 2018 exhorte également les journalistes et les utilisateurs des médias sociaux à "veiller à ne pas distiller une haine fratricide entre les filles et les fils de la province."

"Le journalisme éthique et responsable est un moyen efficace de transmettre des messages qui favorisent la paix, la réconciliation et l'amour du travail, seul moyen de parvenir à un véritable développement de la province, qui accuse déjà un retard dans plusieurs domaines", déclare l'Ordinaire local d'Inongo.

Advertisement

Mgr Bafuidinsoni demande également un "audit urgent et sans concession de la gestion des ressources locales et des autres fonds alloués à la province."

Il ajoute : "Il est plus qu'urgent que les autorités, tant au niveau national que provincial, initient des projets de développement pour la province de Mai-Ndombe afin de la sortir de son isolement et de l'obscurité dans laquelle elle risque d'être plongée pour longtemps si l'on n'y prend garde."

" Que la paix offerte par le Seigneur ressuscité caractérise nos actions quotidiennes et nous anime afin que la fraternité et l'unité soient le fondement de notre appartenance à la même province. Confiants en l'avenir, chassons toute peur, toute division et construisons notre chère Province", déclare Mgr Bafuidinsoni.