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Mgr Laurent Dabiré : Au Burkina Faso, les attaques sur les villages deviennent imprévisibles

Parmi les victimes de l'attaque terroriste la plus sanglante depuis le début de la violence islamiste, on trouve aussi des chrétiens/ Crédit : Aide à l'Église en détresse (AED) Parmi les victimes de l'attaque terroriste la plus sanglante depuis le début de la violence islamiste, on trouve aussi des chrétiens/ Crédit : Aide à l'Église en détresse (AED)

Un évêque catholique du Burkina Faso a déclaré que les attaques contre les villages se sont multipliées et sont devenues de plus en plus imprévisibles.  

Dans une interview accordée à la fondation caritative pontificale Aide à l'Église en Détresse (AED) International, Mgr Laurent Dabiré, évêque du diocèse de Dori au Burkina Faso, exprime ses inquiétudes quant à l'insécurité, en particulier lors de la récente attaque du village de Solhan, qui a entraîné la mort d'au moins 160 personnes.

Dans le rapport publié mardi 15 juin et partagé avec ACI Afrique, l'évêque du diocèse de Dori, qui est également président de la Conférence épiscopale du Burkina Faso et du Niger (CEBN), donne son témoignage sur l'attaque du 5 juin.

"Les gens sont sans voix. En particulier ceux qui vivent dans le Sahel, où le massacre a eu lieu, se demandent qui sera la prochaine cible ?"s’interroge Mgr Dabiré.

Selon lui, l'attaque du village de Solhan, vraisemblablement orchestrée par des groupes islamistes, a également fait des victimes chrétiennes.

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"Le nombre exact de victimes n'a pas encore été déterminé, mais les médias font état de 100 à 170 victimes. Parmi elles figurent quatre chrétiens", précise l'évêque, qui décrit le village comme une "communauté chrétienne dynamique".

Selon l'Ordinaire local du diocèse de Dori, la région était devenue de plus en plus instable, ce qui a poussé de nombreuses personnes à fuir avant même l'attaque du village de Solhan.  

"Comme tous les autres Burkinabés qui sont la cible du terrorisme, les chrétiens ont été envahis par la peur. Cependant, en tant que chrétiens, ils ont plus de raisons de craindre une imposition forcée de l'islam. Leur liberté religieuse et même leur vie sont en jeu", explique Mgr Dabiré.

Le chef de l'Église catholique ajoute que ceux qui ont attaqué le village et le motif principal de leur attaque n'ont pas encore été identifiés.

"Qui a mené l'attaque et pour quelle raison n'a pas encore été déterminé. Cependant, l'explication la plus plausible est que ce sont les groupes armés qui terrorisent le pays depuis 2015. C'est une autre de leurs atrocités et leur façon de montrer leur force et de faire parler d'eux", explique l'évêque burkinabé.  

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Il affirme que depuis plusieurs années, les terroristes islamiques attaquent le pays en concentrant leur agression sur les parties nord et est de la nation ouest-africaine, ajoutant : "Le Burkina est devenu la cible. Nous sommes les voisins du Mali et du Niger, des pays qui connaissent des problèmes similaires. Les attaques suivent la logique de la conquête. ”

Mgr Dabiré réfute toutefois les affirmations selon lesquelles il existe un conflit religieux entre chrétiens et musulmans dans le pays.

"Le pays est attaqué par divers groupes qui utilisent l'islam à des fins de propagande ou de mobilisation. L'islam des groupes armés n'est pas l'islam de nos frères. Les musulmans du Burkina sont eux-mêmes des cibles", explique l'évêque.

Tout en plaidant en faveur d'un dialogue interreligieux continu pour mettre fin aux attaques, l'évêque exprime son inquiétude quant aux effets de la guerre sur les communautés, en faisant spécifiquement référence à l'augmentation des cas de déplacement humain.

"Nous devons espérer qu'un dialogue entre les religions puisse aider à résoudre les problèmes du pays. Ce qui vient à l'esprit ici, c'est la question des réfugiés. Au cours des deux derniers mois, leur nombre a augmenté de façon spectaculaire en raison de la reprise des attaques qui ont fait de nombreuses victimes", explique Mgr Dabiré.

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L'évêque burkinabé s'est exprimé sur l'état d'agitation dans la région du Sahel où des attaques ont eu lieu et où des personnes ont perdu la vie et des biens.  

Dans une interview accordée à AED le 24 février, l'évêque Dabiré a noté que malgré toutes les attaques et les combats dans la région du Sahel, les chrétiens poursuivent leurs activités religieuses.  dans un rapport sur la liberté religieuse, AED indique que depuis 2015, les attaques se sont multipliées dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, ce qui en fait l'un des points chauds du djihadisme militant en Afrique.    

Selon le rapport de l'AED, le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays s'élève à plus d'un million parmi les 55 % de musulmans, 24 % de chrétiens et 21 % de pratiquants de religions traditionnelles.

L'AED s'est activement impliquée dans la restauration des personnes tombées aux mains des Militants islamiques au Burkina Faso afin qu'elles retrouvent une vie normale en se concentrant sur des programmes qui atténuent les traumatismes.

Evans Kipkura