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Les quatre sujets de préoccupation pour les évêques catholiques de la RD Congo qui veulent la cohésion nationale

Le Secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), le Père Donatien Ntshole, s'adressant aux journalistes lors d'une conférence de presse dans la capitale de la RDC, Kinshasa, le 21 juin 2021. Crédit : CENCO Le Secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), le Père Donatien Ntshole, s'adressant aux journalistes lors d'une conférence de presse dans la capitale de la RDC, Kinshasa, le 21 juin 2021. Crédit : CENCO

Les évêques catholiques de la République démocratique du Congo (RDC) ont, à l'issue de leur assemblée plénière, mis en évidence quatre défis auxquels le peuple de Dieu de la nation centrafricaine est confronté et qu'ils souhaitent voir relevés pour la réalisation de la cohésion nationale et du développement.

Dans leur déclaration collective publiée lundi 21 juin, les membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) déclarent le 30 juin Journée de prière pour la cohésion et l'unité nationales, affirmant que le peuple congolais est affecté par des défis politiques, économiques, sécuritaires et humanitaires.

En ce qui concerne le statut socio-économique du pays, les évêques catholiques sont préoccupés par le fait que la majorité des Congolais sont confrontés à une "extrême pauvreté".

" Il y a une poignée de compatriotes qui s'enrichissent de manière scandaleuse et sans raison ", déclarent les membres de la CENCO, et ajoutent : " Nous nous demandons si cela n'est pas le résultat de la corruption et du détournement de fonds publics à des fins personnelles. ”

La façon dont la "poignée" de Congolais amasse des richesses, disent les évêques, "a également un impact négatif sur la cohésion nationale dans la mesure où elle élargit encore le fossé entre les riches et les pauvres." 

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Au milieu de ces préoccupations, les responsables de l'Église catholique reconnaissent certains succès économiques dans la nation centrafricaine, "en particulier l'augmentation des réserves de change de la Banque centrale, et les initiatives prises dans les différents ministères."

En ce qui concerne l'insécurité, les membres de la CENCO, qui ont déjà dénoncé les crises en Ituri, au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, se félicitent de l'état de siège déclaré dans ces provinces le 6 mai.

"Nous saluons les mesures militaires prises par le président de la République et l'état de siège récemment déclaré, dont nous espérons voir les effets positifs", disent les évêques dans la déclaration signée par le président de la CENCO, Mgr Marcel Utembi Tapa.

Les évêques s'inquiètent du fait que "certains de nos compatriotes conspirent encore avec les agresseurs à des fins égoïstes, et que d'autres l'exploitent à des fins politiques."

Le fait que la justice en RDC "continue d'être mal rendue, influencée par la corruption et manipulée par les politiciens" est une autre cause d'inquiétude pour les dirigeants de l'Eglise catholique dans la nation d'Afrique centrale.

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"Pour beaucoup de nos compatriotes, le système judiciaire est perçu comme un lieu de combines, de règlements de comptes et d'entérinement des injustices", indiquent les membres de la CENCO dans leur déclaration collective du 21 juin, et ajoutent : "La corruption, malheureusement, semble être le principal moyen de gagner un procès."

Ils s'inquiètent également du fait que "la loi cède la place au clientélisme, au régionalisme, au tribalisme et au népotisme."

"La cohésion nationale est ainsi mise à mal, surtout lorsque le système judiciaire est exploité pour écarter les concurrents politiques", affirment les évêques catholiques de RDC, qui ajoutent : "En réalité, le budget national favorise les institutions politiques au détriment du bien-être de la population. Cette injustice ne fait que renforcer les inégalités sociales."

Pour aller de l'avant, les membres de la CENCO recommandent une série de mesures visant à relever les défis de la nation centrafricaine.

Ils invitent le Président Félix Antoine Tshisekedi à promouvoir des initiatives qui "favorisent l'unité nationale (et) poursuivent sérieusement la lutte contre la corruption et l'impunité".

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"Le chef de l'État devrait assurer une bonne représentation géographique dans les institutions, notamment en décourageant le tribalisme, et mettre l'armée en meilleure position pour répondre efficacement à sa mission de défense et de sauvegarde de l'unité et de l'intégrité du territoire national", affirment les évêques.

S'adressant aux membres du Parlement (MP) de la RDC, les évêques prient pour qu'ils n'initient pas de lois qui favorisent le tribalisme dans les différentes institutions.

Ils appellent également les Législateurs "à ne pas abuser des immunités parlementaires pour échapper à la justice et à améliorer la loi électorale afin de rassurer la population sur la crédibilité des scrutins de 2023."

Les membres de la CENCO appellent également les dirigeants gouvernementaux à "promouvoir les projets de société qui renforcent l'intégration nationale, tels que la construction de routes nationales."

Ils ajoutent que les responsables gouvernementaux devraient également trouver "des moyens efficaces de stabiliser les institutions provinciales et de les mettre au service de la population."

Les responsables de l'Église catholique appellent en outre la communauté internationale à aider la RDC à "lutter contre tous les mouvements fondamentalistes qui se propagent dans le pays."

"Évaluez le rôle des voisins de la RDC dans la persistance de la violence et des massacres", disentils, et invitent la communauté internationale à soutenir la cohésion dans le pays.

Les évêques conseillent également au peuple congolais "de ne pas se laisser entraîner par des discours et des actions séparatistes, car c'est la cohésion qui maintient le pays uni même dans les moments d'épreuve".

"Soutenez toute bonne initiative de notre gouvernement, quelles que soient nos tendances politiques", disent les membres de la CENCO aux citoyens congolais, ajoutant qu'"ils devraient également être unis dans la lutte contre le COVID-19 en respectant les mesures de barrière et en se faisant vacciner afin de se protéger et de protéger les autres."

Les responsables de l'Église catholique exhortent les Congolais à accepter ce qu'ils sont et à apprécier les autres "afin de mettre en commun ce que nous avons en commun et ce qui nous différencie, pour le plus grand bien de tous et la gloire de Dieu."

" La diversité des tribus fait partie du patrimoine qui constitue le Congo, ce don béni que nous avons reçu de nos ancêtres. Elle ne doit pas nous conduire à l'exclusion des autres, mais plutôt à une opportunité d'enrichissement mutuel, et une base pour le développement de notre Nation", affirment les membres de la CENCO. 

Magdalene Kahiu