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Une organisation catholique pour la paix appelle au dialogue pour mettre fin à la crise anglophone au Cameroun

La fondation catholique de paix et de charité, Denis Hurley Peace Institute (DHPI), appelle le gouvernement camerounais à tenter le dialogue avec les autres parties impliquées dans la crise civile actuelle dans les régions anglophones du Cameroun, affirmant que la méthode militaire sur laquelle le gouvernement a insisté a échoué.

Le père Ngenge Godlove Bong-aba, un responsable du DHPI, affirme que le gouvernement du pays d'Afrique centrale continue d'ignorer les appels à un dialogue inclusif avec les personnes impliquées dans le conflit qui dure depuis cinq ans dans le pays.

"Le gouvernement camerounais a ignoré tous les appels lancés par les différentes parties prenantes pour passer d'une approche militaire peu efficace de la crise à un dialogue inclusif avec ceux qui mènent la barque dans les régions troublées du pays, alors que le conflit en est à sa cinquième année", déclare le père Godlove dans un rapport partagé avec ACI Afrique mardi 22 juin.

Il ajoute : "Depuis plus de deux mois, ce sont les forces gouvernementales qui ont le plus souffert, car il ne se passe pas une semaine sans que quelques-uns d'entre eux soient tués par l'utilisation d'engins explosifs improvisés (EEI) ou par des attaques surprises de combattants séparatistes ou des forces de restauration de l'Ambazonie (ARF), comme on les appelle."

Le membre du clergé de l'archidiocèse de Bamenda, au Cameroun, qui travaille sur un projet

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DHPI dans son pays d'origine, a fait référence à plusieurs attaques et enlèvements de militants au Cameroun, au cours desquels l'armée du pays n'a pas été en mesure de sauver les principaux responsables gouvernementaux qui ont été victimes de ces enlèvements.

Il affirme que lors de l'une des attaques survenues le 15 juin dans la division de Ndian, dans la région du Sud-Ouest du Cameroun, six délégués divisionnaires de différents ministères ont été enlevés par l'ARF.

Selon l'ecclésiastique camerounais, les personnes enlevées sont les délégués divisionnaires au régime foncier, au logement et au développement urbain, à l'eau et à l'énergie, aux petites et moyennes entreprises, à la planification économique et au développement régional, ainsi que le chef du service divisionnaire des enquêtes.

Le fonctionnaire du DHPI a parlé à des sources qui lui ont révélé que les fonctionnaires de l'État étaient en mission de démarcation des terres à Ekondotiti, dans le village de Ndian, lorsqu'ils ont été pris en embuscade et enlevés par les ARF dans la matinée du 15 juin, puis emmenés dans les buissons voisins.

"Cette situation a laissé les gens se demander comment l'enlèvement a pu se produire, car les missions de cette nature bénéficient toujours d'une lourde protection militaire", déclare le père Godlove, et ajoute : "La question reste de savoir si les forces gouvernementales ont été maîtrisées par les ARF ou si ces représentants de l'État n'étaient pas gardés par les militaires."

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Il affirme qu'un message audio a fait surface, prétendument enregistré par l'un des membres des ARF, confirmant que les six fonctionnaires de l'État étaient sous leur garde mais qu'ils ne demandaient pas de rançon pour eux et qu'ils les gardaient plutôt "pour montrer à quel point les forces gouvernementales sont impuissantes à secourir les leurs".

"À l'heure actuelle, les fonctionnaires de l'État sont toujours détenus par les ARF et l'incapacité des forces gouvernementales à lancer une mission de sauvetage en dit long sur le fait qu'il est grand temps que le gouvernement du Cameroun passe de la méthode militaire à celle de la négociation et du dialogue", affirme le père Godlove.

"Il n'y a pas si longtemps, le directeur du Centre de désarmement, de démobilisation et de réhabilitation (DDR) de Bamenda a également été enlevé et le gouvernement camerounais n'a rien fait pour le sauver, laissant sa famille négocier sa libération", raconte le prêtre.

Il poursuit : "D'après toutes les indications, il semble que le gouvernement laisse l'assurance de la libération des six fonctionnaires d'État entre les mains de leurs familles individuelles."

Le père Godlove affirme que l'enlèvement des six fonctionnaires camerounais a été précédé d'une attaque le 14 juin dans la localité de Muea, dans la banlieue de Buea, le chef-lieu de la région du Sud-Ouest, au cours de laquelle cinq véhicules de transport public ont été incendiés.

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L'incident, indique le prêtre dans le rapport du mardi 22 juin partagé avec ACI Afrique, visait à faire respecter la fameuse "règle de la ville fantôme du lundi", qui exige que chacun reste à l'intérieur un lundi sur deux, et qui est en vigueur depuis trois ans maintenant.

Il ajoute qu'un poste de police local a également été attaqué lors d'une fusillade qui a fait de nombreux blessés parmi les policiers et a entraîné la destruction et le saccage des bureaux du bâtiment par les ARF.

"Il a fallu un effort combiné des forces spéciales de l'armée et de la police pour repousser les ARF et toute cette journée a vu les habitants de cette zone de la ville dans une atmosphère très tendue car ils appréhendaient de nouvelles attaques", rapporte le Prêtre.

Pendant ce temps, la crise dans les régions anglophones troublées du Cameroun, qui a coûté la vie à plus de 5 000 personnes, déplacé de force plus d'un million de personnes à l'intérieur du pays et plus de 70 000 à l'extérieur, reste la catastrophe humanitaire la plus méconnue au monde, selon le père Godlove.

Selon l'entité de paix de la Conférence des évêques catholiques d'Afrique australe (SACBC), la crise a également "décimé" plus de 300 villages jusqu'à présent.

Le responsable du DHPI a confié à ACI Afrique que le travail de l'institut de l'entité de paix SACBC consiste à "enregistrer et rapporter méticuleusement les violations des droits de l'homme dans le pays".

L'institut s'efforce également d'inciter la communauté internationale à agir, afin de mettre un terme à ce conflit prolongé.

Agnes Aineah