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Peu de gens considèrent encore les chrétiens d'Égypte comme des "citoyens de seconde zone", selon une organisation caritative catholique.

Un responsable religieux égyptien a fait état de "quelques incidents" où le christianisme est considéré comme une religion inférieure dans cette nation d'Afrique du Nord-Est, malgré les progrès considérables réalisés par le pays en matière de liberté religieuse.

Dans un rapport présenté jeudi 24 juin à la fondation caritative catholique Aide à l’église en détresse (AED) United States, l'évêque copte catholique Kyrillos Samaan d'Assiut affirme que les chrétiens sont sous-représentés dans de nombreux secteurs et sont écartés des postes administratifs.

Le chef de l'Église catholique a demandé l'égalité dans le pays en déclarant : "Nous ne demandons pas grand-chose et nous sommes réalistes. Malheureusement, il y a encore beaucoup de gens qui considèrent les chrétiens comme des citoyens de seconde zone."

Lorsqu'on lui demande comment se manifeste ce mauvais traitement, l'évêque Kyrillos répond : "Par exemple, les chrétiens sont sous-représentés dans les universités. Non seulement en termes de nombre d'étudiants, mais surtout au sein du corps professoral et de l'administration de l'université. De temps en temps, un chrétien est nommé, mais ce n'est que du vent."

"Dans l'ensemble, les chrétiens sont généralement écartés, même lorsqu'ils sont tout aussi qualifiés", déclare Mgr Kyrillos, qui ajoute : "C'est également le cas dans l'administration publique et l'armée."

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Il appelle à un changement de mentalité, pour que les autres religions commencent à traiter les chrétiens comme leurs égaux, conformément aux appels lancés par le chef d'État du pays, le président Abdel Fattah el-Sisi qui, selon l'évêque, parle constamment de "l'égalité de tous les Égyptiens."

Mgr Kyrillos compare toutefois la situation des chrétiens à l'époque du président Sisi à celle de Mohamed Morsi, membre des Frères musulmans, et affirme que les chrétiens sont mieux lotis aujourd'hui.

"Ce sont des temps dorés pour nous, chrétiens, sous Sisi", dit-il, et il ajoute : "Lorsqu'une mosquée est construite dans une nouvelle ville, il (Sisi) demande toujours quand une église sera construite à côté. Il affirme souvent que tout le monde - juifs, chrétiens et musulmans - doit être autorisé à pratiquer librement sa religion et pouvoir construire des lieux de culte."

La direction de l'AEDa toutefois noté que même sous le président Sisi, les chrétiens individuels attirent toujours l'attention de l'État.

"De graves allégations, allant jusqu'à des accusations de terrorisme, ont été formulées contre le militant copte et critique du gouvernement Ramy Kamel. Ces allégations sont considérées comme absurdes par les militants des droits de l'homme", affirme la direction de l'AED.

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La fondation caritative pontificale cherche à savoir si la population jouit d'autant de liberté politique que de liberté religieuse sous la présidence de Sisi.

Selon Mgr Kyrillos, il existe toutefois des restrictions pour tous les Égyptiens, quelle que soit leur religion.

Le chef de l'Église catholique affirme que les attaques contre les militants des droits de l'homme dans le pays ne visent pas spécifiquement les chrétiens.

L'organisation caritative catholique fait également référence à son rapport mondial sur la liberté religieuse, qui mentionne le meurtre d'un chrétien copte dans le Sinaï et l'enlèvement de jeunes filles chrétiennes en Haute-Égypte.

À la question de savoir si des attaques contre les chrétiens sont encore régulièrement perpétrées aujourd'hui, l'évêque répond : "Ces incidents sont beaucoup moins nombreux. Le gouvernement fait tout ce qui est en son pouvoir pour les empêcher."

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"Récemment, un musulman qui avait assassiné un chrétien a même été exécuté", raconte l'évêque d'Assiout, âgé de 74 ans, et ajoute : "Avant, il aurait été impensable qu'un croyant soit mis à mort à cause d'un infidèle."

L'évêque confirme également qu'effectivement, les choses se sont améliorées dans le pays en ce qui concerne la légalisation des églises qui ont été construites sans autorisation.

"J'ai lu qu'environ 50 % des bâtiments de l'Église en Égypte ont entre-temps été légalisés. Cependant, ici à Assiut, les choses avancent très lentement. Le processus est très compliqué", ditil.

Soulignant certaines des conditions à remplir dans le processus de légalisation, Mgr Kyrillos déclare : "Deux conditions doivent être remplies. Vous devez être en mesure de prouver la propriété incontestée du terrain sur lequel l'église a été construite. La seconde est la présentation d'un plan du bâtiment préparé par un architecte agréé. Il existe également des exigences particulières en matière de sécurité."

Agnes Aineah