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La police interroge un immigrant rwandais soupçonné du meurtre d'un prêtre catholique en France

Le Père Olivier Maire, supérieur provincial français des Montfortains Missionnaires (la Compagnie de Marie). Olivier Faure sur Twitter Le Père Olivier Maire, supérieur provincial français des Montfortains Missionnaires (la Compagnie de Marie). Olivier Faure sur Twitter

Un immigré rwandais de 40 ans déjà soupçonné d'avoir déclenché un incendie dévastateur dans une cathédrale française a été interrogé par la police en lien avec le meurtre d'un prêtre catholique lundi dans l'ouest de la France.

L'homme, identifié par les médias comme étant Emmanuel Abayisenga, a été accueilli dans une communauté religieuse catholique dirigée par la victime, le père Olivier Maire, 61 ans, à Saint-Laurent-sur-Sèvre, une commune du département de la Vendée.

Abayisenga aurait rencontré le pape François au Vatican en 2016, quatre ans avant d'être arrêté par la police, puis libéré sous caution après l'incendie du 18 juillet 2020 de la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul de Nantes, où il travaillait comme gardien bénévole.

Le meurtre de Maire, le supérieur provincial français des Missionnaires de Montfort (la Compagnie de Marie), a été annoncé le 9 août par le ministre de l'Intérieur du pays, Gérald Darmanin.

M. Darmanin, qui s'est rendu à Saint-Laurent-sur-Sèvre lundi soir, a exprimé sa solidarité avec la communauté catholique de France sur les médias sociaux.

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"Tout mon soutien aux catholiques de notre pays après le meurtre dramatique d'un prêtre en Vendée", a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Selon les premières informations, il semblerait que Maire soit mort à la suite de coups. Les résultats d'une autopsie sont attendus ultérieurement. Les autorités n'ont pas précisé quand le meurtre aurait eu lieu ni dans quelles circonstances.

Mgr François Jacolin, évêque de Luçon, un diocèse situé dans le département de la Vendée, a déploré la "mort brutale" de M. Maire.

"Le père Olivier Maire est mort victime de sa générosité, un martyr de la charité", a-t-il déclaré dans un communiqué publié le 9 août.

Les médias français ont rapporté que le suspect s'est présenté lundi matin dans un commissariat de police à Mortagne-sur-Sèvre et a déclaré aux agents qu'il avait tué un prêtre.

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Le suspect a été placé en garde à vue et la police s'est rendue à l'adresse indiquée par le suspect, où elle a trouvé le corps de M. Maire dans une partie commune du bâtiment de la communauté religieuse dans laquelle il vivait.

Le journal catholique français La Croix a rapporté que le suspect avait récemment été libéré après une hospitalisation psychiatrique.

Il précise que le procureur régional adjoint Yannick Le Goater a confirmé que le suspect a été hospitalisé pendant un mois.

Le procureur a déclaré que la police ne pensait pas que le meurtre était lié au terrorisme.

Une photographie prise le 11 novembre 2016, publiée pour la première fois par le journal catholique français La Croix le 15 juillet, montre un homme identifié comme Abayisenga saluant le pape François lors d'une audience avec des personnes socialement exclues au Vatican.

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Le pape aurait rencontré Abayisenga lors d'un rassemblement pour le Festival européen de la joie et de la miséricorde dans la salle Paul VI du Vatican.

L'événement pour les personnes socialement exclues était organisé par l'organisation française Fratello, dans le cadre du Jubilé de la miséricorde de l'Église catholique, qui dure toute l'année.

La Croix a également indiqué que les autorités françaises avaient rejeté la demande d'asile du suspect et lui avaient signifié trois avis de quitter la France, en 2016, 2017 et 2019.

Le suspect a été placé en détention à la suite de l'incendie de Nantes en juillet 2020 jusqu'à sa libération sous caution en mai dernier, précise le journal.

Sa libération, sous contrôle judiciaire, était assortie de conditions telles que l'obligation de se faire enregistrer auprès des autorités deux fois par mois et de résider à la communauté de Saint-Laurent-sur-Sèvre.

Selon La Croix, M. Maire a convoqué la police le 20 juin après que le suspect a exprimé son désir de quitter la communauté. Le suspect a alors été hospitalisé dans un service psychiatrique. Il a été libéré le 29 juillet et a réintégré la congrégation religieuse.

Selon le journal, les autorités n'ont pas expulsé le suspect car elles voulaient s'assurer qu'il serait disponible pour être jugé dans le cadre de l'incendie de la cathédrale.

Le meurtre a immédiatement suscité un débat politique, Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, un parti anti-immigration, critiquant les autorités pour ne pas avoir expulsé le suspect.

"En France, on peut être un immigrant illégal, mettre le feu à la cathédrale de Nantes, ne jamais être expulsé, puis récidiver en assassinant un prêtre", a-t-elle écrit sur Twitter.

Darmanin a rejeté la critique.

"Plutôt que d'exprimer sa compassion pour les catholiques qui ont accueilli ce meurtrier, Mme Le Pen polémique sans connaître les faits : cet étranger ne pouvait pas être expulsé malgré son arrêté d'expulsion tant que son contrôle judiciaire n'était pas levé", a-t-il répondu.

Mme Le Pen s'apprête à se présenter à l'élection présidentielle française contre le président sortant Emmanuel Macron en avril 2022.

Macron a déclaré dans un hommage sur les médias sociaux que la générosité et l'amour de Maire pour les autres se reflétaient dans les traits de son visage.

"Au nom de la nation, je rends hommage au père Olivier Maire", a-t-il écrit. "Mes condoléances aux Montfortains et à tous les catholiques de France. Protéger ceux qui croient est une priorité."

Olivier Faure, le plus haut responsable politique du Parti socialiste français, a rendu hommage au Père Maire, le décrivant comme un "homme juste".

Il a déclaré que le prêtre "aurait sans doute détesté que son meurtre alimente la polémique".

"Condoléances à tous ceux qui l'ont aimé. Condamnation totale du criminel qui a porté la main sur l'homme qui lui offrait l'hospitalité", a écrit Faure sur Twitter.

Le cardinal Robert Sarah, ancien préfet de la Congrégation du Vatican pour le culte divin, a réagi à la nouvelle en invoquant l'intercession de saint Louis-Marie Grignion de Montfort, fondateur de la Compagnie de Marie, et de saint Jean-Paul II, pape de 1978 à 2005.

"Saint Louis-Marie Grignion de Montfort et Saint Jean-Paul II, restez avec nous, nous vous en supplions", a-t-il déclaré sur Twitter.

La Conférence des évêques de France (CEF) et la Conférence des religieux et religieuses de France (CORREF) ont publié le 9 août un communiqué commun exprimant "l'immense tristesse et le choc".

"L'auteur de ce meurtre était hébergé par le père Olivier Maire et s'est présenté à la police ce matin même", indique le communiqué.

"Pour l'instant, les circonstances de cette tragédie ne sont pas connues".

"La CEF et la CORREF assurent de leurs prières ses parents, sa famille, les Missionnaires de Monfort, la communauté de la basilique Saint-Louis-Marie Grignon de Montfort à Saint-Laurent-sur-Sèvres et toute la grande famille religieuse montfortaine."

"Les Pères et Frères de la Compagnie de Marie (appelés Montfortains Missionnaires) sont présents sur les cinq continents. Ils poursuivent le projet de leur fondateur, d'évangéliser dans la proximité et l'attention à tous."

Dans une homélie prêchée en octobre 2020, Maire a parlé de l'importance de servir ceux qui se trouvent à la "périphérie", citant la dernière encyclique du pape François, Fratelli tutti.

"Osons nous asseoir pour un temps de partage fraternel, osons nous asseoir avec les plus pauvres, les exclus et les rejetés de l'humanité", a-t-il déclaré.

CNA