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Au Cameroun, un archevêque catholique déplore la "dépravation des mœurs" et appelle au respect de la dignité humaine

Mgr Samuel Kleda Mgr Samuel Kleda

L'archevêque catholique de l'archidiocèse de Douala au Cameroun a, dans une lettre pastorale, exprimé ses inquiétudes face à ce qui semble être des signes de déclin des valeurs morales dans la nation d'Afrique centrale.

Dans sa lettre pastorale publiée dimanche 8 août, Mgr Samuel Kleda appelle au respect de la dignité humaine face à la diffusion de vidéos obscènes mettant en scène des personnalités populaires dans la capitale économique du pays, Douala.

Selon Mgr Kleda, la diffusion de "ces publications malsaines et ces attaques notoires contre la pudeur et les bonnes mœurs, en contradiction ouverte avec la Parole de Dieu et les valeurs ancestrales, prend chaque jour des proportions inquiétantes dans notre société."

Ces actes, poursuit l'archevêque camerounais, "s'ajoutent à la longue liste d'actes irresponsables, immoraux et même contre-nature commis dans tout le pays."

L'archevêque cite la publication en ligne d'images de personnes malades ou décédées, la mise en ligne de la vie privée des gens, le cyber-harcèlement, l'initiation des jeunes à des mœurs perverses par le biais de feuilletons, la prostitution, l'esclavage et l'exploitation sexuels, la pornographie, l'inceste, la pédophilie, l'homosexualité et les crimes rituels comme autant d'illustrations des atteintes à la dignité de la personne humaine au Cameroun.

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"Ces blessures morales infligées à la dignité de la personne humaine et à notre corps social sont causées, entre autres, par la dépravation généralisée des mœurs, le relativisme moral, l'hédonisme, le manque de modèles et de valeurs, et la crise des valeurs morales", explique Mgr Kleda dans la lettre pastorale de cinq pages datée du 29 juillet.

Le 16 juin, le scandale de la sex tape impliquant le commentateur sportif camerounais Martin Camus Mimb s'est propagé sur les médias sociaux, suscitant une condamnation générale.

En juillet, des gendarmes ont été arrêtés à Douala après avoir enregistré et partagé des vidéos de jeunes gens nus dans une résidence privée du quartier Bonamoussadi. 

Le ministre camerounais de la défense a ordonné leur arrestation après que la vidéo dans laquelle on voit les officiers filmer les jeunes est devenue virale. 

Dans sa lettre pastorale, Mgr Kleda déclare : "L'Église, à qui le Christ Seigneur a confié le dépôt de la foi, ne peut rester indifférente à la corruption croissante et galopante des mœurs que l'on observe depuis quelque temps dans notre pays et qui sème la confusion dans les esprits, entraînant un déclin des mœurs."

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Se référant au Code de droit canonique, l'Ordinaire local de l'archidiocèse de Douala déclare : " Il est du devoir de l'Église de proclamer en tout temps et en tout lieu les principes de la morale, également en ce qui concerne l'ordre social, ainsi que de porter un jugement sur toute réalité humaine, dans la mesure où les droits fondamentaux de la personne humaine ou le salut des âmes l'exigent. "

"En tant que pasteur de l'Église de Dieu à Douala, je ne peux pas rester silencieux devant cette dépravation des mœurs", ajoute l'archevêque camerounais.

Il note que "toutes ces attaques multiples et récurrentes contre la dignité de la personne humaine sont contraires à l'enseignement des Saintes Écritures, de l'Église et même de la loi naturelle."

"La dignité de la personne humaine est le cœur et le fondement de toute la doctrine sociale de l'Église. Une société juste ne peut être atteinte que par le respect de la dignité transcendante de la personne humaine", dit l'archevêque Kleda dans la lettre partagée avec ACI Afrique. 

Il poursuit : "Le respect de la personne humaine implique le respect des droits qui découlent de sa dignité de créature. Ces droits sont antérieurs à la société et s'imposent à elle. Ils sont le fondement de la légitimité morale de toute autorité, comme l'enseigne l'Église."

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À ce titre, selon Mgr Kleda, "l'enregistrement et la diffusion d'images ou de vidéos indécentes, choquantes ou violentes par le biais des médias sociaux ou d'autres plateformes portent gravement atteinte à la dignité humaine, à l'intégrité physique et morale, à la pudeur, à la morale publique et à la décence."

"La publication d'images obscènes a de graves répercussions sur la vie personnelle, communautaire et sociale", ajoute-t-il.

À la lumière de ce qui a circulé virtuellement, Mgr Kleda lance un "appel vibrant à tous pour qu'ils s'impliquent dans le redressement moral dont notre pays a besoin pour restaurer la dignité de la personne humaine, les valeurs morales et la citoyenneté responsable."

Il exhorte le gouvernement à "intensifier la lutte contre la cybercriminalité, à sensibiliser à la citoyenneté responsable, à promouvoir l'éducation morale dans les écoles et dans la communauté et à punir sans complaisance les auteurs de tels actes."

Le chef de l'Église catholique invite également les forces de l'ordre à "respecter la dignité et l'intégrité physique de tout être humain et à assurer la protection et la sécurité de tous."

S'adressant aux parents, Mgr Kleda les encourage "à être responsables de l'éducation de leurs enfants et à veiller à leur éducation morale et à leur formation humaine et spirituelle."

L'archevêque invite également les jeunes à "rechercher la vie qui est en Jésus-Christ et non dans les médias sociaux qui détruisent la vie et à résister, avec l'aide du Christ, aux influences technologiques et culturelles exogènes qui initient la perversion."

Au peuple de Dieu dans la nation centrafricaine, l'archevêque invite à "respecter la dignité de tout être humain, à accorder un respect inconditionnel à tous les êtres humains, indépendamment de leur âge, de leur sexe, de leur santé physique ou mentale, de leur statut social, de leur religion, de leur race ou de leur origine ethnique et à utiliser les nouvelles technologies de l'information et de la communication avec un grand discernement et un sens élevé des responsabilités".

Il met en garde les Camerounais contre l'indécence en disant : "Abstenez-vous de produire, de diffuser ou de relayer des images ou des faits, des vidéos ou d'autres contenus susceptibles de porter atteinte à la moralité, à la décence et à la dignité humaine."

"Nous croyons que nous pouvons faire quelque chose si nous nous engageons tous dans cette lutte, et si nous unissons nos forces en faisant confiance au Seigneur", dit-il et il implore : "Que la Sainte Vierge Marie, notre Mère et maîtresse de la Sainte Famille, qui a porté le Fils de Dieu dans son sein, nous aide à vivre selon la volonté de Dieu et à le glorifier dans nos corps."

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.