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Un prêtre catholique ivoirien se joint à la "vague d'indignation" condamnant une manifestation télévisée contre le viol

Père Norbert-Eric Abekan Père Norbert-Eric Abekan

Un prêtre catholique en poste en Côte d'Ivoire a rejoint ses compatriotes qui expriment leur condamnation d'une manifestation télévisée de viols diffusée dans la nation ouest-africaine le lundi 30 août, à une heure de grande écoute. 

Dans une déclaration publiée mercredi 1er septembre sur Facebook, le père Norbert-Eric Abekan réagit à l'émission de la chaîne Nouvelle Chaine Ivoirienne (NCI) dans laquelle un homme présenté comme un ancien violeur explique, à l'aide d'un mannequin, comment il agressait ses victimes, rapporte BBC News.

L'émission a suscité un tollé dans tout le pays et une pétition signée par 30 000 personnes a été lancée pour demander que les présentateurs soient sanctionnés.

"Je me joins à cette vague d'indignation pour, à mon tour, combattre et condamner avec la plus grande fermeté cette émission télévisée de la chaîne NCI sur le viol qui touche nos sensibilités", déclare le père Abekan dans son post Facebook, et ajoute : "Je suis indigné par un tel contenu à la fois méprisant et irrespectueux pour les femmes."

Le père Abekan note que "le viol, comme toutes les formes d'abus, est un sujet extrêmement délicat qui doit être traité avec sérieux, surtout sur une chaîne de télévision censée éduquer."

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"Aborder une telle question avec légèreté, c'est faire preuve de mépris pour les femmes en général et surtout pour celles qui sont victimes et qui sont marquées à jamais", dit-il encore. 

Le prêtre catholique qui est l'ambassadeur de l'UNESCO pour la culture de la paix en Côte d'Ivoire ajoute qu'"une fille ou une femme qui a subi un viol et dont le crime est connu, fait l'objet de stigmatisation, d'exclusion sociale et se trouve mise au ban de la communauté."

"Les conséquences sociales du viol sont de lourdes épreuves à porter au quotidien par la victime. Les traumatismes psychiques et physiques le sont tout autant. Pour de nombreuses victimes de viol, il est extrêmement difficile de surmonter ce traumatisme, ainsi que la honte et les menaces", explique le père Abekan.

C'est pourquoi, la fondatrice de l'Association des Femmes Catholiques (AFC) en Côte d'Ivoire dit à propos des victimes de viol, "la théâtralisation sans compassion de la brutalité qu'elles ont subie vient comme une manière de réveiller une douleur complexe. Pour l'opinion avisée, une telle attitude est grave, absurde et infâme. Ceci explique les nombreuses indignations et dénonciations depuis la diffusion de l'émission en cause."

Le mardi 31 août, la direction de NCI aurait présenté ses excuses.

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La ministre ivoirienne de la Condition féminine, Nassénéba Touré, a été parmi ceux qui ont exprimé leur indignation, affirmant que l'émission sapait les efforts du gouvernement pour éradiquer le viol.

Le présentateur de l'émission, Yves de M'Bella, a demandé pardon alors qu'il a étésuspendu de la chaîne de télévision. 

Dans son post Facebook du 1er septembre, le prêtre ivoirien "salue la réaction de la direction de la chaîne ainsi que du présentateur de l'émission pour les excuses présentées et la prise de la pleine mesure du choc causé par le contenu."

Il ajoute : " Je ne doute pas que ce grave incident les obligera à faire leur autocritique pour l'avenir.

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Selon le père Abekan, le pape François est confronté au même combat dans l'Église catholique marquée par des scandales scandaleux depuis quelques années.  

"Pour le Saint-Père, la douleur des victimes d'abus et de sévices sexuels mérite le respect", dit-il, et il en appelle à la responsabilité collective en matière de moralité.

Le prêtre ivoirien conclut : "Enfin, j'en appelle à la responsabilité de tous : décideurs politiques, chefs traditionnels, chefs religieux, éducateurs, leaders d'opinion, etc. Ensemble, construisons une société de valeurs et de confiance pour offrir aux générations futures un bon héritage. ”

Silas Isenjia