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Kenya :Un évêque catholique décourage les prêtres de "solliciter des fonds auprès de politiciens"

L'évêque catholique du diocèse de Kakamega au Kenya a "fortement déconseillé" aux membres du clergé de demander des fonds aux politiciens.

Dans sa lettre pastorale diffusée mercredi 15 septembre, Mgr Joseph Obanyi aborde la question de la place des politiciens dans l'Église, un sujet qui a retenu l'attention des chefs religieux au Kenya à l'approche des élections générales d'août 2022.

"Il est fortement déconseillé aux prêtres et aux dirigeants de l'Église de compter sur les politiciens et de leur demander inutilement des fonds pour mener à bien leurs projets, car cela compromet leur crédibilité morale pour s'élever contre les maux sociaux", déclare Mgr Obanyi. 

S'adressant aux membres du clergé sous sa juridiction, l'évêque catholique kenyan ajoute : "Encouragez plutôt les fidèles à adopter l'autosuffisance comme voie de l'Église. Que les politiciens contribuent également par les voies normales en tant que membres de l'Église."

Dans la lettre pastorale également adressée aux curés adjoints, aux religieux et religieuses, aux catéchistes, aux membres du conseil pastoral paroissial, aux responsables de groupes de dévotion et d'associations, "et à tous ceux qui peuvent avoir une responsabilité dans l'Église", Mgr Obanyi demande que les dons des politiciens à l'Église soient communiqués à l'avance au curé de la paroisse et versés selon les procédures normales, comme pour les autres membres de l'Église.

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"Comme le dit l'Écriture, "la main droite ne doit pas savoir ce que fait la gauche", et pourtant Dieu qui voit dans le secret les récompensera", affirme l'évêque catholique qui est à la tête du diocèse kényan depuis mars 2015. 

Il ajoute : "Je souhaite décourager la pratique consistant à ce que les invités, ou les dirigeants, fassent soudainement des dons à certains groupes ou associations. Tous appartiennent à une seule Église, sauf si l'occasion a été spécifiquement organisée pour un groupe ou une association particulière."

Il ordonne également que lorsqu'une paroisse, une sous-paroisse, un groupe, une association, une petite communauté chrétienne (SCC) ou une congrégation religieuse a l'intention d'organiser une collecte de fonds dans un but spécifique et d'inviter certains dirigeants ou aspirants politiques, cette intention doit être communiquée par écrit au bureau de l'évêque au moins un mois avant l'activité prévue, en donnant des raisons justifiables pour lesquelles cela devrait avoir lieu.

Selon Mgr Obanyi, une telle activité ne doit être entreprise qu'après que la paroisse, la sous paroisse, le groupe, l'association, le SCC ou la congrégation religieuse ait reçu une approbation écrite du bureau de l'évêque.

"Si une activité de collecte de fonds a lieu avec des politiciens comme invités, la fonction doit avoir lieu en dehors de la messe, jamais dans l'église, lorsque le prêtre a retiré tous les vêtements liturgiques et que les activités liturgiques sont terminées", indique l'évêque dans son message du 15 septembre.

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L'Ordinaire du diocèse de Kakamega poursuit en mettant en garde : " Prenez note que pendant la pandémie actuelle de COVID-19, tout rassemblement impliquant des politiciens est interdit. "

Dans son avis sur les politiciens et les activités politiques dans les églises kenyanes, Mgr Obanyi rappelle au peuple de Dieu dont il a la charge pastorale les souffrances que l'institution ecclésiale a endurées alors que les lieux de culte sont restés fermés dans la partie occidentale du pays, où se trouve le diocèse.

Il regrette qu'à la suite de la réouverture des lieux de culte dans la région, les chefs d'Eglise aient commencé à ignorer les protocoles COVID-19 en autorisant les discours politiques lors des rassemblements religieux, donnant ainsi une mauvaise image de l'Eglise.

"Vous savez tous qu'entre la mi-juin et la fin juillet 2021, nos églises et tous les lieux de culte de la région occidentale ont été brusquement fermés, en raison de l'augmentation des cas de COVID19 dans cette région. Ce fut en effet une période difficile pour nous tous", déclare Mgr Obanyi.

Il ajoute : "Vous savez également que parmi les protocoles et directives émis par le ministère de la Santé, et les restrictions gouvernementales, figurait la suspension de tous les rassemblements politiques, qui est toujours en vigueur."

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"Il n'échappe pas aux Kényans qu'apparemment l'activité politique orientée vers les élections générales de 2022 a pris son essor, avec des politiciens qui assistent à des églises et à des funérailles, après quoi ils ont l'occasion de s'adresser aux fidèles, tout en promouvant leurs affiliations et ambitions politiques", déclare l'évêque Obanyi, et ajoute : "Cela crée un très mauvais précédent et donne une très mauvaise image de l'Église." 

Il rappelle en outre au peuple de Dieu dont il a la charge pastorale que les lieux de culte ont été invités à se conformer strictement aux directives publiées par le Conseil interconfessionnel, notamment en réduisant le nombre de fidèles par service.

La maison de Dieu est une maison de prière, affirme l'épiscopat catholique, ajoutant que les lieux sacrés ne doivent jamais être utilisés pour autre chose que le culte et la prière.

" La maison de Dieu est un lieu où l'on écoute Jésus-Christ, source de toute vérité et voie de salut. Il n'y a pas d'autre parole que la Parole de Dieu, il n'y a pas d'autre vérité que Jésus-Christ. C'est à lui seul qu'il faut rendre tout l'honneur et la gloire qui lui sont dus", déclare l'évêque kenyan de 54 ans.

Il précise que les hommes politiques et les dirigeants politiques ne sont pas autorisés à s'adresser à la congrégation dans les églises, y compris dans le sanctuaire, le bâtiment de l'église ou n'importe où dans les locaux de l'église. 

L'évêque catholique dit à propos des hommes politiques : "S'ils se joignent aux autres dans les messes ou les services, ils doivent suivre toutes les procédures suivies par tout le monde. Aucune préférence ne doit leur être accordée par rapport aux autres. Le curé de la paroisse, ou tout autre responsable ecclésiastique désigné, ne peut que reconnaître leur présence avec beaucoup de respect, sans leur demander de 'dire quelque chose'."

Mgr Obanyi encourage les aspirants politiques qui assistent aux services religieux dans ce pays d'Afrique de l'Est à profiter de l'occasion pour prier en silence sur leurs ambitions politiques.

"Tout politicien, aspirant politique ou leader politique qui assiste à une messe ou à un service dans nos églises est encouragé à profiter de cette occasion pour prier davantage pour ses intentions et concentrer son esprit sur Dieu qui est le leader par excellence. Il/elle n'a pas besoin de dire quoi que ce soit. Dieu comprend leurs intentions sincères", déclare l'évêque kenyan.

Agnes Aineah