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L'Eglise catholique souhaite "des élections inclusives, crédibles et pacifiques en 2023" : Nonce de la RD Congo

L'Église catholique en République démocratique du Congo (RDC) cherche à soutenir la démocratie en assurant des élections générales inclusives, crédibles et pacifiques en 2023, a déclaré le Nonce apostolique dans la nation d'Afrique centrale.

S'adressant aux journalistes mercredi 6 octobre après une audience avec le président de l'Assemblée nationale, Christophe Mboso, Mgr Ettore Balestrero a souligné ses délibérations avec les dirigeants du parlement de la RDC. 

"Nous avons parlé du processus électoral avec le président de l'Assemblée nationale. Je lui ai dit que le seul objectif pour lequel l'Église catholique participe au processus électoral est d'apporter sa contribution à la démocratie en RDC par des élections inclusives, crédibles et pacifiques en 2023", a déclaré Mgr Balestrero.

L'Église catholique, a ajouté le nonce apostolique, "veut sauvegarder le bien-être du peuple congolais."

Les chefs religieux de la RDC restent divisés sur la question de savoir qui doit diriger la Commission électorale nationale indépendante (CENI), une prérogative qui leur est accordée par la constitution du pays.

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Le 4 octobre, les membres du Platforme des confessions religieuses ne sont pas parvenus à un consensus sur le choix du chef de la commission électorale, même après l'expiration du délai de 72 heures accordé par le président de l'Assemblée nationale.

Dans une lettre adressée au président de l'Assemblée nationale, le vice-président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), Mgr José Moko Ekanga, a déclaré que les leaders religieux "ne sont pas parvenus à un consensus malgré notre demande aux six autres confessions de nous présenter d'autres candidats. Nous n'avons pas non plus voté".

Il ajoute : "Nous avons proposé de revenir le lundi 4/10/2021 dans l'espoir d'évoluer mais le groupe des six nous a dit que ce n'était pas utile, alors autant attendre la position que prendra la plénière de l'Assemblée nationale."  

"C'est dans cet esprit que nous nous sommes séparés. Un rapport complet du présidium sur le processus de nomination des facilitateurs de la CENI par le Forum des confessions religieuses vous parviendra sous peu", a déclaré l'Ordinaire du diocèse d'Idiofa en RDC.

La CENI est composée de 13 membres. La société civile est représentée par trois délégués issus des confessions religieuses, des organisations de défense des droits des femmes et des organisations d'éducation civique et électorale.

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S'adressant aux journalistes lors de la conférence de presse du 6 octobre, Mgr Balestrero a appelé les chefs religieux à donner la priorité au dialogue afin de parvenir à un consensus.

"Il est important de poursuivre le dialogue entre les églises dans cette consultation. Je voudrais qu'il soit possible de continuer à avoir un consensus qui est la victoire de l'indépendance, de la démocratie", a déclaré Mgr Balestrero qui aura 55 ans en décembre.

"C'est aussi la raison pour laquelle les confessions religieuses doivent être présentes sur la plateforme", a encore dit le représentant papal qui est à la tête du service diplomatique du Vatican en RDC depuis 2019, avant d'ajouter en référence aux leaders confessionnels : "Ils doivent avoir un consensus sur les questions qui sont importantes pour le bien-être de la population. Le dialogue et le consensus sont toujours gagnants. ”

En juin, les chefs religieux de la RDC n'ont pas réussi à annoncer le nom du chef de la commission électorale après plusieurs jours de concertation.

Les responsables des principales confessions religieuses du pays, dont l'Eglise catholique et l'Eglise du Christ au Congo (ECC), ont rejeté le choix de Denis Kadima, un expert électoral proposé par six autres confessions pour la nouvelle tête de la CENI.

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S'adressant aux journalistes lors d'une conférence de presse le 4 octobre, le porte-parole du Forum des confessions religieuses de la RDC, le père Donatien Nshole, a déclaré que certains chefs religieux avaient cédé aux "pressions politiques".

"La candidature de Kadima s'est accompagnée de menaces et d'intimidations. C'est une preuve palpable. Vous vous souviendrez que nous avons tous signé une déclaration commune le 23 juillet, dénonçant les menaces contre le travail que nous faisions et qui étaient dirigées contre Kadima", a déclaré le père Nshole aux journalistes à Kinshasa.

Curieusement, le prêtre catholique a ajouté que "les personnes qui étaient menacées, qui ne pouvaient même pas passer la nuit chez elles, ont changé d'avis du jour au lendemain, c'est-àdire qu'elles ont cédé à la pression."

Il existe des preuves bien établies de la façon dont Kadima a soudoyé certains chefs religieux pour qu'il soit déclaré président de la CENI, a poursuivi le père Nshole, ajoutant que certains chefs religieux se sont vus offrir 100 000 dollars et des voitures de luxe pour changer leur position.

"L'Église catholique ne s'oppose pas aux capacités techniques de Kadima, mais en plus des critères techniques, il y a des critères éthiques établis dont les religieux doivent tenir compte", a encore dit le prêtre catholique. 

Entre-temps, le Saint-Siège a exprimé sa préoccupation concernant les attaques contre l'Église et ses institutions en RDC.

S'adressant aux participants de la 48e session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, mardi 5 octobre, le Chargé d'affaires de la Mission permanente d'observation du SaintSiège auprès des Nations unies a qualifié de "graves" les attaques contre l'Église catholique en RDC. 

"Le Saint-Siège est particulièrement préoccupé par les attaques contre l'Église catholique et les institutions ecclésiastiques qui ont eu lieu dans tout le pays pendant le processus de nomination du président de la CENI", a déclaré Mgr John Putzer.

Ces attaques constituent, selon Mgr Putzer, "une grave atteinte à la liberté de religion et d'expression, mais aussi une violation de la démocratie".

Il a ajouté : " Le Saint-Siège note qu'il est essentiel que ce processus soit mené de manière transparente, démocratique et indépendante, afin qu'un consensus effectif puisse être atteint parmi les huit confessions qui composent la plateforme des confessions religieuses responsable de la nomination du président de la CENI. ”

Mgr Putzar a poursuivi en appelant à des "efforts coordonnés et constants" à tous les niveaux pour "protéger efficacement les droits et la dignité du peuple congolais."

Le diplomate du Vatican a également appelé toutes les parties prenantes à l'organisation des élections à veiller à ce que "le processus électoral de 2023 se déroule de manière libre, transparente, inclusive et démocratique, sur la base d'un consensus effectif."

Il a fermement condamné "tous les actes de violence, en particulier ceux impliquant la perte de vies humaines, et toutes les formes de violence sexuelle qui sont perpétrés sur le territoire congolais."

Les conséquences de cette "instabilité et insécurité politiques", a déclaré Mgr Putzar, sont "dévastatrices pour la protection des droits de l'homme dans le pays."

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.