Les évêques catholiques français annoncent un "vaste programme de renouveau" après le rapport sur les abus sexuels

Les évêques se sont agenouillés lors d'un acte de pénitence à Lourdes samedi, au cours duquel l'image d'un enfant en pleurs a été dévoilée et un survivant d'abus a partagé son témoignage.

Moulins-Beaufort a déclaré dans son discours que les évêques avaient reconnu la "responsabilité institutionnelle" de l'Église et avaient décidé de mettre en œuvre des réformes fondées sur ce qu'ils avaient appris du rapport de 2 500 pages de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (CIASE).

"Nous l'avons fait avant tout parce que nous avons senti le regard de Dieu sur nous, parce que nous avons senti monter en nous le dégoût et la peur en réalisant ce que tant de personnes avaient vécu et vivaient en termes de souffrance, alors qu'elles avaient le droit de recevoir la lumière, la consolation, l'espérance de Dieu", a déclaré l'archevêque.

Parmi les résolutions votées par les évêques français figure un accord visant à vendre les biens immobiliers et mobiliers de certains diocèses catholiques afin d'alimenter un fonds d'indemnisation des victimes d'abus.

Les évêques ont également mis en place des groupes de travail chargés de soutenir les efforts de l'Église pour traiter et prévenir les abus.

"Nous devons rechercher la vérité de l'Église, de l'Église de Jésus, dans une écoute renouvelée des pauvres et des petits, de ceux qui sont les victimes ou les laissés pour compte de notre vie collective. Pour nous aujourd'hui, nous devons écouter attentivement les victimes dans notre Église", a déclaré Moulins-Beaufort.

Le rapport du CIASE, publié le 5 octobre, estime que 216 000 enfants ont été abusés par des prêtres, des diacres, des moines ou des religieuses en France entre 1950 et 2020.

Il suggère qu'il y avait "entre 2 900 et 3 200" abuseurs sur 115 000 membres du clergé et autres travailleurs religieux, ce qui, selon le rapport, "impliquerait un nombre très élevé de victimes par agresseur".

L'étude précise également que "plus d'un tiers des agressions sexuelles au sein de l'Église catholique ont été commises, non pas par des membres du clergé, des moines ou d'autres travailleurs religieux, mais par des laïcs."

Moulins-Beaufort a déclaré que les évêques français soumettraient les recommandations du CIASE qui concernent l'Église universelle au pape François pour qu'il les examine, après quelques petites révisions.

"Nous avons décidé ensemble de demander au pape, puisque nous sommes nommés par lui, de nous venir en aide, en envoyant quelqu'un en qui il a confiance pour discuter avec nous de la manière dont nous avons traité et traitons les victimes et leurs agresseurs", a déclaré l'évêque.

Le pape François a envoyé une lettre aux évêques français la semaine dernière à la lumière de l'assemblée plénière, les exhortant à consoler les victimes et à prendre soin du "saint peuple de Dieu blessé et scandalisé."

"Alors que vous traversez la tempête de honte et de tragédie liée aux abus sur mineurs dans l'Église, je vous encourage à porter votre fardeau avec foi et espérance, et je le porte avec vous", écrit le pape François dans la lettre publiée le 3 novembre.

"Je suis sûr qu'ensemble, et sous la direction de l'Esprit Saint, vous trouverez les moyens d'honorer et de consoler les victimes ; d'exhorter tous les croyants à la pénitence et à la conversion du cœur ; de prendre toutes les mesures nécessaires pour faire de l'Église une maison sûre pour tous ; de prendre soin du peuple de Dieu blessé et scandalisé ; et enfin, d'assumer la mission avec joie, en regardant résolument vers l'avenir."