"Les conditions d'un dialogue crédible et sincère ne sont pas réunies " : Les évêques catholiques du Tchad

En avril, le président Idriss Déby Itno, qui était à la tête du pays depuis 1990, est décédé après avoir succombé aux blessures d'une bataille avec le Front pour le changement et la concorde au Tchad (FACT), un groupe rebelle de l'armée dissidente dans le nord du pays.

Après sa mort, un conseil de transition composé d'officiers militaires et dirigé par le fils de Deby, Mahamat Idriss Déby Itno, en tant que président par intérim, supervise la période de transition du Tchad pour les 18 prochains mois.

Le conseil a publié une charte qui définit le rôle des membres censés être nommés au conseil national de transition, une charte qui a été rejetée par les partis d'opposition du pays.

En juillet, les membres du CET ont appelé à un "dialogue national inclusif" qui puisse rassembler les parties prenantes de la vie sociopolitique du pays.

"La mort du président Déby a rendu cette crise évidente, et ce dialogue national inclusif et cette réconciliation deviennent une nécessité urgente afin de permettre à tous les enfants du Tchad de se réunir et de s'entendre sur un nouveau contrat social qui devrait les lier pour les prochaines décennies", ont déclaré les évêques catholiques dans une déclaration collective du 3 juillet.

Ils ajoutent : " Le dialogue inclusif de réconciliation nationale, censé réunir tous les acteurs de la vie sociopolitique tchadienne et mettre en place un conseil national de transition chargé de mener les réformes institutionnelles nécessaires en vue de l'élaboration d'un projet de constitution plus consensuel, tarde à prendre forme. "

Dans leur déclaration collective en 32 points du 10 décembre, les évêques catholiques du Tchad déclarent : " La Charte de transition élaborée unilatéralement et dans l'opacité par le Conseil militaire de transition (CMT), la désignation non consensuelle des membres du Comité d'organisation du dialogue national inclusif (CODNI), la cooptation des membres du Conseil national de transition (CNT) par décret et l'organisation de réunions de pré-dialogue dans des conditions confuses sont autant de signes visibles de la volonté d'un groupe qui veut à tout prix imposer sa vision politique au reste des Tchadiens."

Pour aller de l'avant, les membres du CET exhortent toutes les institutions de la transition "à écouter les attentes du peuple tchadien dans la mise en œuvre de la feuille de route de la transition."

" Soyez les garants et les promoteurs des droits de l'homme et des libertés fondamentales de tous vos concitoyens ", disent-ils, et ils ajoutent : " Le rôle de l'armée nationale doit rester celui de défendre l'intégrité du territoire national, d'assurer la paix à l'intérieur des frontières et la sécurité des personnes et des biens. "

Ils invitent les dirigeants de la transition à "respecter leur parole d'honneur devant la nation pour garantir le succès du processus de transition".

Les évêques catholiques exhortent le peuple de Dieu au Tchad à "ne pas se décourager, mais continuer à espérer contre toute espérance comme Abraham, notre Père dans la foi."

"Notre message de Noël cette année est une invitation à regarder notre Église et notre pays avec espérance. Dieu nous aime et nous invite à accueillir avec joie et espérance le don de sa paix", déclarent les responsables de l'Église catholique dans le message intitulé "Peuple tchadien, cheminons ensemble dans l'Espérance."

Dans la déclaration collective publiée à l'issue de leur assemblée plénière du 3 au 9 décembre, les membres de la CET se disent solidaires "des joies et des espoirs, des tristesses et des angoisses de nos fidèles et de nos concitoyens."

"Cela nous invite à cheminer ensemble dans l'écoute mutuelle afin de construire une fraternité nationale qui transcende les divisions et les clivages qui nous effraient aujourd'hui", ajoutent-ils.

"Dieu a un projet pour le peuple tchadien", disent les évêques catholiques, et poursuivent : "Le temps de Noël, celui de la naissance de Jésus-Christ notre Sauveur, nous permet de trouver les raisons et les ressources indispensables pour oser inventer notre avenir. Elle nous donne le courage de nous mettre du côté du bien, même là où cela semble sans espoir."

L'espérance, disent encore les membres du CET, "nous pousse à nous engager à la suite de Jésus dans la construction d'un nouveau Tchad, plus juste et plus fraternel à l'image du Royaume de Dieu qui est un royaume de vérité, de justice, d'amour et de paix."

"L'espérance nous pousse à nous engager à changer ce qui n'est pas bon en nous et autour de nous : dans nos familles, nos communautés, nos villes et villages, notre société ; dans les lieux où nous exerçons nos responsabilités professionnelles, politiques, militaires et sociales. Vivre l'espérance exige une conversion", ajoutent-ils.

Les évêques catholiques implorent : "Que la venue du Fils de Dieu dans notre monde apporte une aube nouvelle dans nos cœurs et ouvre une nouvelle page dans l'histoire de notre pays."