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Les évêques d'Afrique australe "profondément" préoccupés par le projet d'exploration pétrolière de l'Afrique du Sud

Les évêques catholiques d'Afrique australe se sont dits "profondément" préoccupés par le projet d'exploration des réserves de pétrole et de gaz dans la région du Cap oriental en Afrique du Sud. 

Dans une déclaration du mardi 14 décembre partagée avec ACI Afrique, les membres de la Conférence des évêques catholiques d'Afrique australe (SACBC) affirment que l'évaluation sismique qui doit être menée par Royal Dutch Shell (RDSa.L) aura un impact négatif sur l'écosystème de l'océan. 

"Nous sommes profondément déçus que le gouvernement ait décidé de fermer les yeux sur l'impact environnemental de l'exploration et de l'extraction pétrolières, en particulier sur les perspectives de pollution des océans et sur les graves dommages que les techniques sismiques utilisées pour explorer le pétrole sous le plancher océanique infligeraient aux écosystèmes océaniques", déclarent les dirigeants de l'Église catholique dans la déclaration signée par le président de la SACBC, Mgr Sithembele Sipuka. 

Ils ajoutent en référence aux propos du pape François lors d'une conférence tenue à l'Académie pontificale des sciences en juin 2018 : "L'augmentation des niveaux de gaz à effet de serre est inquiétante et constitue une réelle source de préoccupation. Pourtant, la recherche continue de nouvelles réserves de combustibles fossiles est encore plus inquiétante, alors que l'Accord de Paris invitait clairement à garder la plupart des combustibles fossiles sous terre." 

Les membres de la SACBC se disent "déçus" par la décision du gouvernement sud-africain de soutenir l'exploration du gaz et du pétrole, un mois après avoir assisté à la Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP 26), où la nécessité pour le monde de maintenir les combustibles fossiles sous terre, si l'on veut que la hausse des températures ne dépasse pas 1,5°C, a été "répétée à plusieurs reprises".

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Le temps presse pour les efforts mondiaux et nationaux visant à éliminer progressivement les combustibles fossiles et à prévenir la "catastrophe climatique", affirment les membres du SACBC. 

En novembre, RDSa.L a mis à quai son navire de prospection sismique, l'Amazon Warrior, dans le port du Cap, en prévision de la prospection pétrolière, qui devrait être menée entre décembre et février 2022.  

Les défenseurs de l'environnement et les pêcheurs locaux ont saisi la justice pour empêcher l'enquête prévue par RDSaL, qui aurait été autorisée par le ministère des ressources minérales et de l'énergie du pays. 

La semaine dernière, la Haute Cour a donné àRDSaL le feu vert pour poursuivre l'étude sismique. L'étude consistera à générer des signaux sonores acoustiques qui seront transmis à la surface de la terre et refléteront les différentes couches géologiques du sol.

Dans leur déclaration du 14 décembre, les évêques catholiques d'Afrique du Sud, du Botswana et d'Eswatini demandent au gouvernement sud-africain de revoir et d'arrêter tous les projets de prospection gazière et pétrolière qu'il a dans le pipeline, y compris le projet actuel dans le Cap oriental, au large de la côte entre Morgan Bay et Port St Johns.  

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"Compte tenu du sentiment d'urgence autour de la crise climatique, nous demandons également au gouvernement de réviser les objectifs de réduction des émissions que le cabinet a annoncés en septembre 2021 afin qu'ils soient compatibles avec l'Accord de Paris et qu'ils aient la capacité d'ouvrir une plus grande fenêtre d'opportunité pour que l'Afrique du Sud puisse mobiliser des financements climatiques", indiquent les membres du SACBC. 

Lors de la réunion spéciale virtuelle du Cabinet de septembre 2021, les ministres sud-africains ont adopté une résolution visant à réduire les objectifs d'émissions dans une fourchette de 350 à 420 millions de tonnes d'équivalent dioxyde de carbone (Mt CO2e) d'ici 2030.

Le Cabinet a également approuvé des interventions qui contribueront à la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) en Afrique du Sud. 

Magdalene Kahiu