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À l'approche des élections locales au Sénégal, les chefs religieux appellent au "calme, à la retenue et au respect"

Les chefs religieux du Sénégal ont, dans une déclaration collective, lancé un appel au "calme, à la retenue et au respect d'autrui" dans un contexte de tensions à l'approche des élections locales qui doivent avoir lieu le mois prochain.

Lors d'une conférence de presse conjointe organisée lundi 20 décembre, les leaders religieux du Sénégal comprenant des évêques catholiques, des imams et des érudits musulmans (Ulemas) ont appelé toutes les parties prenantes à "rester unies, afin de ne pas compromettre la paix au Sénégal".

Dans leur déclaration collective obtenue par ACI Afrique, les leaders religieux soulignent l'importance des scrutins en disant : "Notre pays s'achemine vers la tenue d'élections territoriales, communément appelées élections locales, prévues le dimanche 23 janvier 2022. C'est un tournant très important dans la vie de notre Nation dans toutes ses composantes. Par conséquent, veiller à leur bon déroulement est un enjeu majeur pour chaque citoyen."

Ils ajoutent : "Actuellement, certains citoyens s'organisent et se mobilisent au sein de partis politiques, coalitions et autres mouvements, pour faire valoir légitimement leurs ambitions d'être élus à la tête des collectivités locales en tant que maires, présidents de conseils départementaux ou conseillers municipaux."

"Nous réitérons notre appel au calme, à la retenue et au respect d'autrui. Avec tous, nous disons : Non à la violence", disent les chefs religieux du Sénégal, et ajoutent : "Ce pays nous appartient. Il est de notre devoir de le protéger, de contribuer à son développement et à son rayonnement. Dans la diversité de nos opinions et de nos choix, restons sereins, pacifiques et respectueux."

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Ils invitent les citoyens à rester "calmes et sereins face aux défis qu'entraîne une telle étape dans la vie de notre Nation."

"Il est clair que dans de telles circonstances, les rivalités politiques légitimes peuvent rapidement se transformer en conflits graves pouvant conduire à des actions regrettables contre la paix et la stabilité de notre pays, si nous n'y prenons garde", mettent en garde les chefs religieux du Sénégal.

Les élections, qui devaient initialement avoir lieu en 2019, doivent être suivies d'élections législatives.

La tension est montée dans ce pays d'Afrique de l'Ouest depuis qu'un groupe d'une vingtaine de leaders de l'opposition a lancé une vaste coalition pour défier le parti au pouvoir du président Macky Sall.

Le mois dernier, plusieurs coalitions d'opposition ont dénoncé le rejet de leurs listes dans différentes localités du pays, rapporte RFI.

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Les leaders de l'opposition, Ousmane Sonko, Barthélémy Dias, et Elhadji Malick Gakou ont été arrêtés suite à des violences entre leurs partisans et la police à Dakar, la capitale du Sénégal.

Dans leur déclaration collective du 20 décembre lue par le secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques du Sénégal, le père Augustin Name Thiaw, les chefs religieux du pays affirment qu'à travers les élections locales, les Sénégalais "procéderont au renouvellement des mandats de nos élus locaux, en choisissant ceux qui auront la grâce et la responsabilité de présider aux destinées de nos communautés locales pour les cinq (5) prochaines années".

Pour que les élections se déroulent dans la paix, les leaders confessionnels du Sénégal invitent "tous les candidats à ces élections territoriales, ceux du parti présidentiel, de l'opposition, ainsi que de la partie civile à respecter les personnes et les institutions, tant dans leurs discours que dans leurs actes."

Ils en appellent en outre "à la conscience de tous les citoyens, notamment des acteurs politiques, à adopter un comportement responsable en vue d'élections crédibles, transparentes et apaisées."

"Personne ne doit mettre en danger la vie et la stabilité de notre nation par des paroles ou des comportements incitant à la violence", ajoutent les leaders religieux du Sénégal.

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Compte tenu des enjeux des élections locales, les leaders religieux appellent les acteurs à se préoccuper du "développement harmonieux de leurs localités respectives, en vue de collaborer avec toutes les ressources humaines de leur zone, sans exception, pour le bien et l'intérêt des populations."

"Le principal défi de ces élections locales est de promouvoir le développement inclusif et participatif de notre pays, en partant de la base, c'est-à-dire des communautés locales", notent-ils, avant de mettre en avant certains principes et valeurs, que les candidats doivent prendre en compte dans leurs activités politiques.

Les chefs religieux rappellent aux candidats "l'acceptation de la politique comme un engagement au service de la cité, le devoir de vérité, de transparence et de crédibilité et le respect des personnes et des institutions".

Ils appellent également à "la promotion du dialogue, de la paix et de la cohésion sociale, l'engagement pour le bien commun, l'engagement pour la justice, l'équité et le respect mutuel, l'engagement pour le respect des lois et règlements et l'engagement pour le respect de la vérité des urnes."

Les leaders invitent en outre les candidats à rejeter "toute discrimination sociale, religieuse ou ethnique et toute manipulation ou achat des consciences."

Ils invitent le peuple de Dieu au Sénégal à "se tourner vers Dieu, dans une prière fervente, pour lui confier notre pays et ses habitants."

"Que sa bonté toute-puissante éloigne de nous tous les esprits mauvais et diviseurs. Que la volonté de Dieu se manifeste dans le libre choix du peuple. Que Dieu, le Créateur du monde, nous accorde la concorde et la paix. Qu'il bénisse le Sénégal", implorent les chefs religieux de la nation ouest-africaine dans leur déclaration collective du 20 décembre.

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.