Le pape François rend hommage aux martyrs du Salvador récemment béatifiés pour leur "exemple héroïque"

Le prêtre franciscain, qui était venu d'Italie au Salvador comme missionnaire, avait offert la messe plus tôt dans la soirée pour un étudiant universitaire qui avait été tué par les militaires. Il était resté en prière dans l'église vide lorsque deux personnes sont entrées dans la paroisse et l'ont tué.

Selon la Congrégation vaticane pour les causes des saints, Spessotto ne soutenait ni la guérilla de gauche ni les groupes paramilitaires de droite qui s'affrontaient au Salvador à cette époque, mais recherchait le dialogue et la réconciliation entre les parties et essayait d'aider les plus faibles et les pauvres.

Malgré cela, Spessotto avait reçu des menaces de mort. Ses supérieurs lui ont suggéré de quitter le Salvador, mais il a exprimé le désir de rester.

Spessotto a écrit : "Mourir en martyr serait une grâce que je ne mérite pas. Laver tous mes péchés, mes fautes et mes faiblesses avec le sang versé pour le Christ serait pour moi un cadeau gratuit du Seigneur. Dès à présent, je pardonne et je prie pour la conversion des auteurs de ma mort."

Né en 1923 dans la province de Trévise, dans le nord de l'Italie, Spessotto est entré au petit séminaire à l'âge de 12 ans et a fait sa profession religieuse en tant que franciscain alors que l'Europe était plongée dans la Seconde Guerre mondiale en 1940.

Après avoir été ordonné prêtre en 1948, il a exprimé à ses supérieurs le désir d'être envoyé en Chine comme missionnaire, mais a été envoyé au Salvador en 1950.

Il a construit une église paroissiale à San Juan Nonualco, où il a servi comme missionnaire pendant 30 ans avant d'être martyrisé à l'âge de 57 ans.

Le décret du Vatican sur son martyre a été publié le 26 mai 2020.

Les trois autres martyrs béatifiés sont tous nés au Salvador.

Le père Rutilio Grande, prêtre jésuite et professeur de théologie pastorale formé en Europe, s'est exprimé avec audace pour condamner l'action répressive des militaires et de l'oligarchie au pouvoir contre les pauvres et les marginaux, selon le Vatican.

Le 12 mars 1977, alors qu'il revenait en voiture avec cinq autres personnes d'une messe offerte dans le cadre d'une neuvaine préparatoire à la fête de Saint-Joseph, le véhicule a été attaqué par des hommes armés.

Le prêtre a été tué sur le coup, ainsi qu'un garçon de 16 ans, Nelson Rutilio Lemus, qui assistait souvent à la messe, et Manuel Solórzano, un catéchiste de 72 ans, père de 10 enfants.

Oscar Romero, l'archevêque de San Salvador à l'époque, a été profondément secoué par cet assassinat et a personnellement présidé la messe de funérailles.

"Dans la motivation de l'amour, il ne peut rester absent la justice, il ne peut y avoir de véritable paix et de véritable amour sur la base de l'injustice, de la violence, de l'intrigue", a déclaré Romero, selon le décret du Vatican sur le martyre.

"L'amour véritable est ce qui a conduit Rutilio Grande à la mort avec deux paysans. C'est ainsi qu'il a aimé l'Église, il est mort avec eux, et avec eux il s'est présenté à la transcendance du ciel."

Environ 5 000 personnes, 25 évêques et 600 prêtres étaient présents à la messe de béatification sur la Plaza del Divino Salvador del Mundo de San Salvador, selon Suyapa Medios.

Le cardinal Gregorio Rosa Chávez, évêque auxiliaire de San Salvador, a prononcé l'homélie de la messe.

"Nos martyrs peuvent nous aider à retrouver la mémoire et l'espérance pour que nous ne renoncions pas au rêve d'un pays réconcilié et pacifique, un pays tel que notre Dieu le veut : juste, fraternel et solidaire", a déclaré le cardinal, selon ACI Prensa, partenaire d'information en langue espagnole de CNA.