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France: L'Église catholique lève 22 millions de dollars pour indemniser les victimes d'abus sexuels sur des enfants

L'Église catholique en France a obtenu plus de 22 millions de dollars d'indemnisation pour les victimes d'abus sexuels sur des enfants.

La nouvelle intervient environ quatre mois après qu'un rapport ait estimé que des centaines de milliers d'enfants ont été abusés dans l'Église catholique en France au cours des 70 dernières années.

"C'est un premier pas", a déclaré Gilles Vermot-Desroches dans une interview accordée à l'Agence France-Presse. Vermot-Desroches est le président du fonds Selam, qui est chargé de réunir les indemnités pour les victimes.

Un montant initial de 5,6 millions de dollars aurait déjà été mis de côté pour les demandes d'indemnisation faisant l'objet d'une enquête par un groupe indépendant.

On ignore comment le fonds d'indemnisation a été alimenté. Les évêques français ont voté, lors de leur assemblée plénière de novembre, la vente des biens immobiliers et mobiliers de certains diocèses catholiques. L'Église aurait également invité le clergé et les laïcs à faire des dons.

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La Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église a publié en octobre un rapport sur les abus sexuels sur des enfants dans l'Église catholique en France.

Le rapport estime que 216 000 enfants ont été abusés par des prêtres, des diacres, des moines ou des nonnes entre 1950 et 2020.

Il ajoute que si l'on prend en compte les abus commis par d'autres travailleurs de l'Église, "le nombre estimé d'enfants victimes s'élève à 330 000 pour l'ensemble de la période".

Les évêques catholiques de France ont répondu au rapport en promettant un "vaste programme de renouvellement" de leurs pratiques de gouvernance et la possibilité d'une médiation et d'une indemnisation pour les victimes d'abus.

Ils ont également mis en place des groupes de travail pour traiter et prévenir les abus.

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À la fin de leur assemblée plénière en novembre, les évêques se sont agenouillés dans un acte de pénitence à Lourdes, alors que l'image d'un enfant en pleurs était dévoilée et qu'une victime d'abus partageait son témoignage.

Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la conférence épiscopale française, avait alors déclaré que les évêques avaient reconnu la "responsabilité institutionnelle" de l'Église dans les conclusions du rapport.

"Nous avons senti le regard de Dieu sur nous, car nous avons senti monter en nous le dégoût et la peur en réalisant ce que tant de personnes avaient vécu et vivaient en termes de souffrance, alors qu'elles avaient le droit de recevoir la lumière, la consolation, l'espérance de Dieu", a déclaré l'archevêque.

Certains membres d'une académie catholique française ont critiqué la méthodologie du rapport sur les abus, estimant que le rapport manquait de "rigueur scientifique".

"L'évaluation disproportionnée de ce fléau alimente le récit d'un caractère 'systémique' et jette les bases de propositions visant à faire tomber l'Église-institution", ont-ils déclaré.

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Les auteurs de la critique notent que le rapport reconnaît qu'il n'y a pas de lien de causalité entre le célibat et les abus sexuels.

Mais ils ont déclaré que "la recommandation 4 traite du célibat des prêtres et invite [l'Église] à "identifier les exigences éthiques du célibat consacré, en particulier en ce qui concerne la représentation du prêtre et le risque encouru de lui conférer un statut de héros ou de le placer dans une position de domination".

Ils ont fait valoir que "cette recommandation ne relève pas du champ de compétence de la commission."

Cette critique a suscité une levée de boucliers, plusieurs membres de l'académie, fondée en 2008, ayant démissionné.

Kate Olivera