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Un archevêque au Tchad e légèrement blessé, mais "en bonne santé" après l'interruption d'une marche par la police

L'archevêque de l'archidiocèse de N'Djamena, au Tchad, qui a été blessé lorsque la police a violemment interrompu une marche pacifique à laquelle il participait, est "en bonne santé", a déclaré un responsable de l'Église.

La marche pacifique du mardi 15 février, organisée dans la capitale tchadienne, N'Djamena, était en l'honneur des victimes des affrontements intercommunautaires entre éleveurs et agriculteurs qui ont eu lieu dans la ville de Sandana, dans le sud du Tchad.

Les forces de l'ordre ont violemment interrompu la marche à l'aide de grenades lacrymogènes, blessant certains des manifestants pacifiques, dont une partie des jeunes et Mgr Djitangar Goetbé Edmond.

Dans une vidéo publiée sur Facebook le 15 février, le secrétaire général de la Conférence épiscopale du Tchad (CET) cherche à "rassurer" le peuple de Dieu dans la nation centrafricaine sur la santé de l'archevêque de N'Djamena.

" Je tiens à rassurer tout le monde que l'archevêque est en bonne santé ", déclare le père Xavier Kouldjim Omer, qui ajoute : " Il va bien. Il a un genou gonflé et une légère douleur au bas-ventre. Ce n'est pas grave. Donc, il est en parfaite santé".

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Le père Kouldjim, qui avait également pris part à la manifestation pacifique aux côtés de Mgr Djitangar, déclare : "Je n'ai pas eu de blessures majeures non plus. Je n'ai aucun problème, à part les douleurs qui disparaîtront sûrement dans quelques jours".

Le 8 février, un jeune éleveur a été retrouvé mort à côté de sa moto dans le village de Sandana.

Alors que les premières enquêtes auraient conclu à un accident, la communauté du jeune éleveur a affirmé qu'il avait été tué par les agriculteurs de Sandana et a organisé une expédition punitive pour venger la mort de leur parent.

Le 9 février, les éleveurs ont encerclé le village, mais c'est le 10 février que des affrontements meurtriers auraient eu lieu, au cours desquels au moins 13 personnes ont perdu la vie.

Un deuil de trois jours a été décrété dans la ville voisine de Sarh et à N'Djamena après la visite de quatre représentants du gouvernement dans la région.

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Parmi les victimes de la violence se trouvait un correspondant de Radio Lotiko, une station de radio communautaire chrétienne basée à Sandana, selon les rapports.

Dans un communiqué publié le 12 février, l'Union des journalistes tchadiens (UJT) a déclaré qu'Evariste Djaï-Loramadji avait été tué alors qu'il "donnait des informations à sa station de radio".

En réponse à la violence, une partie des Tchadiens, menée par des membres des provinces du Moyen-Chari et du Mandoul, a décidé d'organiser une marche pour "la dignité et la justice."

Dans le message vidéo du 15 février, le père Kouldjim raconte les événements qui ont conduit aux affrontements avec la police tchadienne.

Il dit : "Nous avons quitté le siège de la conférence épiscopale avec Mgr Djitangar, le président de la conférence épiscopale et archevêque de Ndjamena bien sûr. Nous sommes partis pour le lieu de rassemblement et le lieu de rassemblement était l'espace Fest'africa."

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"Nous sommes passés par le rond-point de l'Aigle. Et puis nous avons vu les gens qui arrivaient et donc nous sommes allés à leur rencontre et nous sommes descendus de notre voiture", raconte le père Kouldjim sur les événements du 15 février.

Il poursuit : "Nous avons marché avec la foule qui avançait vers le lieu de deuil et soudain trois camions remplis de policiers sont arrivés. Ils ont commencé à tirer des gaz lacrymogènes".

Le prêtre catholique raconte encore qu'avec l'archevêque, ils ont réussi à "dépasser la foule et devant elle et la police nous a vus, alors les trois véhicules sont partis et nous avons continué notre marche."

"Soudain, un autre contingent de sept ou huit véhicules est arrivé. Et c'est à ce moment-là qu'ils ont tiré des gaz lacrymogènes sur nous de tous les côtés", raconte le secrétaire général du CET.

Il ajoute : "Une cartouche de gaz a touché l'archevêque Edmond au genou droit et une autre au bas-ventre. J'en ai aussi pris une sur le bas-ventre, mais nous avons quand même avancé malgré la douleur."

Le père Kouldjim raconte que l'archevêque, une section de jeunes et lui-même ont dû se retirer dans un coin sûr car les tirs devenaient plus intenses.

"Beaucoup de jeunes se sont dispersés", dit-il, ajoutant que les tirs venaient de "tous les angles avec des gaz lacrymogènes". C'est à ce moment-là que deux jeunes ont été blessés à la jambe et à l'avant-bras droit."

Les deux blessés ont été transportés à l'hôpital Notre-Dame par l'archevêque qui est ensuite retourné au siège du CET, indique le père Kouldjim.

L'incident du 15 février a provoqué un déchaînement sur les médias sociaux, de nombreuses personnes ayant lancé un appel à la prière pour Mgr Djtangar.

"Je remercie tout le monde pour toutes les expressions de sympathie et de solidarité et pour avoir pris le temps de prier pour le Tchad. Je vais bien. Pas de panique", aurait déclaré Mgr Djitangar dans une note du 15 février.

Dans la vidéo Facebook du 15 février, le père Kouldjim décrit les récents cas de violence au Tchad comme une "douleur ajoutée à la souffrance de nos frères et sœurs qui sont morts à Abéché et à Santana".

" Ceux qui sont morts sont nos frères et sœurs, ce sont des Tchadiens ", dit-il, et il poursuit : " Si les gens veulent faire le deuil de ceux qui sont morts, ils ont le droit, en tant qu'êtres humains, de le faire ".

Faisant référence à la marche pacifique, le prêtre catholique précise : "Nous ne sommes pas sortis pour protester. Nous sommes allés pleurer nos frères et sœurs tombés au combat".

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.