Sur fond de controverse sur les médias sociaux concernant cette décision, de lecture malveillante du décret de l'archevêque Kleda et de point culminant d'un possible clivage entre les deux prélats camerounais, ACI Afrique a pris contact avec les responsables de l'Eglise pour obtenir leurs commentaires.
Le cardinal Tumi a souligné le rôle important que l'archevêque Kleda joue en tant que pasteur de l'archidiocèse de Douala.
"Depuis le 17 novembre 2009, le pape émérite Benoît XVI a accepté ma demande de remettre le gouvernement pastoral de l'archidiocèse de Douala à quelqu'un d'autre. Et cette personne est Mgr Samuel Kleda. Depuis ce jour, il est en effet mon successeur", a déclaré le cardinal Tumi.
"C'est pourquoi lors des messes, pendant la prière eucharistique depuis le 18 novembre 2009, lorsque le prêtre célébrant dit "prions pour notre évêque", son nom est mentionné avec le mien. Son nom est prononcé d'abord et ensuite le mien de la manière suivante : "Notre archevêque Samuel Kleda et notre archevêque émérite Christian", a ajouté le cardinal de 89 ans.
Il a qualifié cette pratique de "privilège que le Saint-Siège m'a accordé sans que j'aie à le demander" et a ajouté en faisant référence à son successeur : "Si l'archevêque a décidé de mettre un terme à ce privilège, c'est son droit et je le respecte".
Le cardinal Tumi est discret depuis sa démission de l'Ordinaire local de Douala en 2009, une responsabilité qu'il exerçait depuis 1991. Il s'est cependant fait entendre au début de la crise anglophone, en se faisant le champion des campagnes de paix et en appelant au dialogue dans ce pays d'Afrique centrale.
Pour sa part, Mgr Kleda n'a pas voulu commenter davantage sa décision, renvoyant ACI Afrique à son décret du 22 janvier.
Se référant à la décision de Mgr Kleda, le Père Jean Fotsing, un avocat canonique basé dans l'archidiocèse de Douala a déclaré à ACI Africa qu'"il n'y a pas de disposition canonique, en particulier en ce qui concerne les normes générales organisant l'Église catholique, et surtout sa célébration liturgique qui ordonne de citer un archevêque ou un évêque émérite dans une Église particulière".
"Seuls le pape et l'évêque du diocèse peuvent être cités", a déclaré le père Fotsing, qui a ajouté que "le célébrant (principal) peut citer un évêque qui visite et participe à la célébration liturgique".
Le clerc camerounais qui est également membre du Tribunal ecclésiastique de l'archidiocèse a expliqué plus loin : "Le droit canonique rend un archevêque ou un évêque d'un diocèse particulier responsable et garant de l'application des dispositions prévues dans son Corpus, et précise qu'en tant qu'Eglise particulière, chaque diocèse pourrait avoir d'autres dispositions particulières qui régiraient la discipline, l'organisation et une meilleure célébration liturgique".