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Le Conseil des laïcs du Sénégal exige des "excuses publiques" de la part d'un imam pour des "remarques blasphématoires"

Les membres du Conseil National des Laïcs (CNL) du Sénégal s'adressant aux journalistes lors d'une conférence de presse le 01 mars 2022. Les membres du Conseil National des Laïcs (CNL) du Sénégal s'adressant aux journalistes lors d'une conférence de presse le 01 mars 2022.

La direction du Conseil national des laïcs (CNL) du Sénégal a exigé des "excuses publiques" de la part d'un leader musulman, l'imam Serigne Lamine Sall, pour ses "remarques blasphématoires et offensantes" faites sur une chaîne de télévision privée à propos de la foi catholique.

Le 24 février, l'imam Lamine Sall, invité de Walfadjri TV, aurait déclaré : "Qui peut entendre, chaque dimanche, des gens qui disent que Dieu a un fils, ce sont des catholiques, ce ne sont pas des croyants."

Il a ajouté : "Si nous pouvons accepter que les non croyants appellent à la prière tous les dimanches et qu'ils ont le droit de le faire, nous pouvons accepter les francs-maçons, car c'est la même chose."

Dans une lettre adressée lundi 28 février au ministère de l'Intérieur du Sénégal qui gère les lieux de culte et au Conseil de régulation de l'audiovisuel (CNRA), les responsables de la CNL condamnent les "propos blasphématoires et injurieux tenus à l'encontre de la communauté catholique nationale et, au-delà lors de l'émission Diné Ak Jamono du jeudi 24 février 2022".

"M. Sall, dans ses propos, a assimilé notre religion à la franc-maçonnerie, et a tenu des propos blasphématoires sur notre foi. Il s'est purement et simplement attaqué aux fondements de notre croyance", affirment encore les responsables de la CNL dans la déclaration partagée avec ACI Afrique.

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Les membres du Conseil des laïcs du Sénégal ajoutent : "L'Eglise, par notre voix, attire l'attention du Conseil de régulation de l'audiovisuel (CNRA) et exige de l'imam Serigne Lamine Sall des excuses publiques à la hauteur des offenses qu'il a commises à l'encontre de la communauté catholique."

"Les mêmes demandes sont adressées à Walfadrji TV, qui a servi de support pour transmettre ce message exaspérant, ainsi qu'à l'animateur du jour, qui n'a pas pris la peine de rappeler son invité à l'ordre, pour l'informer qu'il portait atteinte à la religion d'autrui", indiquent les membres de la CNL dans la lettre du 28 février.

Le 26 février, les responsables du CNRA ont mis en demeure Walfadjri TV, demandant à l'entité médiatique de prendre les mesures appropriées pour mettre définitivement fin à ces infractions et d'observer une application stricte de la réglementation. 

La direction du CNRA a également exigé que Walfadjri TV présente des excuses publiques à la communauté catholique et au peuple sénégalais lors de la prochaine édition de l'émission incriminée sous peine de sanctions.

Suite au tollé suscité par ses propos, l'imam Lamine Sall a envoyé un message audio pour s'excuser de ses remarques.

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Dans l'enregistrement audio diffusé le 27 février, le leader musulman explique qu'il n'avait aucunement l'intention de "manquer de respect à la communauté catholique".  

Dans un communiqué de presse publié le même jour, la direction de Walfadjri TV a présenté ses excuses et s'est engagée à faire "tout son possible pour éviter de tels abus à l'avenir."

S'adressant aux journalistes lors d'une conférence de presse mardi 1er mars, le président de la CNL, Philippe Abraham Birane Tine, a déclaré : "Les propos discriminatoires, outranciers, agressifs et séparatistes tenus par l'imam Lamine Sall à l'encontre de la communauté catholique lors de l'émission 'Diiné Ak Diamono' renforcent notre certitude que les fondements de notre nation sont en danger et que son unité est plus que jamais menacée par des personnes qui bafouent notre charte fondamentale."

"Ces propos sont inadmissibles et ne peuvent être justifiés que par le mépris, l'indécence et l'ignorance d'une personne peu soucieuse de préserver les valeurs du 'vivre ensemble' qui nous ont permis de construire et de consolider notre nation sénégalaise", a ajouté M. Birane Tine.

Il poursuit : "L'Église catholique attire l'attention de l'État du Sénégal et demande que des sanctions soient prises contre les personnes coupables de tels crimes."

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La direction de la CNL demande au président Macky Sall de "tout mettre en œuvre pour que, désormais, les coupables de tels crimes soient identifiés et punis."

"Monsieur le Président de la République, face à de tels abus, nous exigeons désormais que les services compétents de l'État, dont le professionnalisme n'est plus à démontrer, soient saisis sans délai", indiquent les responsables de la CNL dans leur communiqué du 28 février.

La direction du CNL invite également les responsables des médias et tous les acteurs de l'information et de la communication à plus de "vigilance afin de contribuer au respect des règles du pluralisme, de l'éthique et de la déontologie, seuls garants d'un Sénégal de tous et pour tous."

La CNL au Sénégal est un organe de coordination de toutes les associations et mouvements d'Action Catholique. Elle a été créée par les évêques catholiques du Sénégal en avril 2008.

Nation majoritairement musulmane, le Sénégal compte environ 300 000 catholiques, soit 3,6 % de la population, selon les statistiques de 2019.

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.