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Au Cameroun, un archevêque catholique dénonce la mal gouvernance et la corruption et appelle à la conversion

Mgr Samuel Kleda, archevêque de l'archidiocèse catholique de Douala au Cameroun Mgr Samuel Kleda, archevêque de l'archidiocèse catholique de Douala au Cameroun

Mgr Samuel Kleda de l'archidiocèse catholique de Douala au Cameroun a, dans une lettre pastorale, exprimé son inquiétude face à la mal gouvernance et à la corruption dans ce pays d'Afrique centrale et a appelé les personnes pratiquant l'étau à se convertir.

Dans sa lettre pastorale datée du mercredi 2 mars, Mgr Kleda souligne la situation de mauvaise gouvernance au Cameroun et les secteurs touchés par la corruption.

"Notre pays est roué de coups, dépouillé de ses biens, de sa dignité, de son honneur, de ses ressources humaines et naturelles, et comme en agonie, à cause de la mal-gouvernance organisée par ses propres fils et filles", déclare Mgr Kleda dans sa lettre pastorale partagée avec ACI Afrique.

Il ajoute : "A la source de la majeure partie des maux qui minent le Cameroun aujourd’hui, se trouve la mal-gouvernance avec la banalisation, la légalisation et même l’institutionnalisation de la corruption dans la gestion du pays."

"La mal-gouvernance et ses corollaires, dans notre pays, proviennent de ce que ce n’est plus l’homme qui est au cœur des préoccupations de nos dirigeants ni l’intérêt général ni le bien-être de tous", affirme l'archevêque camerounais.

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Il poursuit : "L’accent est plutôt mis sur l’individu, le groupe, le clan, l’ethnie, le lobby, ce qui sacrifie la majorité de la population, la poussant ainsi de manière inexorable vers sa paupérisation et la misère."

Selon l'archevêque Kleda, "la mal-gouvernance trouble ainsi la vie politique et freine la croissance sociale, économique et même religieuse de notre pays. Elle détruit les acquis, compromet les aspirations légitimes des citoyens, et met en péril la confiance entre le peuple et les gouvernants."

Face à la menace dangereuse que représentent "la mal gouvernance et la corruption pour notre pays", l'archevêque camerounais s'interroge : "Sommes-nous en droit de rester muets ? Notre conscience citoyenne et chrétienne ne nous placera-t-elle pas au tribunal de l’histoire pour avoir été des complices, des partisans directs ou indirects, passifs ou actifs d’une manœuvre qui a contribué à détruire le Cameroun et à hypothéquer l’avenir des millions de personnes, surtout les jeunes, de cette Afrique en miniature?"

"Dans l’aujourd’hui de notre histoire, pouvons-nous nous tenir devant le Créateur et affirmer que nous gérons bien ce pays si riche de tant de ressources qu’Il nous a confié et que nous avons hérité de nos ancêtres ?", pose encore l'archevêque catholique dans sa lettre pastorale du 2 mars.

Il déplore qu'au Cameroun, la corruption ait touché "tous les domaines de la vie sociale, y compris la vie ordinaire : l'administration, l'éducation, les finances, les marchés publics, l'armée, la police, le système judiciaire, la religion, la santé publique, etc.

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"La corruption conduit non seulement au pillage et au gaspillage des ressources publiques, mais elle paralyse également le fonctionnement de l'État, crée des injustices et des inégalités au sein de la population et plonge toute la société dans le désespoir face à un avenir incertain et hypothéqué, voire sombre", déclare l'Ordinaire de l'archidiocèse de Douala au Cameroun dans sa lettre pastorale de 13 pages.

Il note que "pour que notre pays retrouve ses lettres de noblesse, il est grand temps que chaque Camerounais redécouvre les valeurs fondamentales sur lesquelles doit se fonder toute société qui se respecte : Le respect de la dignité de toute vie, la vérité, la justice, l'honnêteté, la responsabilité, la liberté, l'amour, l'équité, la loyauté."

"Avant tout, que chacun ait le courage de renoncer au péché qui le rend complice de la dérive de notre pays. Que chacun d'entre nous contribue à la lutte contre les 'structures du péché', qui paralysent et détruisent le Cameroun, son développement, sa croissance et le bien-être de son peuple", déclare Mgr Kleda.

Pour aller de l'avant, l'archevêque camerounais de 63 ans suggère "d'adopter de bonnes valeurs morales, de préserver l'institution du mariage et de la famille, de protéger les personnes, de promouvoir la justice et la paix, de vivre la réconciliation, de lutter contre la pauvreté, de prendre soin des pauvres, de combattre la corruption, de rechercher le bien commun, de réformer le système éducatif et de créer des emplois". "

" Œuvrer à la construction d'un Cameroun bien gouverné et bien géré, sans corruption, n'est pas une utopie. Si, en effet, nous ne supportons pas la corruption et la mauvaise gouvernance et ne fermons pas les yeux sur ces fléaux, nous construirons un pays fort, prospère, stable, un véritable havre de paix où il fait bon vivre en frères", dit-il.

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Les Camerounais "doivent surmonter l'appétit de possession et d'enrichissement illicite qui sont à l'origine de ces maux qui minent notre pays et opérer un changement de mentalité et une conversion radicale et profonde", déclare Mgr Kleda.

"Que chaque Camerounais, où qu'il soit et selon son activité, s'engage de manière honnête et responsable dans la transformation de notre pays selon les valeurs de l'Évangile", ajoute-t-il.

Pour y parvenir, dit l'archevêque, "la prière et la pénitence sont les armes qui permettront à ceux qui nous dirigent de bien gouverner notre pays, et à nous tous de nous efforcer d'éradiquer ces fléaux qui, tel un démon redoutable, menacent dangereusement notre pays."

"Que la Sainte Vierge Marie, Notre-Dame de la Paix et patronne du Cameroun, intercède pour une véritable conversion de nos cœurs et de nos esprits pour une nouvelle Pentecôte dans notre pays", implore Mgr Kleda dans sa lettre pastorale du 2 mars partagée avec ACI Afrique.

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.