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L'insécurité persistante au Nigeria est "la plus grande menace pour les élections de 2023", selon les dirigeants chrétiens

Les membres de l'Association chrétienne du Nigeria (CAN) avec le président Muhammadu Buhari. Crédit : Présidence du Nigeria Les membres de l'Association chrétienne du Nigeria (CAN) avec le président Muhammadu Buhari. Crédit : Présidence du Nigeria

Les représentants des dirigeants chrétiens du Nigeria ont exprimé leur inquiétude face à l'insécurité persistante dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, estimant qu'elle constitue la "plus grande menace" pour les élections générales qui doivent avoir lieu l'année prochaine.

S'adressant aux membres d'une délégation de l'Union européenne (UE) conduite par l'observatrice en chef des élections, Maria Arena, le président de l'Association chrétienne du Nigeria (CAN), le révérend Samson Ayokunle, a dénoncé "les problèmes de sécurité, causés par les activités criminelles des terroristes, des bandits et des kidnappeurs dans le pays".

Dans un rapport du mercredi 2 mars, le révérend Ayokunle aurait déclaré : "L'insécurité dans le pays est la plus grande menace pour les élections de 2023."

"Le gouvernement semble s'efforcer de tuer la situation dans l'œuf, mais ses efforts actuels sont loin d'être suffisants", déclare le responsable de la CAN, qui ajoute : "Cela fait maintenant treize ans que nous luttons contre cette situation, et pourtant, nous en sommes toujours là !"

Dans le rapport, le responsable de l'entité chrétienne qui comprend des représentants de la Conférence des évêques catholiques du Nigeria (CBCN) exhorte le "gouvernement fédéral et les agences de sécurité à se réveiller face aux problèmes de sécurité dans le pays où les terroristes, les bandits et les kidnappeurs opèrent en toute impunité et où rien n'est à nouveau sûr et sécurisé".

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Selon le révérend Ayokunle, la situation sécuritaire dans le pays "pourrait ne pas permettre aux élections générales d'être crédibles, libres et équitables, si les électeurs ne sont pas autorisés à sortir pour exercer leurs droits inaliénables, par peur d'être blessés, kidnappés ou tués."

Le Nigeria, qui devrait organiser des élections générales l'année prochaine, connaît l'insécurité depuis 2009, date à laquelle l'insurrection de Boko Haram a commencé dans le but de transformer le pays en un État islamique.

Depuis lors, le groupe, l'un des plus grands groupes islamistes d'Afrique, orchestre des attaques terroristes aveugles contre diverses cibles, notamment des groupes religieux et politiques ainsi que des civils.

La situation d'insécurité dans ce pays d'Afrique de l'Ouest s'est encore compliquée avec l'implication des bergers Fulani, majoritairement musulmans, également appelés milices Fulani, qui se heurtent fréquemment aux agriculteurs chrétiens, apparemment pour des questions de pâturage.

Dans le rapport du 2 mars, le président du CAN exhorte les membres de la Commission électorale nationale indépendante (INEC) à être "apolitiques" dans la tâche qui leur est confiée.

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Il affirme que les fonctionnaires de l’INEC qui sont "des membres du parti au pouvoir" devraient "démissionner ou être débusqués" afin d'éviter que les résultats des élections ne soient compromis.

Le responsable du CAN invite les responsables de l'INEC à s'inspirer de leurs homologues gambiens, dont les élections récentes ont été "bien meilleures" que celles du Nigeria.

"Les élections en Gambie ont été plus crédibles, libres et équitables. Elles n'ont pas fait l'objet de harcèlement sécuritaire et toutes les parties concernées ont bénéficié de conditions équitables", déclare le révérend Ayokunle.

Il ajoute : "Nous sommes censés faire mieux parce que nous avons plus de ressources et plus de capacités que les Gambiens."

Réfléchissant au candidat idéal pour les élections présidentielles, le responsable du CAN déclare : "Le CAN n'a pas de candidat pour le poste de président."

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Il note toutefois qu'il est nécessaire d'avoir un "chrétien comme successeur du président Muhammadu Buhari, qui est musulman et aura passé huit ans au pouvoir au moment où il passera la main au prochain président".

"Bien que le Nigeria pratique la démocratie, en raison de nos particularités, notamment notre nature multiculturelle, multi-tribale et multi-religieuse, notre démocratie devrait être une démocratie locale où chaque division devrait avoir un sentiment d'appartenance", déclare le révérend Ayokunle.

Même si la constitution est muette sur la représentation rotative des six zones géopolitiques, le président du CAN déclare : "Les partis politiques devraient être assez sages pour en faire usage dans le partage des postes de direction."

"Nous avons mis en garde tous les partis politiques contre la présentation de candidats présidentiels musulmans-musulmans ou chrétiens-chrétiens", dit-il, et il ajoute : "Le président Muhammadu Buhari étant un musulman du Nord, dans l'intérêt de l'équité, de la justice sociale et de la cohésion, le prochain président devrait être un chrétien du Sud."

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.