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Pape François: Nous sommes témoins de l'"impuissance" de l'ONU dans la guerre en Ukraine

Le pape François s'exprime lors de son audience générale hebdomadaire, le 6 avril 2022. Vatican Media Le pape François s'exprime lors de son audience générale hebdomadaire, le 6 avril 2022. Vatican Media

Le pape François a déploré "l'impuissance" des Nations unies face à la guerre en Ukraine, dans des propos tenus lors de son audience générale mercredi.

"Aujourd'hui, nous entendons souvent parler de 'géopolitique'. Mais malheureusement, la logique dominante, ce sont les stratégies des pays les plus puissants pour affirmer leurs propres intérêts, étendre leur zone d'influence économique, ou idéologique, et/ou militaire. Nous le voyons avec la guerre", a déclaré le pape le 6 avril.

"Après la Seconde Guerre mondiale, on a essayé de jeter les bases d'une nouvelle ère de paix. Mais, malheureusement - on n'apprend jamais, n'est-ce pas ? - la vieille histoire de la compétition entre les grandes puissances a continué", a déclaré François dans la salle Paul VI du Vatican.

"Et, dans la guerre actuelle en Ukraine, nous sommes témoins de l'impuissance des organisations des Nations unies".

Les commentaires du pape sont intervenus un jour après que le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy se soit adressé à l'ONU via une liaison vidéo et ait accusé l'armée russe de crimes de guerre. Le président ukrainien a également exprimé sa frustration à l'égard du Conseil de sécurité de l'ONU, dont la Russie est un membre permanent doté d'un droit de veto.

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"Où est la sécurité que le Conseil de sécurité doit garantir ? Elle n'est pas là", a déclaré M. Zelenskyy, s'exprimant par l'intermédiaire d'un traducteur.

"Il est évident que l'institution clé du monde - qui doit assurer la coercition de tout agresseur à la paix - ne peut tout simplement pas fonctionner efficacement", a déclaré le président ukrainien le 5 avril.

Le pape François a parlé de l'ONU au cours d'une réflexion sur son récent voyage à Malte les 2 et 3 avril lors de son audience hebdomadaire du mercredi, où il a également rencontré des enfants ukrainiens réfugiés.

Le pape a ajouté qu'il considérait Malte comme représentant "les droits et le pouvoir des "petites" nations".

"Petites mais riches d'histoire et de civilisation qui doivent conduire vers une autre logique - celle du respect et de la liberté - la logique du respect et aussi la logique de la liberté, de la coexistence des différences, opposée à la colonisation des plus puissants", a-t-il dit.

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Le pape a expliqué qu'il avait choisi une citation des Actes des Apôtres comme devise pour son voyage papal à Malte, "Ils nous ont montré une bonté inhabituelle", en raison à la fois de la crise des migrants et aussi "pour que le monde devienne plus fraternel, plus vivable."

Le pape François a mis en avant la question des migrations lors de son voyage sur l'île méditerranéenne en visitant un centre d'accueil des immigrés fondé par un prêtre franciscain, appelé le Laboratoire de paix Jean XIII.

"J'ai rencontré de nombreux migrants qui ont débarqué sur l'île après de terribles périples", s'est souvenu le pape.

"Nous ne devons jamais nous lasser d'écouter leurs témoignages car ce n'est qu'ainsi que nous pouvons sortir d'une vision déformée qui circule souvent dans les médias de masse, et que les visages, les histoires, les blessures, les rêves et les espoirs de ces migrants peuvent émerger."

Le pape a souligné que chaque migrant ne doit pas être considéré comme "un numéro" mais comme une personne.

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"Chacun est unique comme chacun d'entre nous. Chaque migrant est une personne avec une dignité, avec des racines, avec une culture. Chacun d'eux est porteur d'une richesse infiniment plus grande que les problèmes qu'il apporte", a-t-il déclaré.

"Certes, leur accueil doit être organisé - c'est vrai - et encadré ; et d'abord, bien avant, il doit être planifié ensemble, au niveau international", a ajouté le pape François.

Selon lui, la migration est "un signe de notre temps" et elle "doit être lue et interprétée comme telle."

Réfléchissant à son premier voyage apostolique de 2022, le pape a déclaré qu'il a fait le voyage à Malte "avant tout" comme un acte de gratitude envers Dieu et pour confirmer le peuple maltais dans la foi.

"Malte est le lieu-clé du point de vue de l'évangélisation", a-t-il déclaré. "De Malte et de Gozo, les deux diocèses du pays, de nombreux prêtres et religieux, mais aussi des fidèles laïcs, sont partis apporter leur témoignage chrétien dans le monde entier."

"Néanmoins, le vent du sécularisme, d'une pseudo-culture mondialisée basée sur le consumérisme, le néocapitalisme et le relativisme, souffle là aussi. C'est pourquoi le temps de la nouvelle évangélisation est venu là aussi", a-t-il ajouté.

Le pape a décrit son temps de prière dans la Grotte Saint-Paul de Malte comme "un puisage à la source pour que l'Évangile traverse Malte avec la fraîcheur de ses origines et ravive son grand héritage de religiosité populaire".

Il a ajouté qu'en visitant la basilique du sanctuaire national de la Sainte Vierge de Ta' Pinu, dans le pays, il a entendu "battre le cœur du peuple maltais."

"Marie nous aide à raviver la flamme de la foi en puisant dans celle de l'Esprit Saint qui attire génération après génération à la joyeuse annonce de l'Évangile, car la joie de l'Église est d'évangéliser", a déclaré le pape François.

Cet article a été mis à jour le 6 avril pour inclure les commentaires du président ukrainien Volodymyr Zelenskyy.

Courtney Mares