"Rien, je dis bien rien du tout ne peut justifier ou même excuser le massacre et le meurtre de quiconque par une foule sans cervelle comme ce que Deborah a subi. Elle peut être considérée comme négligente, insouciante ou même imprudente, mais aucun être humain ne mérite d'être traité comme elle l'a été", dit-il.
"Dans les sociétés civilisées, même le criminel le plus endurci mérite une audience et un procès équitables. Deborah n'était certainement pas un criminel endurci", déclare l'Ordinaire local du diocèse d'Oyo, qui est également président du Comité épiscopal panafricain pour les communications sociales (CEPACS), expliquant que le meurtre de Deborah va au-delà des droits religieux pour atteindre un niveau supérieur de droits de l'homme.
Il ajoute : "Il importe peu que Deborah ait été E.C.W.A, C.A.C, Redeem, catholique ou même musulmane. Elle avait des droits et une dignité qui ont été abrogés et bafoués de manière criminelle."
L'évêque catholique nigérian affirme que le déni des droits au Nigeria doit être sanctionné et empêché de se reproduire.
Selon Mgr Badejo, le cas de Deborah devrait servir de référence pour rattraper le retard accumulé dans ce domaine au Nigeria et éviter qu'il ne se reproduise. Il ajoute : "Si nous détournons nos yeux de cela, nous perdons tout".
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Dans sa réflexion, Mgr Badejo apprécie le fait que de nombreux enseignants et érudits musulmans "crédibles" commencent à s'exprimer comme jamais auparavant, en critiquant les hypothèses et les affirmations de leurs coreligionnaires qui approuvent le meurtre de Deborah.
L'évêque catholique affirme que le peuple de Dieu a de grandes chances de bénéficier de ce qu'il décrit comme "une guerre d'idéologie qui s'interroge" avec la nouvelle approche adoptée par les érudits musulmans.
Il exhorte les chrétiens à toujours embrasser la paix et à s'engager auprès de la partie des musulmans qui est plus ouverte au dialogue.
"Je pense que nous, en tant que chrétiens, devons réfléchir et soigneusement amadouer et coopter cette section de la communauté musulmane afin de remporter une plus grande victoire pour le Nigeria et l'humanité", déclare Mgr Badejo dans sa réflexion partagée avec ACI Afrique le 16 mai.
Il ajoute : "Les marches de protestation et les réactions violentes ne sont pas toujours les meilleurs moyens d'entreprendre de tels projets. Ils nécessitent des expressions, des communications et des stratégies bien pensées qui induisent la réflexion, convainquent et persuadent le grand public afin que cette tragédie ne se reproduise pas."
L'évêque dit qu'il a parlé avec les pères de Deborah et Leah Sharibu qui restent aux mains des kidnappeurs islamistes, et que les deux pères ont fait preuve d'un grand sens du courage et de la foi.
Il dit, en référence aux pères de Leah et Deborah : "Ce sont les principales victimes et les dramatis personae de certaines des récentes débâcles du Nigeria."
Mgr Badejo dit avoir également contacté son collègue, Mgre Matthew Hassan Kukah du diocèse catholique de Sokoto, la ville natale de l'établissement d'enseignement supérieur nigérian où Deborah a été lapidée.
Il affirme que Mgr Kukah et les parents de Leah et Deborah sont tous des personnes d'une foi très profonde qui ont une vision beaucoup plus large du problème actuel. "Leurs perspectives sont beaucoup plus larges et même plus sages que les opinions et les réactions de la plupart d'entre nous, Nigérians indignés. Je les admire et j'en déduis que ce cas particulier, qui arrive à ce moment critique de notre histoire politique, s'il est bien géré, peut être le point tournant qui permettra au Nigeria de découvrir l'hypocrisie de nos dirigeants et futurs dirigeants."
Mgr Badejo affirme que si elle est bien gérée, l'affaire Deborah "peut nous aider à nous engager dans un discours public authentique et robuste et dans des stratégies de changement authentique pour le Nigeria".