L'Ordinaire de Makurdi trouve regrettable que le gouvernement nigérian continue à ne rien faire face aux attaques persistantes dans la nation ouest-africaine.
Il affirme que le comportement du gouvernement "dit tout : complicité". L'évêque catholique pense ainsi que les autorités pourraient, d'une certaine manière, être de connivence avec les militants pour infliger des souffrances aux habitants sans défense.
Il dénonce le silence de la communauté internationale face aux souffrances de la nation la plus peuplée d'Afrique : "Malheureusement, nous continuons à attirer l'attention du monde extérieur sur le projet des islamistes d'islamiser les territoires chrétiens, sans que notre cri et notre appel à l'aide ne reçoivent la moindre attention. Parfois, il semble que nous ayons été abandonnés à la merci des djihadistes."
L'évêque catholique affirme que le peuple de Dieu au Nigeria s'est retrouvé dans "des meurtres quotidiens, incessants et brutaux de villageois innocents sans défense."
"Aucun être humain à l'esprit droit ne peut regarder ces événements et ne pas être en colère. Parfois, je ne sais pas comment réagir ou ce qu'il faut souhaiter", dit-il.
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Mgr Anagbe rappelle que depuis 2012, l'État de Benue, notamment les AGL de Guma, Makurdi, Gwer-West et Agatu, a dû faire les frais d'"attaques incessantes et soutenues" contre des communautés agricoles par des groupes militants qui, selon lui, se cachent sous la forme de bergers fulanis.
Selon l'évêque catholique, ces attaques ont entraîné le déplacement massif d'énormes populations qui ont ensuite dû chercher un abri temporaire dans des camps de personnes déplacées.
"Chaque année à cette époque, les meurtres et les déplacements de communautés jusqu'alors sûres et viables sur le plan agricole commencent à s'intensifier", dit-il, et il explique que dans l'État de Benue, la période entre fin février, mars et avril correspond à la saison agricole. "Malheureusement, de nombreux villages sont désormais sous occupation et inaccessibles aux travaux agricoles", dit-il.
"Mon peuple est principalement composé d'agriculteurs de subsistance dont le travail agricole suffirait habituellement à nourrir et à trier leurs besoins personnels, mais en remontant à 2014, lorsque les meurtres et les déplacements ont commencé à atteindre un pic, des milliers de personnes n'ont pas pu retourner dans leurs fermes", déclare l'évêque catholique qui est à la tête du diocèse de Makurdi depuis mars 2015.
Il ajoute que les conséquences des attaques contre les agriculteurs de l'État de Benue sont immenses, et comprennent de graves pénuries alimentaires, l'incapacité de payer les besoins fondamentaux de la vie, et de payer les besoins médicaux ou de soins de santé.
Selon Mgr Anagbe, ces attaques ont également privé les victimes de leur dignité, car elles doivent compter sur des dons pour survivre.
"Il y a la perte de la dignité humaine et la prévalence de pratiques néfastes car les milliers de personnes déplacées et réfugiées dans des abris de fortune doivent compter sur des stratégies d'adaptation dangereuses pour survivre", dit-il, et il ajoute : "La situation de pénurie a réduit beaucoup de personnes à une condition indigne de la dignité humaine, comptant souvent sur les rations alimentaires fournies par d'autres personnes dont les conditions économiques ne sont en rien meilleures."