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Un évêque catholique au Sénégal s'inquiète de la recrudescence de la violence et appelle à une éducation morale

Mgr Martin Boucar Tine, évêque du diocèse de Kaolack au Sénégal. Mgr Martin Boucar Tine, évêque du diocèse de Kaolack au Sénégal.

L'évêque catholique du diocèse de Kaolack au Sénégal s'est dit préoccupé par l'augmentation des cas de violence dans la nation ouest-africaine et a souligné la nécessité d'une éducation morale dans les familles.

S'adressant aux journalistes mardi 24 mai pour souligner les activités entreprises à l'occasion du 134e pèlerinage marial annuel à Popenguine, Mgr Martin Boucar Tine a dit regretter le fait qu'"il ne se passe pas un seul jour sans que l'on voie des situations de violence dans les familles à la télévision, dans les journaux et autres médias".

"C'est vraiment triste et inquiétant. C'est comme si nous la laissions faire et que la violence gagnait du terrain dans la société ainsi que dans le cœur des gens", a déclaré Mgr Tine, avant d'ajouter : "Nous sommes devenus violents à cause d'un oui ou d'un non. C'est inimaginable."

Le membre de la Congrégation du Saint-Sacrement (SSS) a posé la question suivante : "Comment en est-on arrivé là au Sénégal ?"

Le 23 mai, trois hommes ont été arrêtés à Dakar, la capitale du Sénégal, pour avoir prétendument participé à une attaque de foule contre un jeune étranger accusé d'être homosexuel, rapporte VOA News.

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"Des vidéos postées sur Youtube et TikTok montrent une foule d'hommes en colère entourant un jeune homme en plein jour, pieds nus et ne portant qu'un pantalon, et le giflant dans le dos et à la tête avec des insultes homophobes", selon VOA News.

Ces dernières semaines, des centaines de personnes ont fui la dernière flambée de l'un des plus anciens conflits continus d'Afrique, selon le Guardian.

Lors de la conférence de presse du 24 mai, Mgr Tine a déclaré : "Cette recrudescence de la violence dans notre pays est le résultat d'une situation qui couvait déjà dans notre société."

"On parle du Sénégal comme d'un havre de paix, mais au fond, notre société couve une violence inouïe. Même si aux yeux du monde, il n'y a pas de guerre, des familles sont détruites par la violence", a déclaré l'évêque sénégalais de 55 ans.

Et de poursuivre : "Que pouvons-nous dire alors de la relation entre un individu et un autre ? Il y a certainement quelque chose à faire et nous devons tous en être conscients."

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L'évêque catholique a regretté le fait que les Sénégalais "vivent pratiquement dans la loi du talion : œil pour œil, dent pour dent."

"Nous sommes devenus impatients, intransigeants avec les autres. Cela fait vraiment mal de voir cela dans notre Sénégal d'aujourd'hui. Nous créons beaucoup de souffrances qui ne sont pas souvent prises en compte dans le processus de guérison. Nous allons de souffrance en souffrance et la société finit par être victime de la violence et la reproduit", a déclaré l'Ordinaire local du diocèse de Kaolack aux journalistes lors de la conférence de presse du 24 mai.

Mgr Tine a appelé à une prise de conscience du défi de la violence qui, selon lui, est interne avant d'être externe. Il a déclaré : "Nous devons être conscients que la violence est initialement enracinée dans le cœur de chacun d'entre nous. C'est dans notre cœur que nous projetons et entretenons de mauvaises idées sur les autres."

Le cœur individuel, a-t-il ajouté, "est l'endroit où nous devons travailler avant tout."

"Nous ne sommes pas appelés à vivre dans cette violence, dans cette méchanceté les uns envers les autres, mais plutôt à une fraternité, à reconnaître en l'autre un frère ou une sœur, à pouvoir dépasser l'erreur qu'il a pu commettre à mon égard et à accorder son pardon", a déclaré Mgr Tine.

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L'évêque catholique sénégalais qui est à la tête du diocèse de Kaolack depuis son ordination épiscopale en novembre 2018 a appelé ses compatriotes à "contribuer à l'éradication de la violence dans notre société."

"Cela passe d'abord par une prise de conscience du fait que la violence est enracinée dans le cœur de chacun de nous et la culture de la fraternité", a-t-il réitéré.

Mgr Tine a également appelé les dirigeants à revoir l'éducation morale dans les familles, encourageant les parents à "ne pas laisser les jeunes grandir avec une certaine façon de communiquer qui ne tient pas compte du respect dû aux parents, aux aînés, aux frères et sœurs et aux autres."

"Au bout du compte, on entend des paroles blessantes devant des parents qui laissent faire. Par conséquent, les gens grandissent dans une atmosphère de violence, qui se déchaîne à la moindre occasion, que ce soit dans notre propre famille ou dans celle des autres, et souvent pour rien", a déclaré Mgr Tine.

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