Être nommé cardinal me donne l'occasion de "faire de mon mieux pour le salut des âmes" : Un évêque nigérian

Cet évêque nigérian de 58 ans a été ordonné prêtre du diocèse d'Awka en août 1993. Il a été nommé Ordinaire du lieu d'Ahiara en décembre 2012. Cependant, une partie du clergé et des laïcs du diocèse d'Ahiara ont rejeté sa nomination épiscopale.

Le rejet du clergé était fondé sur l'affirmation que l'évêque élu ne vient pas du groupe ethnique dominant du diocèse d'Ahiara, les Mbaise, et que les prêtres du diocèse se sentent sous-représentés dans la hiérarchie de l'Église catholique au Nigeria.

Le candidat épiscopal a été empêché de poser le pied sur le territoire couvert par le diocèse d'Ahiara.

Ce rejet a persisté même après la consécration de l'évêque, qui a eu lieu au séminaire Seat of Wisdom, à Ulakwo, dans l'archidiocèse d'Owerri au Nigeria.

En juillet 2017, le pape François a demandé à tous les membres du clergé du diocèse d'Ahiara de lui promettre leur fidélité par écrit et d'exprimer leur acceptation de la nomination de Mgr Okpaleke comme berger.

Selon une dépêche de l'Agence Fides, le Saint-Père "a reçu 200 lettres de prêtres individuels du diocèse d'Ahiara, dans lesquelles ils lui manifestent obéissance et fidélité. Certains prêtres ont toutefois souligné leur difficulté psychologique à collaborer avec l'évêque (Okpaleke) après des années de conflit."

Le Pape n'a pas pris la voie des sanctions canoniques mais, par l'intermédiaire de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples, il a demandé au clergé du diocèse d'Ahiara "de réfléchir aux graves dommages infligés à l'Église du Christ et a exprimé l'espoir qu'à l'avenir il ne répète plus jamais des actions aussi déraisonnables à l'encontre d'un évêque légitimement nommé par le Souverain Pontife", rapporte l'agence Fides.

N'ayant pas réussi à exercer son ministère épiscopal dans le diocèse d'Ahiara, Mgr Okpaleke a fait connaître au Pape François sa décision de démissionner par écrit.

Dans sa lettre de démission, l'évêque nigérian a fait référence à l'opposition incessante à sa nomination en disant : " La situation dans le diocèse d'Ahiara, à ma connaissance, ne s'est pas améliorée. Plus important encore, cela a menacé ma vie spirituelle".

L'évêque Okpaleke s'est dit convaincu que rester l'Ordinaire du lieu d'Ahiara "n'est plus bénéfique pour l'Église".

L'évêque nigérian a déclaré : "Exercer le ministère dans un diocèse où les prêtres qui sont censés être mes collaborateurs immédiats et les plus proches, mes frères, mes amis et mes fils sont en guerre les uns contre les autres, contre les laïcs et contre moi, leur principal berger, serait désastreux et constituerait une menace pour le salut des âmes - y compris de ma propre âme."

Il a déclaré que sa décision de démissionner était "la seule option pour faciliter la réévangélisation des fidèles du diocèse, en particulier des prêtres."

Le 19 février 2018, le Saint-Père a accepté la démission de Mgr Okpaleke et l'a "déchargé de la charge pastorale du diocèse d'Ahiara."

Un an plus tard, le pape a annoncé la création du diocèse d'Ekwulobia, dans le sud-est du Nigeria, et a nommé Mgr Okpaleke le pionnier des Ordinaires du lieu.

Le cardinal désigné nigérian a été installé évêque du diocèse d'Ekwulobia, qui a été séparé de son diocèse natal d'Awka, le 29 avril 2020.

Dans l'enregistrement vidéo diffusé le 8 juin, Mgr Okpaleke déclare que ce qui s'est passé avec sa nomination en tant qu'évêque d'Ahiara "m'a révélé la bonté de Dieu, la gentillesse de Dieu, les faveurs que Dieu m'a accordées dès ma naissance."

La nomination de décembre 2012, dit-il, "m'a également révélé la bonté dans le cœur de nombreuses personnes, de nombreuses personnes d'Ahiara et de partout, qui étaient avec moi, qui m'ont soutenu dans les prières, dans les mots d'encouragement, qui m'ont soutenu tout au long."

Dans l'enregistrement vidéo, le cardinal désigné nigérian déclare que son rejet a été "une période de longue retraite pour moi, une période de prière, de réflexion, et une période pour me rapprocher de plus en plus de mon Dieu, une période pour prier pour la vertu spéciale de la tolérance, dont nous avons tant besoin aujourd'hui."

"L'expérience de ma nomination n'a cessé de me dire que Dieu est vivant, et que nous devons encore parcourir un long chemin vers notre conversion, notre proximité avec Dieu, qui est censée se manifester dans nos relations les uns avec les autres", déclare Mgr Okpaleke.